Apocalypse Now

Elijah & Gabriel & Alexander

Ça faisait un bail je m’étais pas marré comme ça. Depuis la naissance de Keivan, j’ai du mal à trouver du temps pour moi. Ana passe ses journées à se défoncer, ses nuits dehors à dormir je ne sais où et se décharge de toute responsabilité le concernant. Je n’ai plus le temps de m’inquiéter pour elle car je le consacre à élever notre enfant. Si ça continue, je prendrai Keivan et je m’installerais dans un autre appart loin d’elle. Tant qu’elle sera accroc à toutes ces merdes, elle représente un danger pour lui. On dit qu’il ne faut pas arracher un enfant de sa mère, mais là, c’est légitime nan ?

Aujourd’hui, je l’ai déposé chez ma mère et me suis octroyé une aprèm tranquille avec Eli. Ah Eli…malgré nos désaccords, malgré les mauvais jours, je n’oublierais jamais tout ce qu’il a fait pour moi. Il est…toujours là malgré tout. J’ai l’impression que c’est le seul qui me connais vraiment, avec qui je peux être moi-même, avec qui, je peux souffler de toute cette pression. Chaque moment passer ensemble est une bouffée d’oxygène, une parenthèse que je ne voudrais jamais fermer. Il m’arrive de penser à lui parfois. J’veux dire, c’est mon meilleur ami, et jusqu’ici je n’avais jamais envisagé la possibilité de le voir autrement. Et pourtant, parfois, j’ai des pensées assez insolites et ça me fait un peu flipper. J’essaie de pas y penser, alors, j’me tape un gars par-ci par-là, histoire d’me vider la tête. Bref, j’ai pas envie de parler de ça.

Comme je le disais, ça faisait un bail que je ne m’étais pas marré. On est parti à la salle d’arcade, attiser un peu les lions compétitifs qui dorment en nous. Autant dire que ce fut pour le moins explosif. J’n’aime pas perdre. En vrai, je suis un gros rageux. D’ailleurs, c’est à moi de payer mon coup, vu que j’ai perdu comme un gros trou du cul. En parlant de trou d’uc, alors que je sortais tranquillement de la salle avec Eli, je me fais percuter comme un malpropre et finis le cul par terre. Le temps de réaliser ce  débilos vient de me foncer dessus, j’reste quelques instants un peu sonné. Eli, brusquement inquiet, il se baisse pour s’assurer que je vais bien…enfin…on dirait presque qu’il me cajole comme une putain de poupée Barbie. J’ai horreur de ça. J’suis pas en sucre ! çava t’inquiète, je secoue doucement la tête pour gentiment  l’inciter à enlever ses mains de mon visage. Finalement, elles viennent cramponner ses poignets et les repoussent lentement Arrête, on dirait ma mère ! je vais bien.

Puis voilà qu’une voix familière me renvoyant à de vieux souvenirs caliente, s’adresse à moi. Pas de bobo ? J’y crois pas…avec le nombre de pèlerins en ville, il a fallu que je tombe sur lui…pas de bobo ? ah nan ! il ne va pas s’y mettre lui aussi. Je me relève comme un grand, ignorant la main amicale tendue par Gabriel. J’allais répliquer mais ces deux-là entament un dialogue qui me laisse sur le cul: Prochaine étape tu sors ton gun ou cette fois tu vas parler ? Gabriel. J’arque un sourcil. Depuis quand ils se connaissent ces deux-là ? Eli ne semble pas vraiment l’affectionner, rien qu’à voir son regard sournois lorsqu’il s’adresse à ce dernier.

Si tu te comportais pas comme un criminel, y'aurait pas eu de soucis. mon sourcil s’arque encore un peu plus. Je les dévisage comme un con, arborant un air aussi surpris que choqué.

Alors Alexander, qu'est-ce que tu fais avec cet individu ? Les lèvres entrouvertes, les sourcils cette fois froncés, je les fixe à tour de rôle avant de me tourner vers le policier.

Gabriel. j’humecte doucement mes lèvres puis croise les bas. cet individu comme tu le soulignes si bien est mon meilleur ami. Ça pose un problème ? puis je lui lance un signe de tête. Et toi, t’as besoin d’une carte routière pour éviter de te crasher sur le premier pèlerin que tu croises sur le trottoir ? Je fourre la main dans ma poche pour sortir mon paquet de clopes et lui lancer, sans oublier de m’en réserver une.

Tiens. Tu me revaudras ça. je cale ma cigarette derrière l’oreille puis leur lance un regard curieux.

J’savais pas que vous vous connaissiez tous les deux.