Alors que Milo me tient par la nuque depuis qu’on est parti de la fête foraine, je suis un peu mal à l’aise, ce que j’ai fait n’a pas vraiment l’effet que j’avais espéré, ils sont complètement hystériques, enfin surtout Milo ! Sa proximité me crispe, il hurle à tout le monde qu’on est ami, est-ce que… on est ami ? Tu étais… censé être en colère contre moi ! Pas content ! Il a l’air heureux, c’est ça le pire ! Je ne voulais pas vous épater, mais je crois que j’ai marqué les esprits, maintenant que l’euphorie est passée, je commence à regretter de m'être laissé aller.

Alors que je suis les pas de Milo sous le poids de ses bras, on arrive rapidement au bar où une discussion sur… Moi, prends forme. Je déteste être sous les projecteurs, mais là, je me suis tiré une balle dans le pied, je suis devenue la discussion à pas rater… J’écoute tout le monde, personne ne me demande mon avis et Milo cri encore mes exploits, je vois des regards se diriger sur nous, parce qu’on fait trop de bruit. Mes yeux se dirigent sur Dimitri qui est peut-être le seul à trouver que je n'ai rien fait de fou, c’est quoi son problème sérieux ?
Je me crispe sur place et le fixe froidement, on s’échange tous les deux un regard glacial.

Je demeure silencieux, la voix de Georgina me fait sortir de mes pensées, je soupire doucement, j’ai du mal comment on passe de moi – au Zoo de Moscou, pour le coup, j'ai du mal à comprendre Eryna qui ne cesse de se plaindre et pousser les autres à la détester encore plus que c’est déjà le cas. Je préfère ne pas intervenir dans leur discussion.
Je tends la main pour attraper quelques cacahuètes en même temps que Svetlana et effleures ses doigts, j’ose relever les yeux pendant que les autres continuent de se chamailler et croise ton regard. Je me surprends à caresser le bout de son doigt, qui est enfoncé dans le bol, je… C’est bizarre non ? Enfin, j’aimerais faire plus.
Mais.. Qu’est-ce qu’il me prend ?

J’ai… Mal au ventre, comme l’autre jour à la salle commune à chaque fois que je perds mes moyens, je lâche immédiatement la cacahuète et retire ma main du bocal sous le regard assassin de Dimitri qui nous observent depuis tout à l’heure, pourquoi j’ai l’impression qu’il ne va pas tarder à me prendre la tête celui-là ? Depuis quelques jours, il y a comme une flamme de colère et de jalousie entre nous, je peux le ressentir rien qu’à sa présence, quand il pose ses yeux sur moi ou même à sa façon de respirer.
Désolé Dimitri, mais tu as un concurrent et il s’appelle Milo.
Rapidement Milo me fait sortir de ma pensée quand il demande si je veux boire quelque chose, qui est Catherine ? Ah… Svetlana. Il n'aurait pas pu trouver mieux comme prénom ? Je regarde le serveur pendant que Milo parle pizza avec Eryna.

« Une tequila, mais un gros verre, très fort. »
« Bah alors… On a soif mon pote ? »
« Fais gaffe à pas te noyer dedans ! » Je dévisage Stan.
« Me regarde pas comme ça ! Tes bourdes sont… Les bourdes d’Ivan. »
« C’est mieux d’en rire que d’en pleurer ! En plus, c’est comme si t’étais en primaire et que tu nous faisais un pestacle. » Stan se marre.
« Un… Quoi ? » T’es con ou quoi Milo ?
« Un pestacle ! C’est.. Oh laisse tomber mon pote ! » Un… pestacle ? Je le regarde avec des yeux pleins de jugement, qu’est-ce qu’il est entrain de me faire ? Et je ne suis pas ton pote trouduc !

Nos verres arrivent et se posent face à nous, je prends mon verre et bois plusieurs gorgées pour noyer le bonheur dont Milo m’a entraîné, j’observe le reste du groupe prendre une première gorgée également, pendant que la musique retentit dans le bar, j’entends Eryna m’appelle de façon suave, pour que j’aille danser avec elle.
Moi ? Danser ? Elle m’a bien regardé ? Je ne sais pas danser… et je ne veux pas danser avec toi Eryna. Alors que j’allais pour répondre, Stan me devance, je me tais, surpris de son interruption, depuis quand Stan à des vues sur Eryna ? Enfin, je m’en fou, tant mieux pour lui, je lui laisse avec grand plaisir, Eryna n’est pas mon genre de fille, elle est trop… trop… enfin, vous m’avez compris.

Je regarde Stan devenir aussi blanc que ma boisson et sauter hors de sa chaise pour aller danser avec Eryna, Milo me donne des coups de coude, il est vraiment mort de rire en voyant la danse des deux.

« Il a pété un plomb ou quoi ? Le pauvre… J’ai mal pour lui ! »

Joana en fait de même pour Dimitri, on s’échange un regard avec Milo, qui lui aussi ne comprend plus rien, je me concentre à nouveau sur mon verre, perplexe, ils sont bizarres ce soir quand même… Je glisse mon regard le long de la tête et me plonge dans tes yeux, ça m’a manqué de pas pouvoir faire ça depuis… l’entraînement. C’est comme si on était à nouveaux seuls alors que nous sommes encore entourés de Milo et de Georgina qui s’échangent des phrases que je n’arrive pas à entendre, je me perds à nouveau et j’aimerais à nouveau pouvoir … Non, enfin… Si ? Non !
Et Georgina intervient comme pour nous aider à prendre le devant.

« Pourquoi… Vous allez pas danser ? »
« Je… Sais pas danser. »
« Oh, ça, c'est pas grave, ça s’apprend. N’est-ce pas… S… Catherine ? » Sous la proposition de Georgina, je ne me sens pas à l'aise de danser, mes yeux s'agrippent à nouveau sur ton visage.

Je dévisage Stan quand celui-ci se met à partir au bras d’Eryna jusqu’à la piste de danse. Je n’étais pas au courant qu’il était intéressé par elle, je pensais que tout ça, c'était loin de lui, surtout quand il l’avait envoyé bouler dès son arrivée au sein du gang. Je le regarde pensif, en réalité, je m’en fiche pas mal s’il la veut, que bien lui fasse. Je suis juste un peu surpris de la tournure des évènements.
Mon sourcil se redresse sur mon visage quand Joana s’y met à son tour pour embarquer Dimitri, je crois que j’ai raté plus d’un épisode… De nouveau, j’observe la petite blonde partir au bras de ce gros pervers en plein milieu de la piste. Les deux se mettent à danser mutuellement, alors que Stan semble regarder Joana derrière l’épaule d’Eryna, je ne comprends plus rien. Je ne sais pas ce qu’ils ont en tête, mais je n'ai pas envie de le savoir, ces deux-là, sont complètement tordus. Depuis que Svetlana est arrivée, je suis devenu leur temps d’occupation, partout où je vais, je sens leurs regards sur moi, un peu comme si j’étais une bête de foire.

L’interruption de Georgina me fait glisser mes yeux glaciaux sur celle-ci, à quoi elle joue sérieusement ? Elle sait pertinemment que je ne sais pas danser et elle en a été témoin plusieurs fois. J’ai du mal à la comprendre parfois, un coup, elle me parle bien et un coup, elle tremble de terreur face à moi, depuis l’épisode Matvéï, ça serait mentir de dire qu’on se parle comme avant. Je la fixe et fronce les sourcils comme pour l’inviter à retirer ce qu’elle vient de proposer.
Je n'aime pas danser et je ne sais pas danser.
J’ai deux pieds gauches. Mon regard se dirige sur le tien, non, attends, tu ne penses pas réellement à aller danser avec moi, face à tout le monde ? Je déteste ça, tout le monde va nous regarder et je n'ai pas envie d’être la boule à facette de Joana et Stan, je sens même leurs regards sur nous, depuis l’endroit où ils dansent avec leurs partenaires.

Je me pince la joue, ça serait une mauvaise idée de me retrouver à nouveau seul face à toi, avec mes mains posées sur les formes de tes hanches, il est primordial d’éviter tout contact pour échapper à un nouveau craquage. On n'a pas vraiment parlé depuis l’entraînement et suite à toutes mes boulettes, ce n'est pas une mauvaise chose que ça ne soit pas le cas. Je sens mes joues chauffées rien qu’à l’idée de repenser au moment où j’ai fait tomber le pot d’eau sur ton haut et qu’on pouvait percevoir parfaitement la forme de ta jolie poitrine. Enfin… non ! Super, merci Georgina.

Je secoue la tête pour essayer de chasser mes viles pensées à ton égard, alors que Georgina semble demander ton avis, je tourne la tête vers toi, mes pupilles glissent sur le haut de ton corps, je te détaille du regard, j’ai envie de faire des choses qui… non, c'est mal, très mal même ! J’ai chaud, je sens que mon verre glisse entre mes mains, je viens rapidement boire une gorgée bien méritée.
Tu supposes ? Je te regarde surpris. Quoi ?
Après tout ce que j’ai fait, à toutes les fois où je t’ai évité, t’as encore envie de passer du temps avec moi ? Mais… Je… Sais plus quoi faire pour te repousser.
Ça me gêne de savoir que tu as encore cette idée en tête et elle ne me laisse pas indifférent, au fond… Je passe un de mes doigts pour tirer sur mon t-shirt comme pour laisser rentrer de l’air, j’ai besoin d’oxygène…

Alors que je ne te quitte pas du regard, j’observe ce que tu fais, tu as l’air… bien nerveuse. C’est moi qui te mets dans un état comme ça ? Je me pince la joue intérieurement et forme même un sourire amusé que j’essaye de dissimuler en pincement mes deux lèvres.
Tu vois… C’est ça le problème avec toi. Maintenant que j’ai goûté au fruit interdit, je ne peux plus m’en lasser, j’ai encore envie de te goûter...et de… non, putain fais chier !
Mon esprit se perd à nouveau entre envie et désir, alors que je te vois te mouiller en directe avec ton verre. Le rouge sur tes joues te va bien… Enfin non !
Je lève ma main et attrape ma serviette et viens me pencher pour aller tapoter sur ton nez avec le tissu.

« T’en as juste là… Attends… Je… Pardon. »

Je m’arrête brusquement quand je me rends compte de ce que je fais, mais pourquoi je t’essuie moi ? Je m’en fiche ! Tu es censé être le dernier de mes soucis ! Je n'aurais rien dû faire, je suis complètement débile putain !
J’entends le rire de Georgina, aussi fin et presque inaudible, si elle commence à s’y mettre aussi, je vais vraiment pas m’en sortir. Je ne sais pas pourquoi ils font tous ça.
Je prends une inspiration et repose ma serviette en papier pour attraper à nouveau mon verre et me réconforter en prenant une nouvelle gorgée qui me fait du bien et qui me rafraîchi grandement. Il faut que je prenne sur moi, ce n'est pas une fille qui va me perturber maintenant. Je n'ai pas le droit à l’erreur et ce divertissement m’a fait bien trop éloigner de mon plan initial.

J’ose relever mon regard auprès de toi quand je t’entends souffler, sans comprendre, je sens ta main glisser dans la mienne et me tirer hors de ma chaise.
Je me retrouve à suivre tes pas, petit à petit, jusqu’à la piste de danse.

Face à toi, mes yeux se posent curieusement sur toi, mes mains fermes se retrouvent sur tes hanches que je serre entre mes doigts, délicatement. Ton parfum se rapproche de mes sinus, ce parfum, que mes narines semblent appréciées, m’enivre et m’invite à suivre tes pas. Perdu, je me laisse totalement faire.
Mon cœur tremble au rythme de la musique qui trouble mon myocarde et résonne dans ma cavité pulmonaire. Ces palpitations m’effraient, si tu savais à quel point c’est dur pour moi Svetlana.
Tu as l’air si fragile et si petite entre mes mains, j’ai peur que tu t’évades, mais j’ai aussi peur que tu y restes trop longtemps. Je ne sais pas ce que je combats intérieurement, mais c’est violent. Ça me prend dans les tripes, perdu entre la raison et le cœur, le moindre faux pas, causera des dommages irréparables, par pitié Svetlana, arrête.
J’aime entendre mon prénom prononcé par ces lèvres si douces et sucrées à la fois, je me rappelle encore du goût qu’elles ont, délicieuses, qu’on voudrait y retourner encore et encore. Je me retrouve à fixer tes lippes quelques secondes et relever mon regard dans le tien, et m’autorise à me plonger à l’intérieur.

« Svetlana... »

Je sens un frisson me parcourir l’échine, quand tes doigts viennent caresser ma nuque.
Qu’est-ce que tu fais ? C’est … agréable… mais tu ne peux pas continuer, tu le sais au fond de toi, ce qu’on fait tous les deux, ce qu’on est entrain de faire actuellement, c’est mal.
Et si je te le disais ? Peut-être qu’on pourrait trouver une solution à deux ? Non… C’est complètement ridicule. Je vais pour parler, mais je me restreins, c’est la pire idée que j’ai pu avoir au monde entier.

Ton visage se rapproche du mien, pourquoi je n’arrive pas à te repousser ? J’ai envie de saisir tes lèvres et t’emmener hors de cet endroit pour me retrouver juste avec toi et personne d’autre, c’est n’importe quoi.
J’ai voulu me rapprocher de toi, pour que ça soit facile, mais tu me compliques tellement la tâche…
Quand je pense à ce qu’à fait ta famille, j’arrive à me remettre sur le droit chemin, je dois continuer pour te garder dans ma ligne de mir et après, je pourrais me séparer de tout ce que tu me fais.

« D’accord... »

Je sens ta tempe se poser sur mon épiderme, ta peau et si chaude, elle est si réconfortante… Je fais glisser mes mains à l’arrière de ton dos comme pour vouloir t’attirer contre moi, mais à nouveau, je m’efforce de ne pas le faire.
Tu peux sentir mon souffle chaud s’écraser sur toi, pendant que je respire ton doux parfum.