April Fool’s Night

Svetlana

Miami, 1er avril 2024

La chaleur sauvage et étouffante me claque en plein visage dès que nous pénétrons dans cette antre de perdition. La musique résonne depuis l’entrée laissant présager une soirée festive. Pourtant, les mini-jupes et décolletés revêtis par ces dames, sans compter les tenues érotiques arborées par ces messieurs transpirent allègrement ce désir de sexe qui plane dans l’air. C’est une étuve. Je me déleste de mon gilet que je fais glisser sur mon avant-bras, réajuste ma robe de soie carmin puis fais glisser mes doigts fins dans mes cheveux pour les arranger.

L’idée de pactiser avec ces rats du Trèfle m’hérisse les poils de la peau, mais je dois avouer que leur offre fut pour le moins alléchante. Cette vermine de Darcy aura ce qu’il mérite et je m’en frotterais les mains avec délice. Mais pour l’heure, je dois retrouver un certain Ronan pour discuter des détails. Je ne sais pas trop à quoi ressemble sa gueule, mais j’imagine un gros rouquin aux yeux bleus et au teint laiteux avec d’affreuse tâches de rousseur sur le museau. Le must du must !

Je me retourne un instant pour vérifier si Ivan, aussi aimable qu’une porte de prison, me suit de près. Nous nous engouffrons un peu plus profondément dans l’obscurité de la discothèque, tamisée ça et là, de plusieurs nuances de rose et de bleu. Mc Avoy a suggéré une petite table ronde au fond de la salle, à l’abri des oreilles et regards indiscrets. Alors que je m’y rends, je me fais bousculer et manque de m’étaler au sol. Je fais volte face tombant nez à nez sur une connasse en train de se trémousser contre mon homme de main. J’arque un sourcil, désappointée: Elle veut mourir cette pétasse ?

Je m’avance pour prendre la main d’Ivan et l’entraîne avec moi en direction du point de rendez-vous. Une fois arrivés, sans un regard, je le lâche d’un geste abrupt, puis je me retourne pour lui faire face et le fixe, les sourcils froncés, avec l’envie de lui envoyer ma main dans sa gueule : en russe: T’étais obligé de la laisser faire ?!! Dois-je te rappeler pourquoi nous sommes là?!!

Rapidement, nous sommes interrompus par un individu qui se plante en face de nous. Je tourne la tête et le dévisage un instant avec froideur, avant de comprendre qu’il s’agit de notre petit ami du Trèfle. Je penche le visage sur le côté et l’observe de la tête aux pieds. Les yeux légèrement plissés, un petit sourire au bord des lèvres : Tu es Ronan? que je demande avec mon accent roulant malgré moi le « r » de son prénom. Et bien...pas mal finalement pour un Irlandais !

 Isaac

APRIL FOOL'S NIGHT - 1er Avril 2024

Isaac arrive enfin au Babylon et gare sa camionnette vers l’entrée Sud de la discothèque, prévue pour les livraisons. Il fourre le reste de son sandwich jambon beurre dans sa bouche et se frotte le sweat pour enlever les miettes. Lenny lui a toujours rabâché l’importance d’arriver à l’heure. Isaac l’a toujours trouvé ennuyeux avec ses sermons, mais il a conscience que c’est dans son propre intérêt. Il le laisse jouer les moralisateurs, car malgré tout, Lenny a toujours été d’un grand soutient et une oreille attentive.

Isaac sort de son véhicule pour aller toquer à la porte. Un homme grand, froid et mal-aimable lui ouvre. Sans doute le vigile, pense-t-il. Et lorsque le colosse le questionne sur sa présence ici, Isaac explique qu’il vient livrer les mets et boissons pour la soirée. Le vigile acquiesce et invite le jeune Reichner à entrer. Ce dernier part ouvrir sa camionnette et commence à décharger quand une jeune employée l’interpelle : Bonjour ! Attendez, je vais aller vous chercher un chariot, vous n’allez pas faire les aller retour les bras chargés.

Isaac, surpris par sa gentillesse hausse les épaules et finit par accepter sa proposition. Comme lui aurait dit Joe, laisse les autres faire le sale boulot. Mais Isaac n’est pas le genre à faire les choses à moitié. Il met un point d’honneur à faire son travail avec droiture. S’il doit effectuer une livraison, il le fait jusqu’au bout. Il n’y a pas de demi-mesure.

La jeune femme revient avec un gros chariot monté sur des roulettes qu’elle amène soigneusement près de la camionnette. Isaac lui adresse un sourire timide sans trop oser croiser son joli regard noisette. Il dépose une partie des produits sur le chariot mais ce dernier n’est visiblement pas assez grand pour vider le contenu du véhicule. Il faudra donc encore quelques aller et venues pour que la marchandises soit au complet.

La jeune femme l’invite à entrer. Isaac, acquiesce le regard fuyant, et consent à la suivre en poussant le chariot. Une fois dans cette antre de luxure dont la musique résonne désagréablement dans les oreilles de notre jeune livreur, ce dernier découvre un long couloir qui mène vers quelques pièces dont les portes semblent closes, puis la cuisine qu’il traverse pour atteindre ce qui s’apparente à la réserve.

Voilà, c’est ici. Je vais devoir vous abandonner, je suis sollicitée par mon supérieur. Vous allez vous en sortir ?

Isaac acquiesce sans broncher et assure à la jeune femme qu’elle n’a pas à s’inquiéter. Une fois cette dernière partie, il commence à décharger le chariot pour déposer la marchandise dans la réserve.

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April Fool’s Night

Svetlana

Miami, 1er avril 2024

Lorsqu’il s’agit de son travail, Ivan ne me déçoit jamais. Ronan n’a guère le temps de me tendre la main pour échanger une poignée que mon homme de main s’interpose entre nous. Je fixe l’As de Trèfle avec une certaine satisfaction. Ivan me donne l’impression d’être intouchable : en russe : ça va. pour lui assurer qu’il peut relâcher la pression.

Et comme si on avait soudain lu dans mes pensées, une espèce de gros porc saisit la main d’Ivan pour l’entraîner contre lui pour une danse très subjective. Je ne suis pas sûre de ce que j’ai entendu, mais, on dirait bien qu’il a une touche. J’oubliais que les américains ont des mœurs pour le moins libertines. J’observe la scène de mes yeux ronds et estomaqués. Je cligne des paupières à plusieurs reprises afin d’être sûre de ce à quoi je viens d’assister. J’ai l’impression d’avoir atterri dans la quatrième dimension, surtout quand un gros pervers viens cramponner le cul de Ronan. Comme dirait Andreï : Doux Jésus.. J’en connais deux qui vont vraiment passer un sale quart d’heure.

Je soupire, exaspérée par ce niveau de dépravation quand une serveuse s’amène pour me tendre un cocktail : On m’a demandé de vous apporter ce verre. Mon regard céruléen et intrigué fixe le verre en fronçant les sourcils.

Qui?

Il n’a pas précisé. Mais, il a ajouté qu’il était un de vos plus fervents admirateurs.

Le regard de nouveau rivé sur le cocktail, je me retiens, hésitante, mais consens finalement à l’accepter en adressant à la demoiselle un bref sourire. La fraîcheur du récipient entre les doigt réconforte ma peau suffocante sous la chaleur animal qui règne dans cet endroit.

Je tourne le visage vers mes accompagnants, visiblement toujours occupés avec leur admirateur. Il y en a au moins qui s’amusent... je marmonne puis souffle et hausse les yeux en portant machinalement le verre à mes lèvres. J’en bois quelques gorgées, y trouvant un goût particulièrement exquis. J’humecte ensuite mes lèvres pour y retrouver la saveur alcoolisée. Dommage que Joana ne soit pas là, j’aurais au moins eu le loisir de danser comme au bon vieux temps !

Après plusieurs gorgées supplémentaires pendant qu’Ivan et Ronan batifolent avec leur soupirant, je ressens le besoin d’aller aux toilettes. Je dépose le verre presque vide sur le comptoir jetant un œil par-dessus mon épaule avant de me rendre aux W.C. La chaleur commence de plus en plus à me peser, j’agite ma main pour m’offrir un peu d’air. C’est drôle, outre cette chaleur, je me sens étonnamment détendue, comme si tout était plus léger.  

Quand j’arrive enfin dans les toilettes, j’ai l’impression d’entendre un brouhaha. J’ai à peine le temps d’atteindre le lavabo, qu’une porte de cabine s’ouvre violemment avec un type qui dégueule salement par terre juste devant moi. Je me stoppe net devant lui. Je reste immobile, crispée, les yeux ronds, une grimace figée sur mes lèvres horrifiée. Et comme si ça ne suffisait pas, une grosse marre marron s’étale et se mélange au vomi qui jonche le sol. En y regardant de plus près, je devine une bonne grosse chiasse, qui par-dessus le marché a giclé sur mes belles chaussures : en russe Dégueulasse....

Mes iris bleutés coulent sur ce mec et le fixent un moment, avec l’impression que ma tête tourne légèrement. Je me pince les lèvres et me surprends à y retenir un sourire. Il n’y a pourtant pas de raison. D’ailleurs, maintenant que j’y pense, je devrais être en colère que cet idiot ait souillé le velours de mes chaussures. Mais au lieu de ça, j’ai juste envie de me foutre de sa gueule. Une sensation étrange me parcourt, je ne saurait pas expliquer. Au lieu d’être envahie de colère, je me sens tout à coup très très détendue et esquisse un large sourire en le dévisageant : Dure soirée? mon regard bifurque sur la merde qui tapisse le sol. Mon vieux, j’aimerais pas être à la place de ton trou de bal. Çà doit piquer ! que je lui dis avec mon accent slave.

Une odeur nauséabonde vient me chatouiller les narines. Je viens aussitôt me pince le nez en riant doucement : Tu y es pas allé de main morte... je grimace dans pour autant me départir de mon sourire. La vache, t’as bouffé un mort ou quoi? je ne sais pas pourquoi je me permets cette familiarité mais...mais...il n'y a pas de mais en fait. Je me sens...bien, détendue, relax. J'ai envie de m'amuser un peu. Et si j'allais retrouver Ivan ? Ah mais non ! il est occupé avec son Porc Aigre Doux. J'affiche une petite mine boudeuse à cette pensée, mais très vite, je lâche un petit rire enfantin. Mon regard océanique se pose sur Vomito devant moi. Je penche le visage sur le côté et le fixe un sourire euphorique aux lèvres: Faut que je fasse pipi.

Je m'engouffre dans la cabine d'à côté pour soulager ma vessie, un sourire jusqu'aux oreilles à la sensation de liberté que cela me procure. En tournant le visage, je remarque qu'il manque du papier: Oh oh...oups ! tu peux m'envoyer du papier s'il te plait ?

 Isaac

APRIL FOOL'S NIGHT - 1er Avril 2024

Après trois ou quatre aller-retours à sa camionnette, Isaac a enfin déchargé l’intégralité de son véhicule et se réjouit de pouvoir enfin quitter cet endroit qui ne le met mal à l’aise. Isaac comme Lenny, est plutôt quelqu’un de discret, le genre de garçon qui préfère rester dans l’ombre. Il déteste être sous le feu des projecteurs, ça le met terriblement mal à l’aise. Joe s’est toujours moqué de son côté timide et lui rabâche sans cesse de se ôter ce balai du cul, pour reprendre ses mots. Isaac a conscience qu’il n’est pas comme les autres, et bien que la franchise de son ami soit terriblement cru, il sait au fond de lui qu’il n’a pas tout à fait tort. Il sait que sa timidité est à l’origine de sa solitude. Mais Isaac est comme ça, c’est quelqu’un de très solitaire. Non pas qu’il soit associable, il a du mal à aller vers les autres. Lenny l’encourage a agrandir son cercle social. Le garçon essaie de faire des efforts, mais vraiment, le Babylon n’est pas vraiment l’endroit espéré pour le décoincer un peu.

Il pose enfin le dernier paquet sur l’étagère quand la porte semble se refermer derrière lui et le fait légèrement sursauter. Étrange car il est persuadé de l’avoir bloquée avec un carton. Il se retourne et se dirige vers la seule issue. Songeur, il observe la grosse porte blindée avec une expression grave sur son visage juvénile, car il vient seulement de réaliser qu’elle ne possède aucune poignée ? Se pourrait-il qu’il soit coincée dans cet endroit sombre ? Il plaque son épaule contre cette dernier et pousse de toutes ses forces dans l’espoir qu’elle veuille bien s’ouvrir mais elle ne bouge pas d’un iota. Il l’examine, sous tous les recoins, aidé par le flash de son téléphone à la recherche d’un détail qui lui aurait échappé. Malheureusement, il ne trouve rien qui lui soit bien utile. Il souffle et se décide alors à tambouriner contre la porte : Hey oh! il tape de nouveau. Hey oh ! Il y a quelqu’un ? Il attend. Je suis enfermé ici ! Hey oh!. Personne ne semble entendre sa détresse.

Isaac commence sérieusement à s’impatienter et souffle et fourrant ses mains dans les poches de sa veste. Il se demande combien de temps il resterait ici avant qu’on le trouve. Il espère ne pas y passer la nuit. Il sait déjà que Joe va se foutre de lui. Résigné, il finit par s’asseoir, mais un bruit étrange provenant du fond l’interpelle, l’empêchant de poser finalement son postérieur au sol. Lentement, très lentement, il se redresse dans le plus profond des silence. Son regard, à l’affût du moindre mouvement rester focalisé devant lui. Son coeur se met étrangement à accélérer. Sans doute, n’aime-t-il pas se retrouver dans une pareille situation qui lui rappelle étrange ce film d’horreur qu’il a été voir il y a quelques semaines au drive-in. Il brandit le flash de son téléphone devant lui, la main légèrement tremblante. Pas un bruit. Pas un chat. Et pourtant, un autre craquement retentit, cette fois sur sa gauche le faisant sursauter. Il éclaire son chemin, son cœur au bord de l’infarctus. Sa respiration s’intensifie, elle devient plus sonore et plus irrégulière. Il a peur malgré lui. Il a cet étrange impression qu’un petit courant d’air arrive sur sa gauche. Il continue d’avancer et remarque la présence d’une bouche d’aération derrière une étagère. Il tire l’étagère et s’accroupit à niveau de la petite issue. Ses yeux s’écarquillent, sa myocarde est sur le point de lâcher quand il a l’impression d’entendre des murmures. Il rapproche son visage pour tendre davantage l’oreille. Des chuchotis. Qu’est-ce que c’est ? Omnis immundus spiritus ardebit in gehenna...

Isaac croit mourir sur place, il se recule d'un bon et tombe au sol. La peur au ventre, il n'arrive pas à se relever, mais juste à se redresser tout en s'éloignant de cette fichu bouche d'aération, en se traînant au sol.

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 Isaac

APRIL FOOL'S NIGHT - 1er Avril 2024

Est-ce un cauchemar ? Isaac ne se sent pas bien. Lui qui d’ordinaire est si calme, il a cette sensation au fond des tripes que quelque chose cloche. D’abord cette fichue porte qui se referme derrière lui, ces chuchotis étranges qui émanent de cette bouche d’aération dans un dialecte qu’il ne reconnaît pas. Et maintenant, c’est le courant qui se coupe complètement le plongeant dans une obscurité totale et dans un silence de mort, où seule sa respiration haletante est perceptible. À demi allongé au sol, appuyé sur ses coudes, le torse remuant rapidement au rythme de sa respiration saccadée, il observe cette bouche d’aération avec terreur. Il a tout à coup un mauvais pressentiment. Quelqu’un lui veut mal ? Ou peut-être n’est-ce pas lui qu’on recherche ? Pourquoi s’intéresser à un petit chauffeur livreur comme lui ? Sa vie est si monotone. Isaac n’as que peu d’amis et il n’est pas le genre de garçon fêtards centré sur l’élargissement de son cercle social. Il se demande si les autres personnes dans la grande salle sont elles-aussi plongées dans le noir.

Le tambourinement de la musique qu’il peut encore percevoir depuis la réserve a comme qui dirait cessé. Et, quand cette grosse voix retentit dans le micro pour annoncer cette foutue panne de courant, Isaac se rassure à l’idée de ne pas être le seul impacté. Toutefois, l’idée que la discothèque toute entière soit noyée dans les ténèbres l’angoisse. Ce mauvais pressentiment en lui ne cesse de croître. Ce n’est pourtant pas un film d’horreur, et c’est une simple coupure de courant, et sans doute les courants d’airs ont malencontreusement refermer la porte derrière lui...Isaac essaie de se convaincre que toutes ces péripéties inopinées ne sont le fruits que de simples coïncidences, mais une partie de lui ne peut s’empêcher de s’imaginer un horrible scénario. Il pousse un soupire vif et fugace pour se redonner un peu de contenance, et surtout pour reprendre son souffle puis se redresse en position assise. On dirait bien que les chuchotis ont cessé car, aucun bruit suspect ne parviens à ses oreilles fines et sensible. Il se passe une main sur son visage arrêtant de nouveau son regard préoccupé sur cette bouche d’aération. Il la regarde un instant puis s’y dirige à nouveau en s’y avançant à quatre pattes. Il y rapproche de nouveau son visage quand tout à coup, un coup violent à l’arrière du crâne lui fait brusquement perdre connaissance. La dernière chose qui hante son esprit avant de fermer les yeux est cette atroce douleur qui le lance, si atroce qu’il s’en évanouit. Peut-être est-ce la fin... pensa-t-il avant que son esprit ne se perdre dans l’inconscient.

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April Fool’s Night

Svetlana

Miami, 1er avril 2024

Les chiottes sont vraiment dégueulasses. Ça sent tellement la merde qu’on se croirait dans la fosse sceptique d’Overtown...cette même odeur dégueulasse qui émanait du cul d’Eryna quand elle nous avait refilé sa putain de gastro. Je pose mon regard interloqué sur le petit farfadet en train de gerber sur ses belles baskets. Il se tient grossièrement d’une main accrochée au lavabo tandis que l’autre vient pincer le bout de son nez : “Mais ce n’est pas moi qui ai chié ça ! C'est dégueulasse...”

J’arque un sourcil, sceptique, sans pour autant pouvoir abandonner ce sourire amusé sur mes lèvres. J’aurais bien trouvé une petite blagounette à lui envoyer, mais ma vessie est sur le point d’exploser. Je m’engouffre vite dans une cabine voisine pour faire ma petite affaire, prenant soin de marcher sur la pointe des pieds afin de ne pas souiller le beau velours carmin de mes escarpins. Je ferme un instant les yeux, souriant niaisement à la sensation bienfaitrice de pisser. Mais, cette petite réjouissance semble être de courte durée puisqu’il n’y a plus de papier. Chouette ! Je vais devoir improviser pour essuyer mon frifri. Heureusement, Vomito est dans les parages. Voyons s’il peut me dégoter du P.Q dans les cabines d’à côté.

Brusquement, nous sommes plongés dans le noir complet, tandis que mes prunelles surprises guettent dans tous les sens à l’aveugle, à la recherche d’une quelconque once de lumière qui pourrait m’aiguiller dans cette sombreure. Je l’entends qui tente une échappatoire mais cela se solde par une chute littérale contre la porte de ma cabine que je prends en pleine tronche. Je plaque mes mains contre les parois latérales pour ne pas finir le cul dans la merde, puis vois un téléphone voltiger avant de finir dans une mare de merde à ses pieds : T’es vraiment pas doué...on dirait que je vais devoir me débrouiller toute seule. Je me redresse, le pousse légèrement pour atteindre l’autre cabine sur la pointe des pieds et parviens à trouver un peu de papier. Dieu merci. Je termine donc ma petite affaire et tire la chasse. Je frotte ensuite ma robe, réarrange mes cheveux bien que cette obscurité ne me permette pas d’y voir quelque chose quand un sourire espiègle étire la commissure de mes lèvres : J’te signale que tu brailles comme une fille ! dis-je moqueuse. Je mords ma lèvre inférieure en soupirant. C’est bien le moment pour que le courant fasse des siennes ! T’as peut-être envie de camper dans la chiasse, mais moi, je me tire de ce garage à merde.

Je parviens à me faufiler jusqu’à la sortie quand je heurte quelqu’un : Attention où tu mets les pieds, c’est un vrai dépotoir à merde là-dedans. Le pauvre...il supporte tellement pas l’odeur de sa propre merde qu’il a gerbé dans le lavabo. Âme sensible s’abstenir ! que je dis à mon interlocuteur inconnu @Matthews Valdez avec mon accent russe avant de l’abandonner pour rejoindre la grande salle, elle aussi plongée dans le noir, où des chuchotis émanent de partout. Un homme tout à coup au micro mentionne une coupure de courant. Mince...on dirait qu’elle est partie pour durer. Il faut que je retrouve Ivan...