- Désolé, nous sommes en rupture de stocks pour ce médicament.
- Q. Quoi ? Sérieusement ? C’est la deuxième pharmacie que je fais ce soir.
- Croyez-le ou non, on a été littéralement dévalisé quand ils ont annoncé cette tempête.
- Super. Où est-ce que je peux en trouver ?
- Mh. Il est précisé que l’hôpital garde toujours un stock, mais je ne pourrais pas vous dire avec certitude qu’ils en ont encore.
- Et un générique ?
- Non plus.
- Et sur commande ? Combien de temps ?
- Il faut compter au moins une semaine pour la livraison tout au plus...___

GLING. Les morceaux de verres aussi coupant qu’un rasoir avait volé, s’éparpillant et jonchaient sur le sol de la pharmacie. Les lumières faisaient refléter ce métal transparent et menaçait à présent toute la patientèle. La peur se tapissait dans chacun de nous, faisant trembler les myocardes au plus faible, d’autre tentait de reprendre une respiration et de retrouver un calme. Les yeux rivés sur l’extérieur, un calme étonnant avait prisé les lieux, plus un bruit, non, il n’y avait que le son du vent qui faisait trembler les tuiles du toit, faisant trembler les combles, tout le monde observait le plafond comme s’il menaçait de s’effondrer.
VLAN. Les cris, des essoufflements saccadés se tapissaient dans l’obscurité. Les lumières brusquement éteinte, ne laissant plus aucune possibilité de se repérer dans la pharmacie d’Allapattha, seul cette croix verte pétante tronçonnait la pénombre dans laquelle s’était projeté la ruelle. Des bousculades, de la panique, beaucoup était tombé au sol essayant en vain de se relever. Des faisceaux blancs électriques se mirent à clignoter laissant un bruit désagréable de néon défectueux, pouvant laisser permettre de voir l’effroyable situation qui se déroulait sous leurs yeux.
Le bruit du générateur de secours fit un si grand bruit, que plusieurs avaient sursautés sur place, pensant à des coups de feu. Deux pharmaciens s’était précipités auprès des personnes qui étaient tombé dans les fracas de verre, blessé aux mains et aux genoux. Quelques clients avaient même laissé sur place des sacs à main dans la panique est s’était précipité vers l’écriteau « Sortie de secours ».

Quand la lumière avait finalement chassé les ténèbres, enfin, toute cette terreur et cette panique semblait s’être réduit, du moins pour l’instant, Zachary avait observé son voisin de gauche, totalement terrorisé, il se cramponnait au tissu de son sac.
Des carcasses de vélos s’étaient engouffrées dans la devanture de la pharmacie, laissant paraître un énorme trou dans l’entrée. L’un des vélos avait une roue coincé et complètement enfoncé dans la vitre qui menaçait de céder elle à son tour.
Au plus, loin, de l’électricité émanait d’un poteau électrique, des grésillements ainsi que des étincelles sortaient des fils électrique. Cette voiture s’était encastré dedans, ce qui avait causé la coupure d'électricité, la question était :
Combien de temps le générateur allait-il tenir ?
D’où se tenait Zachary il pouvait observé l’extérieur qui montrait la dangerosité des nuages noirs menaçant, une forte pluie s’abattait sur la ville, le souffle ne semblait pas s’être dicipé, les perles de pluies tombaient fortement sur le sol créant d’épaisse flaque d’eau et le vent soufflait si fort que les arbres ne faisaient qu’un avec la force de la nature, certains avaient même été déraciné.
Alors que la panique semblait s’être calmé, celle-ci était revenue de plus belle, les gens courraient. Des pleurs et des cris de panique, alors qu’une pharmacienne tentait d’apaiser tout le monde.

- Où ?! Elle est passée où ma moto ?!

Ce gars hurlait à la mort, comme si on lui avait annoncé le pronostic vital. C’était la fin, la moto semblait s’être volatilisé, Zachary ne devrait pas traîner ici. Il était fou d’avoir eu l’excellente idée de rester sur place. Le blond était perdu, il ne savait pas si prendre la voiture était une bonne idée où s’il fallait simplement qu’il reste dans le coin. Perdu dans ses réflexions, le bruit du vent et de la pluie avait dissimulé le bruit de la moto qui fonçait droit sur lui. Il n’avait rien vu arriver, il n’avait rien demandé et pour autant, il observait ce truc rouge arrivé à toute vitesse sur lui. C’est quoi ce truc ?
Soudainement, il se retrouva au sol, entraîné par la force d’une personne. Il n’avait pas observé qui s’était, mais putain… Cette moto l’aurait percuté de plein fouet à quelques fractions de seconde près.
Rien de cassé, à part une petite égratignure sur la tempe. Il se releva en s’y prenant à deux reprises glissant sur le sol trempé. Il reprit sa respiration sans croisé son regard.

- Putain... Je ne l'ai pas vu venir celle-là, merci.

Zachary fit finalement face à l’homme, plaçant ses yeux sur lui. Il était… Perturbé de le voir ici, et pourquoi s’était-il jeté sur lui pour le sauver ? Qu’importe. Le blond n’avait pas trop le temps de se poser des questions, le temps semblaient se gâter, il observa Ezekiel longuement.

- Ouais, ouais.
T ‘as vu ce bordel ? On ne peut pas les laisser comme ça.
Il y a encore du monde là-dedans.

Zachary ne se faisait pas surprendre facilement non plus, mais l’image qui se déroulait sous ses yeux avait l’aspect d’un film de science-fiction. Le vent sifflait fortement, qu’un gros bruit sonore se fit entendre à proximité. L’une des tuiles de la pharmacie venait de se fracasser en mille morceaux à seulement quelques pas d’eux. Zachary recula de quelques pas, observant le toit de celui-ci, puis il dirigea ses iris noisette sur Ezekiel qui semblait lui demander de remettre à plus tard ses cours de violons. Il n’était pas non plus sur le point de lui faire un câlin pour autant, mais il se demandait pourquoi il était venu à sa rescousse alors que leur première rencontre ne s’était pas réellement bien passé.

- Se mettre à l’abri ? Tout tombe en ruine, regarde autour de toi.
Qu’importe où on ira, on ne sera pas à l’abri.

Ezekiel, ce grand héro de Miami, avait eu la merveilleuse idée d’aller s’abriter quelque part. Sans déconner ?! Comme si aucune des personnes ici présente n’y avait penser jusqu’à maintenant. Même si le blond aimerait que ça soit aussi facile, ça ne l’était pas.
Malheureusement la réalité allait sonner différemment très rapidement si aucun d’eux ne bougeait pas d’ici illico-presto, Zachary n’avait pas vraiment envie de mourir sous les décombres. Quand le brun lui proposa de s’occuper de toutes les personnes encore présente dans la pharmacie, il hocha la tête, bien que les mener dans un destin tragique ne lui plaisait pas, il était vrai qu’il n’y avait pas quinze solutions, si cette pharmacie s’écroulait, il signait la fin de vie de tout le monde, eux y compris. Alors qu’il était sur le point de partir, sa phrase le fit sursauter sur place. Il ne savait pas quoi répondre, même son côté sarcastique n’avait pas su prendre la place à ce moment présent. Il resta silencieux et quitta son emplacement au pas de course.

Une fois à l’intérieur de la pharmacie, c’était comme si un séisme semblait avoir pris le lieux, tout était sens dessus dessous. Les étagères étaient complètement vidées, la plupart des médicaments étaient éparpillés au sol. Certaines personnes était recroquevillée, en boule dans l’attente d’un miracle, d’un simple raclement de gorge, le blond éleva sa voix pour prendre la parole.

- Ok, que tout le monde se calme.
Eh toi, le pharmacien vient par là. Où se trouve la réserve ?
- Je m’appelle Danny... La réserve est sur la gauche, la porte mène à des escaliers, pourquoi ?
- Allez, tout le monde va suivre Dany jusqu’à la réserve gentiment jusqu’à ce que la tempête se calme. Aller. Non, on laisse tout sur place, on n'a pas le temps de prendre les affaires de tout le monde.
- Monsieur… Mon mari est au fond du magasin, il n’arrive pas à se relever, s’il vous plaît.
- Rejoignez les autres, je vais le ramener.

En la laissant derrière lui, il entendait les pleurs de la dame résonner, il se contenta d’esquiver les fracas de verres ainsi que tous les obstacles sur le sol, il entendit les bruits de pas s’éloigner, se retrouvant seul dans la pharmacie. Rapidement, il rejoignit l’homme blessé d’une grande plaie à la jambe. Il avait dû être à proximité de la fenêtre quand c’est arrivé. Celui-ci grimaçait de douleur, il s’abaissa.

- Tu peux marcher ?
- ‘Sais pas, ça fait un mal de chien.

Zachary lui tendit la main, et le souleva de toutes ses forces pour qu’il soit sur pied, il faillit s’écrouler quand l’homme s’appuya sur lui, il faisait au moins le double de son poids. Il le traîna jusqu’à la porte indiqué tandis que l’homme criait à la mort à côté de son oreille. Encore une minute et il serait sourd. Il inspira grandement pour essayer de reprendre de la force et descendit les marches une par une avec difficulté, quand soudain une explosion retentit fortement, faisant trembler les murs. Les hommes se regardèrent un court instant. Il pensa rapidement à Ezekiel, - Merde. il se demandait s’il avait besoin d’aide lui aussi. Il soupira. S’il était assez rapide, il aurait le temps de poser l’homme et aller aider le brun à l’extérieur.

- Aller vite, dépêche.

Rapidement, ils arrivèrent devant la porte et poussa fortement avec son épaule pour l’ouvrir, quelques cris de peur se fit entendre à la vu de la blessure de l’homme. Il perdait beaucoup de sang, et vu la poussière quelle était la probabilité qu’il ne fasse pas une infection ? Il avait besoin d’aide et rapidement. Il aida l’homme à se poser au sol, retira sa ceinture pour lui faire un garrot, tandis qu’il serra aussi fort que possible, la porte s’ouvrit à nouveau laissant apparaître Ezekiel et une personne inconscience.

Zachary était loin d’être médecin, mais il n’était pas sûr que l’adrénaline serait ce qu’il lui faudrait, il avait clairement besoin d’un chirurgien qui lui recoud sa plaie ouverte et qui pissait le sang, avec la chance, l’artère n’était pas touchée, mais comment le savoir avec certitude ? L’homme planta son regard dans celui du blond comme inquiet lui aussi quant à la tournure de la situation, mais plus ils attendaient plus, il y avait un risque d’infection, l’odeur était nauséabond comme si l’homme allait mettre un pied dans la tombe. Rapidement, les couleurs de l’homme commencèrent à perdre de sa valeur, il devint aussi blanc qu’un linge et lui attrapa le bras avant de tomber dans les pommes. Désormais inconscient, le pharmacien arriva en courant de façon théâtrale pour lui tendre la piqûre d’adrénaline. D’un simple geste, il l’attrapa, habitué par ce genre de piqûre, il retira le capuchon pour enfoncer la piqûre dans sa cuisse, il la laissa quelques secondes pour que le liquide s’écoule complètement. Quand il termina le geste, il posa la piqûre un instant. Sa femme avait le teint livide et laissa échapper des pleurs jusqu’à ce que l’homme reprît enfin connaissance, bien que douloureuse encore.

- Aller lui chercher du désinfectant et des pansements.

Aussi tôt demandé, aussi tôt fait, il laissa le garrot et essaya avec l’aide du pharmacien de lui faire un pansement plus ou moins propre, mais assez pour protéger la plaie contre les germes et les microbes traînant dans cette réserve. Enfin terminé, l’homme avait l’air de se sentir mieux et se releva doucement, aidé par sa femme qui le prit dans ses bras. Ça fera toujours un cadavre en moins dans cet endroit, il n’avait pas vraiment envie de les empiler dans une situation pareille. Il jeta un œil derrière lui pour observer le Sergent galérer à faire revenir sa victime avec son massage cardiaque.

Le vent soufflait si fort, il était si présent que les tuyaux tremblait lors du passage de celui-ci. Le réflexe qu'il eut, comme tous les autres, étaient de lever les yeux et de se demander si le plafond n'allait pas leur tomber sur le nez, combien de temps cette tempête allait durer ? La lumière clignota l'espace d'un instant, pour finalement revenir.

L’homme que j’ai soigné à l’air d’aller mieux et j’en suis rassuré même si celui-ci se plaint encore des douleurs que lui donne son genou, tous les silences ne font pas le même bruit, quand le plafond commence à trembler, un silence de mort s’installe entre nous, quelques poussières tombent et virevolte jusqu’au sol. Je ne sais pas combien de temps tout ça va tenir, je n’ai pas envie de finir sous des ruines de pierre, quand je te vois t’asseoir nos regards se croisent, nous n’avons pas forcément besoin de se parler pour se comprendre mutuellement, le vent qui siffle me fait quitter son regard et regarder les autres quand tu commences à prendre la parole pour prendre le flambeau de ce que j’avais commencé.

Quelle était la probabilité que le sous-sol soit complètement ensevelit de débris ? Je souffle sous sa réponse, surtout quand tu dis que je vais devoir t’aider à retirer ces débris, auparavant, j'aurais été parfaitement apte à la fois, mais à présent… C’est une autre chose, je ne vais rien dire, non seulement je n'ai pas envie que tu prennes pitié de moi, mais tu vas me voir comme un homme faible et je préfère me tuer à la tâche plutôt que d’avouer mon handicap invisible, je vois que le pharmacien me zieute comme pour savoir comment j’allais faire, je lui envoie un regard comme pour lui demander de rien dire, l’homme se tait et finit par regarder le Sergent.
Même si je suis d’accord avec toi, au sein d’une pharmacie, on ne va pas vraiment trouver beaucoup d’arme, de nourriture ou encore de l’eau, mais j’espère qu’ils finiront par trouver ce dont ils ont besoin pour qu’on survive le temps de cette fichue tempête.

Je sens ton regard se poser à nouveau sur moi et je suis presque surpris de ta phrase, pour une fois que tu me fusilles pas du regard et que tu n'es pas aussi froid qu’une porte de prison, malheureusement pour toi, le moment est plutôt mal choisi pour faire Oneman show. On fera des blagues plus tard si le temps nous le permet et si on ne sort pas d’ici entre quatre planches.

 « Je suis prêt. Je te suis. »

Je te donne un léger sourire et ta tape amicale me fait décoller du sol et je ne lâche pas d’autre commentaire. Je te regarde avec tes mains sur la taille et mon regard te détaille bientôt amusé, mais la situation me fait revenir sur terre, je me racle la gorge doucement.

 « Va pour le verre, si on sort d'ici vivant. »

Je suis tes pas et arrive devant les débris et souffle une seconde fois. Je sais qu’un verre serait mal pour moi, mais je sais aussi que ça sera une bonne occasion de nous rapprocher un minimum. Je suis tes mouvements et me baisser pour soulever décombres lourds, je prends sur moi pour porter le béton et le faire rouler sur le côté.

C’est comme soulever une montagne, plus je les prends et plus, elles sont lourdes, elles pèsent dans le bas de mon ventre, je prends sur moi et fait rouler les pierres sur le côté, je lâche un léger soupire, c’est hors de question que je me défile devant toi, puis j’en ai marre de cette putain de maladie, qu’elle aille au diable ! Cette fois, elle ne décidera pas pour moi et je vais tout faire pour réussir.
En tout cas, je ne compte pas mourir ici, je n'ai pas fait tout ce chemin pour mourir étouffer entre deux poussières dans le sous-sol d’une pharmacie.

 « ça tombe bien, je n'ai pas vraiment envie de crever ici non plus. »

Je me dirige à nouveau vers les tas de grosses pierres et me baisse pour attraper une autre, je lâche un soupir de douleur que j’essaye d'ignorer, c’est lourd et ça pèse dans ma ceinture abdominale, j’ai de violentes douleurs qui me prennent dans le bas des reins, je me sens grimacer quand je les porte et je la lâche, la pierre vient s’écrouler et s’exploser à mes pieds.

 « Je vais très bien. »

Pourquoi tu me poses cette question à la con ? Bien sûr que je vais bien, je déteste quand on me demande ça, en plus tu me demandes ça juste pour être sympa et puis ça va parfaitement bien ! Quand tu me demandes si je veux me poser cinq minutes, je secoue la tête négativement, je n'ai pas besoin de pause, plus on tarde, moins on sort.
Je me baisse à nouveau pour porter une nouvelle pierre, sauf que cette fois, j'ai des douleurs encore plus écrasantes et envahissantes qui me tordent de souffrance, je pose ma main sur la pierre que je n’ai pas pu soulever et me recroqueville sous mes jambes devenues faibles avec ces efforts trop intenses. J’enroule mon bras autour de mon ventre et détourne le regard pour regarder dans le vide. J’ai le souffle saccadé et complètement coupé tellement ça me fait mal, ça fait un putain de mal de chien. J’ai les yeux humides tellement c’est atroce et infligeant à la fois, je me tords de douleurs, venant m’écraser sur le sol pour m’asseoir, je n’ai plus la force de me relever et putain… je n'ai pas envie qu’on me voie comme ça, c’est la première fois que ça m’arrive et j’ai l’impression que ça s’empire vraiment...

C’est comme si tout se comprimait à l’intérieur, c’est devenu lourd, tout me demande un effort extrême et intense, une impression de puiser toute mon énergie sur ces pierres, elles sont lourdes et j’arrive plus à les porter, mes bras ne supportent pas non plus l’effet qu’elles font à mon corps, ma respiration se complique, ma poitrine est à la recherche d’un nouveau souffle, j’ai tellement mal dans le dos, ça tourne et retourne dans mon abdomen, c’est bref, répétitifs, comme si mon corps envoyait un signal d’alerte rouge pour mettre mes sens en ébullition.

Mes pieds cèdent finalement pour rejoindre totalement le sol, je presse mon bras sur moi, je lâche un souffle de douleur que je ne peux pas retenir tellement la souffrance est puissante, je sens que tu t’approches de moi, par pitié, va-t'en et laisse-moi tranquille, je n'ai pas besoin de quelqu’un à mon chevet, mais merde, j'ai tellement mal que je n'arrive pas à t’envoyer bouler, ma gorge se nue tellement mon corps voudrait crier sa peine, tu t’agenouilles devant moi et mes yeux se dirigent sur le sol pour éviter tout contact visuel avec toi, je suis essoufflé et quand tu me forces à te regarder, je n'ai pas envie que tu vois que mes yeux sont légèrement rougis et humide. C’est la première fois que je n'arrive pas à le cacher, je me sens tellement merdique à cet instant et qu’est-ce que je déteste ce qu’il me touche.

 « J’ai… m..al.. à..au... »

Je pousse un soupir et grimace une nouvelle fois, je dois puiser à l’intérieur pour sortir quoi que ce soit, je ne sais pas combien de temps ça va durer, mais j’espère que ça va vite partir afin de reprendre ce qu’on a commencé pour me barrer d’ici au plus vite.
Tu forces sur mon bras pour dégager ce que je cache, tu peux voir qu’il n’y aucune blessure ou tache de sang sur mon torse ou au niveau de mon ventre, je lâche un nouveau soupire de douleur face à toi, je n'arrive plus à cacher ce que ma douleur m’inflige, ça fait tellement mal. Je lève mes yeux humides et emplis de larme de souffrance, je passe ma main sur mon visage pour essuyer l’humidité qui y coule.

 « De...L’Oxycodone.
Rapporte-moi de l’Oxycodone. »

Je sais que c’est mal et que je dois le prendre en cas d’extrême urgence étant donné qu’il est classé dans les opioïdes les plus additifs du pays, j’ai pas envie de devenir accros, mais j’ai tellement mal que je m’éclaterai la tête pour que la douleur se propage ailleurs.

 « S’il... te plaît... »

Les larmes invisibles qui coulent à l’intérieur sont désormais de plus en plus difficile à sécher et à retenir, je ne suis pas triste, ni heureux, je suis juste fatigué, épuisé, ces faux sourires ne font que cacher de réelles douleurs. Cette souffrance va-t-elle s’arrêter un jour ? Je suis resté silencieux, j’ai dormi et je suis resté seul pour éviter de refléter ce qu’il se passe dans mon corps intérieur, je pensais avoir trouvé une solution, mais c’est tellement difficile à le cacher. Je n’ai pas besoin de ton aide, laisse-moi tranquille, mon âme est épuisée, mes larmes sont tellement lourdes quand elles perlent sur mon visage.
Si la terre est belle, le monde est pourri, je me remémore que j’ai dû faire comme si ça ne me touchait pas, mais devoir te montrer mes émotions pour la première fois me brusque et me crispe intérieurement, mais comment te dire qu'elle me tue et que c'est pire encore ?

L’Oxycodone te donnera un potentiel indice sur ce qu’il se trame sur ma santé, même si ce médicament traite plusieurs pathologies en même temps, c’est l’opioïde le plus fort sur le marché, il est même considéré comme un stupéfiant sur notre territoire et il n’est prescrit que sur ordonnance, je ne connais que trop bien que le trafic se bat pour en vendre illégalement, je n’aime pas en prendre, car je sais quels sont les risques, j’ai toujours refusé de les prendre, mais je crois que je vais devoir lever la main pour en prendre, il ne fait qu’une seule gélule de 15 mg pour soulager une douleur quelconque.

Alors que tu hoches la tête suite à ma demande, je me retrouve rapidement seul, je n’ai jamais eu de douleurs aussi prenantes, intérieurement, je me soucie de mon sort, je me demande si j’aurai le temps de faire tout ce que je voulais faire et que mon corps serait assez patient pour attendre un rein. Je sens que mon front transpire, il perle des gouttes salées que j’essuie avec ma main, j’ai chaud et j’ai terriblement froid aussi, je me sépare de ma veste et décide de la remettre quelques secondes après, ma respiration est tremblante, j’ai la tête qui tourne tellement la douleur puise dans ma force.

J’entends tes pas revenir auprès de moi, je te regarde faiblement et évite encore ton visage, j’ai du mal à me dire que quelqu’un essaye réellement de m’aider, pourquoi est-ce que tu fais ça réellement ? Je regarde la boîte que tu me tends, tu peux voir que mon teint est blanc, je soupire, je n'ai pas le choix pas vrai ? Maintenant, c'est plus selon mon envie… Je prends la boîte.

 « ...Mer...ci... »

J’ouvre la boîte, je me fais glisser une gélule dans la main, je tremble et manque de faire tomber la plupart des gélules sur le sol terreux. Je prends une gélule et l’avale, pensif, je passe mes mains sur mon visage et retirer l’humidité que refroidit mes joues, je me sens tellement mal, tellement comme un moins que rien, à être incapable de faire un seul petit truc. Je n’ose imaginer la suite de ma pathologie, est-ce que je vais souffrir quand la fin sera proche ?

 « ça… devrait bientôt… passer. »

ça dure depuis combien de temps?
Tout dépend… Depuis combien de temps, j'ai mal ? Depuis combien de temps, j'ai été diagnostiqué ? Depuis combien de temps les douleurs ont-elles reprises ? Depuis combien de temps, je prends de l’Oxycodone ? T’intéresses-tu seulement à moi ou c’est simplement par pitié ?
J’ai mal depuis tellement longtemps que j’ai arrêté de compter les jours et les nuits, j’ai arrêté d’espérer en me disant que ça finirait par aller mieux, j’ai fini par me mettre à l’idée que ma seule issus sera la mort, aucun de vous n’irait me donner un rein, je le sais pertinemment, je peux peut-être voler des escrocs et m’en mettre plein les poches, mais je peux certainement pas voler un rein et encore moins vous imposer à le faire, la liste d’attente est encore bien longue, j’ai le temps de crever au moins dix fois avant d’avoir une transplantation rénale.

Mes douleurs ont commencé en été 2010 et c’est quand j’ai frôlé la catastrophe en 2015 qu’on m’a posé ce fichu diagnostic, mais ça, tu t’en fiches, toi, t’es en parfaite santé, moi, si ça continue comme ça je ne serai plus là dans quelques années, je n'ai jamais voulu toucher à cette merde, mais regarde où j’en suis, presque agonisant de douleur, je n'ai pas le choix, tu ferais quoi toi à ma place ? Qu’est-ce que vous… Vous feriez à ma place ?
Je ne suis pas fier de ce que je fais, j’ai mal et c’est tordant de douleur, j’ai la sensation que mon abdomen au complet veut se faire la malle.

Je ne sais pas si je suis mieux avec ou sans ma veste, mais les deux me font du bien, je sens mon front perler de sueur, non seulement à cause de la douleur, mais aussi de la chaleur, il fait chaud non ?
Pourquoi est-ce que tu m’aides ? Non, arrête s’il te plaît… Ne fais pas ça, je n'ai pas besoin de toi, va-t'en. Je me retrouve aussitôt calé contre sur une surface légèrement pentue, je n'ai même pas la force de te repousser pour que tu me foutes la paix, ce n'est pas compliqué pourtant ? J’ai besoin de personne ! On ne m'a jamais aidé jusqu’à maintenant et je n'ai pas besoin d’un bon samaritain, mes yeux fatigués se posent sur toi, je lâche un soupire nasal avant de te répondre faiblement.

 « ça m’a pris d’un coup, ce n'est rien, ça va passer. »

Non, ce n'est pas rien et ça ne passera pas, je le sais, je le sens au plus profond de moi, ce n'est pas le genre de douleur que j’ai habituellement, cette gélule m’a déjà sauvé la mise une fois, elle peut le faire une seconde fois, mais cette fois, il ne faut pas que je me retrouve à dormir sur les cuisses de quelqu’un d’autre, je n'ai pas envie de t’en détaillé trop, ça ne te regarde pas et de toute façon, tu t’en ficherais totalement.

J’aperçois le pharmacien revenir, d’un simple coup d’œil, je vois qu’on a effectivement bien déblayé l’entrée, j’entends le vent faire craquer les murs, on pourrait presque croire qu’ils vont finir par tomber tellement c’est violent à l’extérieur.
Sans un mot, je vous regarde tous les deux, fatigué par l’évènement, même si la gélule semble commencer à faire son effet, je dois attendre qu’elle atteigne et calme entièrement mon organisme.
Je te laisse aller faire le tour, de toute manière, si je viens, je finirai par te ralentir et je n'ai pas envie que tu me portes comme dans les contes de fées. Je lève la tête sur le plafond, celui-ci tremble et la poussière virevolte jusqu’au sol, retombant gracieusement sur nous, celle-ci me fait éternuer, putain de poussière à la con.

 « Ok, je vais essayer de te suivre, vas-y, je te rejoins. »
Sans comprendre comment, ni pourquoi, tu me fais me relever et cale ta main sur ma taille, je soupire lourdement, je n'avais pas besoin de ton aide ! Je gère totalement la situation. Ta main appuis sur mon hypocondre douloureux, je grimace pendant que tu m’aides à me diriger jusqu’au sous-sol où tout le monde semble déjà à l’abri.
On descend les marches et apprécie sans l’avouer ton aide, je n'aime pas redevoir les gens.
Tu m’aides à nouveau à m’installer et lâche un gémissement de douleur quand je touche le sol, mes yeux glissent lentement sur toi, quand tu finis par rejoindre mes côtés.

 « Je n'ai pas besoin de me reposer, ça va beaucoup mieux, de toute façon, je ne vais pas aller quelque part, on est tout bloqués ici… Vivement qu’elle se termine cette putain de tempête. »

Je soupire une nouvelle fois, franchement quelle idée aussi d’être venu ici, alors qu’il y a une alerte tempête, je me sens terriblement con. Alors que je me perds dans mes pensées, je vois que tu me tends une bouteille d’eau.

 « Merci, mais tu ne crois pas qu’on devrait se rationner ? Enfin… Merci. »

Tu fais chier, pourquoi t’es sympa ? Tu ne pouvais pas être con et sans cœur, voir sans intérêt ? Je prends la bouteille dans mes mains et bois quelques gorgées, je ne veux pas boire plus, on ne sait pas combien de temps, on va rester ici, même si l’eau me fait du bien, il faut qu’on garde ce breuvage pour plus tard.
Je soupire, t’sois qui ? Mon père ? Tu commences à me gonfler.

 « Pourquoi tu fais ça ? » J’ai pas besoin qu’on me materne…
 « Je ne suis pas vraiment fatigué, mais si tu veux fermer les yeux, vas-y. »

Quand je vois l’équipe qu’on est, on dirait qu’on est fait comme des rats, coincé dans un labyrinthe où tous les murs se seraient refermés, les uns après les autres, je veux sortir ici et je crois que l’air pur me manque presque.
Ta question me fait tourner les yeux en ta direction.

 « Ouais, je suis Marshall, Sergent.  Depuis 2010 et toi alors ? »

Je rêve ou tu veux papoter avec moi ? Moi qui pensais que tu étais une véritable porte de prison gardée par quatre gardiens pénitencier aussi froid l’un que l’autre.
 « J’avais besoin de mes médicaments, je n'ai pas anticipé.
Je me demande ce qu’un Sergent vient faire dans une pharmacie.
Quand je vois le temps de chiotte, je me dis que j’aurais dû attendre, mais bon… J’ai fait tout ce qu’on nous a interdit de faire : sortir de chez soi. »