Je monte rapidement les escaliers, la respiration presque étouffante, à deux doigts de me casser la figure. Je me rattrape de justesse sur le Docteur Kovalski, qui me fixe avec un regard étrange et je lui adresse un sourire stupide. Il me déteste désormais, je suis convaincue ! Quelle empotée sérieusement. Je me décroche de toi et passe mes mains maladroitement sur ma blouse que j’ai oublié d’enlever.

《 J’suis en retard ! Pardone ! A demain ! 》

Quoi qu'il en soit, il me trouve probablement déjà bizarre... Et voilà que je reprends ma course contre-la-montre, Livia va me tuer, pourtant, c'est pas complique d’être à l’heure ! En ce moment, je suis constamment en retard et je déteste ça, je suis fine stressée. Je n’ose même pas regarder les aiguilles de ma montre, je me précipite aussi rapidement que possible jusqu'au restaurant où nous avions convenu de profiter des réductions et d'une soirée rien que toutes les deux.

Complètement essoufflée, j’ai dû laisser mon cœur et mes poumons sur place. j'ai finalement atteint le bâtiment. À travers les vitres, je peux observer qu'il y a déjà du monde. Je soupire et réalise que je n'ai pas encore enlevé cette blouse blanche. Je m'en débarrasse et le maintien pliée sur mon bras.
Une fois à l’intérieur, je rentre dans quelqu’un qui semble zieuter la carte des menus. Décidément.

《 Désolée. 》
《 Liv’ ! Désolé, je suis bourré. 》

Et complètement à la bourre !
Je me dirige vers mon amie qui est assise avec son milk-shake à la main et je remarque qu'elle échange des regards avec le blond que j'ai heurté récemment.
D’ailleurs, vu son visage, il n'a pas l’air très content, je lui fais les gros yeux.

《 Le regarde pas comme ça ! 》 Je viens chuchoter à son oreille.
《 Sois plus discrète ! Tu le connais ? 》
Je vais pour commander un milk-shake à la fraise, je soupire lentement pour essayer de calmer l’effort dans lequel je me suis mise pour venir te rejoindre.

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1er avril 2024

▬ Fous lui la paix... que je lui dis, en lui tenant fermement le menton avant de lui piquer un bécot. Et puis, je le relâche et enfile mon manteau.

Depuis que Nino nous a invité au Missy's, pour qu'on fasse un repas à quatre, avec sa Bella, Gabriel s'est mis en tête que ça sentait l'annonce fumeuse de la part de son petit frère... Du coup, c'est tout naturellement qu'il a lâché son intention de cuisiner Elisabeth toute la soirée. Comme si je sais pas, il devait vérifier ses bonnes intentions alors que ça fait plus d'un an que Nino et elle sortent ensemble. J'ai bien essayé de le raisonner, mais y'a pas plus têtu qu'un Mannoia je crois... A part évidemment ce Mannoia là.

Mes doigts effleurent distraitement les siens, dans la cage d'escaliers, alors qu'on descend les marches. Mon autre main, elle, vient se poser sur mon ventre légèrement enflé : non seulement, j'ai l'impression d'avoir continuellement envie de pisser, depuis que non pas un mais deux minis Collins-Mannoia se sont installés... Mais en plus maintenant, j'suis essoufflée dès que je fais le moindre effort. Un sourire espiègle s'étire au coin de mes lèvres alors que je souffle pour le taquiner :

▬ La vache... Alors c'est ça que tu vis à chaque escaliers...?

Je ricane doucement : il est où le temps où je cavalais dans les escaliers pendant que Monsieur se tapait tous les étages en ascenseur ?

Quand on arrive au Diner, Nino nous attend devant et après les salutations d'usage, on rentre à l'intérieur. Putain, ça sent la clope dehors, c'est dur de passer cette envie de s'en griller une, vraiment, mais je tiens bon...
A l'intérieur, je sens déjà une odeur grasse de frites, de burger ou je sais pas, peu importe, qui me donne autant envie de bouffer qu'elle ne me soulève le cœur.
On s'installe dans la banquette, Gabriel s'impose à une place stratégique alors que je lève les yeux au ciel avant de lui glisser un regard appuyé.

Un serveur nous apporte la carte des apéritifs et Nino nous invite à prendre ce qu'on veut : oh putain, Gabriel avait raison finalement. J'observe Nino du coin de l'œil, et je vois bien à sa façon de se tenir et de couler des regards à Elisabeth qu'il envisage de faire une annonce. On me file la carte des apéros et je fais une tronche pincée : les sans alcool, ou comment tuer le fun... Le serveur attend et je tords un sourire :

▬ Eh bah va pour un virgin-machin-chose là...

Je m'affale un peu dans la banquette et glisse un sourire à Elisabeth. J'l'aime bien, moi, elle va bien avec Nino je trouve, et faut vraiment être aveugle pour pas voir qu'il est accro à elle.

▬ Alors.... comment ça va, vous deux... ? je demande, innocemment, en essayant de jouer les détectives et deviner ce qui pourrait bien nous être annoncé... Je glisse un coup d'œil aux doigts de la miss : hummm... pas de bague, encore... Alors quoi donc ?

– Baby baby, hit me one more time
Des promos sur la bouffe. Avec Selena, on a direct sauté sur l’occasion ! On adore ce Diner, surtout leur burgers et leurs Milkshakes, même si le coin est un peu craignos, j’avoue. Je regarde ma montre. La miss est encore en retard. Elle doit sûrement rêvasser en pensant à Kovalski. Notre chef de service en fait rêver plus d’une, même cette pétasse de Margot. En même temps celle-là, elle fantasme sur tout ce qui porte une queue et des balloches. Je me demande si Kovalski est marié ? C’est un homme peu loquace, très discret sur sa vie personnelle. C’est justement pour cette raison qu’il intrigue la plupart des nanas du service.

Chouette ! le serveur vêtu d’un uniforme qui date de Matusalem vient m’apporter mon Milkshake. Aussitôt posé sur la table, je m’en délecte avec lenteur et délice. Je regarde à nouveau ma montre. Je vais la défoncer cette blondasse. Je fais doucement tourner ma paille dans mon verre en jetant quelques œillades sur le décor que le personnel a prévu pour l’occasion. C’est assez rustique mais trop vieillot à mon goût. Je ne suis pas fan des années 70.

Tiens, il y a un type chelou au comptoir qui observe étrangement la salle en buvant son café. Puis, la petite clochette de la porte retentit. J’en retourne à ma paille quand mes iris bleutés remarque ce mec avec un cul de rêve entrer. Attends…il me dit quelque chose. Je plisse les yeux puis penche le visage sur le côté sans cesser d’avaler ma douceur à la fraise. Mon regard curieux passe au crible chaque petit détail alléchant de sa silhouette. brrr brrrr brrrr fait la mixture au fond de mon verre quand j’en aspire les toutes dernières gouttes, attirant ainsi ses beaux yeux. Un joli minois certes, mais qui en dépeint une étrange tristesse, ou serait-ce de la colère ? Il n’a pas l’air dans son assiette. Non mais vraiment, je suis sûre de l’avoir déjà vu et quelle frustration de ne pas me rappeler où…

Désolée. Liv’ ! Désolé, je suis bourré. Elle est sérieuse ?

Hum quoi ? Déjà ? en venant instinctivement tourner la tête pour saluer cette tête de linotte, sans vraiment m’inquiéter de son taux d’alcoolémie, puisqu’elle a l’air complètement sobre et simplement pas dégourdie avec la langue du pays. C’est pour ça que je l’aime. Lorsqu’elle s’installe face à moi, ses deux yeux océanique s’offusque lorsqu’elle comprends que je suis littéralement en train de mater le seul beau mec du resto : Le regarde pas comme ça ! Sois plus discrète ! Tu le connais ?  

Je hausse les épaules : Quoi ? Je n’ai pas le droit d’apprécier les bonnes choses ? Je réfléchis un instant. Je sais pas. Il me dit quelque chose. Je suis sûre de l’avoir croisé quelque part, mais je ne me souviens plus où. Je tourne le regard vers mon amie toute essoufflée.

Laisse-moi deviner, tu t’es encore laissée distraire par un certain chirurgien? Je fais signe au serveur pour lui demander un Milkshake pour Selena ainsi qu’un coca pour ma part.

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April fool’s meal

Nino & Co

1er Avril 2024

Elle ouvre les rideaux de la chambre en grand, dévoilant une vue plutôt agréable sur quelques sommets de palmiers. Les mains dans les poches, je m’approche de la brune pour observer la vue en contrebas de la fenêtre. Elle s’écarte d’un pas, pour me laisser la place et reprend son calepin pour rayer quelque chose :

— Alors ? …Je pense que l’on n’est pas loin de votre cahier des charges. Deux chambres, une cuisine et non pas, je cite « une piccola kitchenette di mierda »… Pas de jardin, mais on n’est pas loin de la plage pour de belles balades pour votre animal de compagnie… Qu’en dites-vous, M. Mannoia ?

Je dois afficher un sourire débile, parce qu’elle ne peut pas s’empêcher d’avoir ce petit sourire satisfait de celle qui a vu juste. Honnêtement, je suis en train de me projeter dans cet appart’ et les films que je me fais sont tous peuplés de Bella et Lilo… Je passe une main dans mes cheveux en acquiesçant, un sourire aux lèvres.

— J’ai négocié avec le propriétaire : l’appartement est disponible tout de suite. Je sais qu’il y a des choses à redire, mais avec le budget qu’on s’est fixé…

Je l’arrête en retirant mes mains de mes poches :

— Non non, c’est parfait. Vraiment.

Je souris, heureux d’imaginer que pour la première fois de ma vie, je serai dans mon propre chez moi… Et pas un parasite qui voyage d’appart en appart… Je n’ai pas encore parlé de ça ni à Gabriel ni à Bella. Je voulais faire la surprise, marquer le coup autour d’un repas quoi… Lilo aura enfin sa chambre quand elle viendra…

— Très bien ! On va remplir les papiers et… Voici les deux clés.

Avec une certaine émotion, mon pouce effleure le métal entre mes mains. Je saurais pas expliquer l’effet que ça me fait. J’ai l’impression de devenir un adulte, un vrai, d’un coup…


On y est. J’me sens excité, le sourire ne quitte pas mes lèvres, mais j’me sens nerveux, malgré tout. Je sais pas, j’ai peur que Bella le prenne mal finalement, ou qu’elle refuse simplement… C’était peut-être risqué, finalement… Je les invite à prendre l’apéro qu’ils veulent, ma main venant chercher délicatement refuge sur le genou de ma Bella dont je capte brièvement le regard. Les doigts de mon autre main galope nerveusement sur la table alors que je glisse un regard à mon frère et Dylan. Je suis vraiment heureux pour eux, pour lui, pour cette famille qu’il rêvait de fonder mais dont il avait abandonné tout espoir. Et, je sais pas, j’me sens fier de pouvoir annoncer à mon frère que moi aussi, j’avance enfin dans la vie. C’est peut-être tôt encore, pour elle, mais moi je sais déjà que je veux vivre avec Elisabeth. Je le sais depuis un moment déjà.

Je glisse un sourire doux à ma Bella en tâchant de me décontracter dans ma banquette alors que Dylan commande un truc sans alcool (et sans grande conviction). Elle nous demande alors comment ça va, nous deux. Son regard appuyé commence à chercher et je ricane légèrement, amusé.

— Va bene, hein ? je demande, en me tournant vers celle avec qui je projette de m’installer de façon plus officielle…  

 

《 Oui, je suis bourré, c’est pas étonné vu l’heure…  》

Pourquoi tu me regardes de cette façon ? J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Je penche un peu la tête sur la côté, bien évidemment que je suis en retard… Tu n'as pas vu l’heure ? Je prends mon téléphone et le déverrouille pour observer l’heure, je pousse un léger soupire, c’est moi qui ai mal compris l’heure peut-être ? J’en ai marre de ces chiffres, ils se ressemblent tous ! C’est tellement facile de les confondre, depuis le temps, tu devrais savoir que je suis toujours peiné pour comprendre ces unités. Je me pince la lèvre inférieure.

《 J’ai essayé de pas être bourré, mais tu sais ce que s’être...d’être à l’hôpital. 》 Oui, bon, tu m’as compris ! Pas facile d’être à l’heure quand ton patient finit par faire un joli quarante de fièvre.
Je vais pour enlever ma veste et pose la blouse sur mes cuisses et pose mon regard sur toi.

《 Ça fait longuetemps que tu es là ? 》

J’observe le blond qui se tient face à nous, je remarque son étoile dorée accrochée à son pantalon, je crois que c’est un flic. Il me fait un peu pensé aux Cow-Boy, nous en Russie, il n’y a pas ce genre de policier qui traîne dans les rues. Ça m’a surprise la première fois, mais on finit par s’habituer. Il va sûrement remarquer tôt ou tard qu’on le fixe toutes les deux de cette manière.

《 Si, tu as le droit. Je savais pas que tu aimais les policiers. 》
Je te donne un sourire amusé, alors que son regard glacial se pose sur nous, je sursaute et dévie le regard. Je n'ai pas envie qu’il nous trouve suspectes ou qu’il nous emmène au poste, il n'a pas l’air de bonne humeur.

《 Ça va te revenier. 》 Oui, je suis sûr que ça va te revenir, on dit qu’on a ce genre d’impression de déjà-vu quand on a déjà croisé une personne dans le passé ou dans une autre vie, bon ça je n'y crois pas trop, mais c’est une grande ville, tu l’as forcément croiser quelque part.

Je saisis mon milk-shake une fois que le serveur nous le dépose, à mon tour, je viens attraper la paille et sirote ce mélange de fruit que j’apprécie. Mes joues rougies face à ta question, si seulement tu savais… Il va finir par croire qu’il me plaît à force de lui rentrer dedans à chaque fois. Je viens jouer avec la paille à l’intérieur du verre et reprends.

《 Je… Je suis tombé sur lui, physiquement, tombé… dans les escaliers… Et je me suis … rattrapé sur lui. 》 Je sais que je n'ai pas fini de l’entendre. Mais le pire, c'est que je n'ai même pas fait exprès !
《 Il est vraiment bien… musclé… très même… Je crois qu’il me déteste Livia. 》 Je fais une moue un peu triste, mais j’avoue qu’avec mes mains sur son torse, j’ai bien senti ses muscles, tu ne t'es pas trompé quand tu disais qu’il était bien foutu.

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April fool’s meal

Elisabeth & les autres

1er Avril 2024

Je referme la porte de la clinique derrière moi, m’affalant lourdement contre cette dernière en soupirant : Enfin...j’ai cru qu’ils ne partiraient jamais...

Encore ces tarés de Jenkins avec leur sac à puces? Je me retourne pour faire face à Tibo, sans pour autant me décoller de la porte et retrouver son habituel sourire moqueur quand je reçois cette famille. Je fourre les mains dans les poches de ma blouse : À ton avis? que je soupire complètement blasée.

Je ne sais pas comment tu fais...

Moi non plus...

À ta place, il y aurait longtemps que je les aurais envoyés chier.

Je pince les lèvres : Toi aussi...t’as la patience d’une Diva.

Il penche le visage sur le côté : Je sais pas comment je dois prendre ça...

Un sourire amusé s’esquisse sur mes lèvres. Je m’apprête à lui répliquer mais quand mon regard s’abaisse sur ma montre, je sursaute d’un bond : Oh putain ! Je suis en retard!!! Il fronce les sourcils et me regarde détaler comme un lapin vers mon bureau. Rapidement, je me débarrasse de ma blouse pour l’accrocher sur ma chaise de bureau, récupère mon sac sur l’épaule et me précipite dehors en braillant : à demain!

Je trace à toute vitesse dans le quartier, courant comme une dératée jusqu’à l’arrêt de bus pour récupérer celui qui mène à Overtown. D’ailleurs, je manque de m’étaler en montant dans le véhicule et me rattrape de justesse contre la barre. Essoufflée, je m’y accroche et me laisse un peu de répit le temps que le vehicule se rende à destination. Une vieille dame me dévisage puis lève les yeux au ciel en soupirant. Je la fixe en me disant que je lui prendrais bien sa canne pour lui envoyer dans sa tronche. J'imagine déjà son dentier voltiger à l'autre bout du bus.

Quinze minutes plus tard, j’arrive enfin à Overtown. Je descends à l’arrêt le plus proche du Diner et m’y hâte sans plus attendre tandis que l’obscurité commence à s’abattre sur la ville.

Une fois à l’intérieur, ils sont tous là à m’attendre. Une petite boule à la gorge, je m’approche de la table avec réticence. Je n'aime pas être en retard. Je vois déjà le regard desapprobateur de Gabriel et je m'attends au commentaire qui va avec : Hey... je m’abaisse légèrement pour embrasser Nino puis m’adresse ensuite au couple: Je suis désolée, le bus à mis du temps... mentis-je honteusement. Vous attendez depuis longtemps?

Je viens m’asseoir entre Nino et la fenêtre, face à Gabriel et lui adresse un sourire un peu embarrassé.

Va bene, hein ? je tourne mon visage vers mon petit ami qui semble un peu plus nerveux que d’habitude. J’acquiesce d’un signe de tête en lui offrant un sourire : Sisi, et toi ça va? en venant couvrir sa main, posée sur mon genou, de la mienne. Je me tourne vers Dylan et Gabriel : Ca va vous deux ? Ça pousse alors? en désignant le ventre légèrement rond de ma belle sœur.