Because i'm broken inside

Elijah & Alexander

« Un pas de plus pour se perdre...»

J’ai du mal à m’y faire. L’idée d’être père. J’sais pas encore comment je vais faire. Je me sens vide, apathique, amer. Le monde continue de tourner tandis que moi, je suis à l’arrêt, parce que j’suis cassé. Ana est à cran. Le manque la rend cinglée. Des fois j’ai envie de l’insulter, de l’envoyer chier. Et quand c’est comme ça, j’préfère me barrer, avant que les mots ne dépassent ma pensée. Je ne l’aime plus c’est un fait. Et ce qui me tue, c’est que j’commence à me dire que les filles c’est plus vraiment mon truc. Rien qu’hier, j’me suis tapé un mec au Babylon. J’l’ai baisé dans les toilettes. J’ai adoré ça. Et le pire, c’est que j’ai envie de recommencer...

J’me dit que j’suis pas normal. J’suis qu’un putain de monstre de foire. J’arrive pas à en parler. Ce que vous lisez ne sort pas de ma bouche, mais émane du feu de mes pensées que je tente d’étouffer. J’suis pas pédé putain ! j’suis pas pédé ! j’traverse juste une mauvaise passe. J’traverse une mauvaise passe…

Assis, seul au comptoir, je regarde désespérément dans le vide en songeant à ce bébé, à ce que je suis devenu et ce que je vais devenir. J’me sens déboussolé, perdu. J’ai l’impression d’être au fond du trou. J’voudrais m’oublier un soir, appuyer sur pause pour souffler, juste un peu : une Vodka s’il te plait, que je demande à la serveuse qui me sert assez rapidement.

Mes doigts caressent très lentement mon verre froid avant de l’amener à mes lèvres pour en boire quelques gorgées. Noël approche. J'n'ai même pas envie de le fêter, ni d'aller chez ma mère, surtout si c'est pour se coltiner ce connard Larry et son bouffon de père. J'veux voir personne. J'veux juste...qu'on me laisse tranquille. Et si j'partais ? Loin d'ici, sans jamais me retourner. Je sais que j'avais dit que j'étais pas le genre de connard à se tirer quand il apprend qu'il va avoir un gosse. Mais, ça serait tellement plus simple de disparaitre. À qui je manquerait franchement ? Quand je regarde mon reflet dans le miroir, je déteste ce que je vois. Et l'espace de quelques secondes, je me vois tenant cette lame et je me libère de mes tourments en m'ouvrant les veines. Ouai...Parfois, j'ai juste envie de crever.

Mais, plus j'y réfléchis et plus je réalise que la seule chose qui me retient encore ici, c'est cet enfant. J'suis pas prêt, c'est un fait. Mais j'veux le connaitre, incarner tout ce que mon père n'a jamais pu être, offrir tout ce qu'il ne m'a jamais su me donner. Parce qu'il n'a pas à payer pour nos conneries. Je sais ce que je veux, mais j'ignore si j'en suis capable et si j'y arriverai...

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Elijah & Alexander

« Un pas de plus pour se perdre...»

Cinq jours.. ou du moins c'est ce qu'il a demandé de congé, une job a faire pour les Crows et donc il avait dû s'absenter. Le voilà revenu à temps pour prendre son quart de travail, une sur le front, une blessure dans le dos, un coup de lame lors d'une altercation, qui a dit qu'être nettoyeur était facile, une autre cicatrice à mettre sur son compte, il y avait aussi la coupure sur sa jambe, mais ça allait. Il était rentré en retard dans le Raven saluant ses collègues et clients habituels qui le connaissait. Il passe rapidement au casier du staff et revient prêt à commencer au bar, la liste des événements ne se trouvant pas chargée pour le moment, il n'y aurait donc pas de surcharge, il pouvait donc prendre son poste au bar, faisant le tour, il ordonna à une de ses collègues de remplir les fruits, frigidaire et autre truc qui selon lui en avait besoin. C'était ce qui était bien au Raven, il dirigeait la direction du bar, Oswald lui avait laissé les règnes, bien qu'il en était le patron, alors tous ceux qui travaillaient avec lui ce soir, ne faisaient presque rien sans son accord ou répondaient à ses demandes. Il salua finalement la serveuse qui vint le voir.

Eli ! Tu nous as manqué, cinq jours c'est trop long !

Elle l'embrassa rapidement d'un baiser sur les lèvres avant de prendre le plateau rempli de verres d'alcool coloré et de lui faire signe d'un mouvement de tête de regarder au bout du comptoir. Ses yeux suivirent le mouvement et un sourire naquit sur son visage, il était heureux de voir son ami, enfin c'était avant de se rapprocher et de voir la tête qu'il faisait, une vodka, cela faisait combien qu'il enfilait depuis qu'il s'était posé sur le banc. Un soupir perça la commande courbes de sa bouche, mais il se dirigea tout de même au bout, un verre de vodka en main qu'il déposa un peu direct devant lui.

Alors… tu en ai au combien ?

Alexander, il ne s'était pas vraiment parlé durant le mois dernier, ils n'avaient pas non plus mis les choses au clair entre eux. Il devrait lui avouer le pourquoi il est si surprotecteur envers lui, Alita a raison, il a le droit de savoir, mais en même temps il risque de mettre un froid, de tout casser et il ne le peut pas.

Tu fais peur à voir, Alex.
Sweety, j'ai besoin de trois spéciales.
Je reviens.


Il partit faire les cocktails, tout en gardant un oeil sur son ami.

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Elijah & Alexander

« Un pas de plus pour se perdre...»

Alors… tu en es au combien ? c’est lui. Je me demandais combien de temps il mettrait à venir me voir. J’n’ai pas la force pour une énième prise de tête. Je ne relève pas la tête et me contente de lever les yeux pour croiser son regard. Tout comme notre ange de la mort, pas l’ombre d’une expression se reflète sur mon visage.

Commence pas… sur un ton probablement aussi blasé que la gueule que j’affiche. Il a toujours le don de venir me faire chier quand il ne faut pas. À croire qu’il fait exprès. Mon regard en retourne à mon verre sans pour autant en prendre une gorgée supplémentaire. J’ai envie de rien. J’ai envie de crever putain…

Tu fais peur à voir, Alex. mes yeux brillent et rougissent soudain et sans que je puisse lui répondre quoique ce soir, une larme se déverse sur ma joue.
Fous-moi la paix… suppliai-je d’une petite voix étouffée.

Sweety, j'ai besoin de trois spéciales. Je reviens. C’est ça…vas. Il me saoule avec sa putain de bonne humeur. Tout le monde me saoule. Une autre larme que je ne retiens pas meurt sur mon visage. Je relève la tête, conscient de perdre pied dans un endroit où il ne faut pas. Ma respiration s’accélère, j’me lève et j’me casse par la porte de derrière. Une fois dehors, je ne retiens pas ces sanglots, comme une rage intérieure qui ne demandait qu’à sortir. Je titube, n’arrivant pas à supporter mon corps, le poids de la douleur étant si intense et m’attirant plus bas à chaque pas. Finalement, je me laisse tomber à genoux par terre, près d’une grosse benne, les poings accrochés au mur de béton, le front pressé. Le silence de la nuit est soudain déchiré par de profonds sanglots que sont les miens, le visage mort de désespoir, ruisselant, je n’ai plus les mots pour décrire ce que je ressens, alors je chiale comme un enfant…

Et c’est alors que mon regard humide et rougit interpelle ce gros bout de verre, restant d’un cadavre de bouteille. Rapidement je m’en saisis et le serre vigoureusement entre mes doigts. Mon regard humide cette fois jonche mon autre bras, dont je retrousse vivement la manche. Rapidement, je viens déposer la pointe du verre sur ma peau et attends. J’attends….j’attends…la respiration haletante, le palpitant au bord du gouffre, larmes et sanglots incessants. Je tremble, la respiration haletante. J’attends…j’attends et je le plante bien vigoureusement dans la peau en hurlant et pleurant, non pas à cette douleur, car étrangement je ne sens absolument rien. C’est pour cela que je recommence encore…sans rien ressentir que la douleur de mon cœur malade. Cette fois, la lame glisse jusqu’au poignet, où veines et tendons sont là…

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Elijah & Alexander

« Un pas de plus pour se perdre...»

Le nombre de verre qu’il avait bu ne me dérangeait pas vraiment, je préférais nettement qu’il boit au Raven plutôt que dans un bar où je ne me trouvais pas, je savais trop comment pouvais être les gens sous l’influence de l’alcool et ce qui pouvait leur arriver et je ne voulais en rien que cela arrive à Alex. Ce fut sa tête qui m’inquiétait, le regard si troublé, prêt à abandonner tout, sa peau pâle et les cernes qui se coltine signe qu’il n’avait pas fermé l’oeil depuis un moment, il y avait quelque chose qui le perturbait et je n’aimais pas ça, j’allais essayer de lui parler au moment où j'entendis une requête pour cocktail, je promis de revenir, mais je gardais tout de même un oeil sur sa personne de mon poste. Le problème quand c’est ma soirée de gérer le bar, est que je ne peux pas toujours rester au même endroit, il y a plus à faire que de remplir les verres, alors j’ai dû quitter le devant de la scène tout en demandant à ma collègue de garder un oeil discrètement sur lui. Là aussi il y a un hic, elle ne peut pas non plus le surveiller chaque seconde, alors à mon retour quand je vois son banc vide, je panique un peu, demandant où il est partie, ce que personne ne peut me répondre, lui et sa discrétion de tête de mule, même après toutes ses années il fait encore à sa tête lorsqu’il a des problèmes.

Sauf que ce soir, mon instinct me travaille, j’ai ce mauvais pressentiment qui va lui arriver quelque chose, le ventre qui se tord lorsque je ne le vois plus, il avait l’air tellement à terre, j’ai peur. C’est mon prénom utilisé de la bouche de ma collègue, prénom qu’elle n’utilise jamais, toujours à l'accabler de surnom les plus débiles les uns des autres. Alors je sus tout de suite que je ne devais pas traîner, je suis arrivé à la course, suivant du regard où elle m’indiquait du doigt et il était là, accroupi devant les poubelles, les épaules qui tressauter, j’avais peur de me rapprocher, peur de ce que j’allais y voir, mais je le fis, doucement pour ne pas le faire sauter.

Voilà, c’est exactement ça, parfois j’aimerais que mon instinct me trompe, ce que je voyais me tordait le ventre, faisait se briser mon cœur, mes poumons se bloquaient, qu'est-ce qui avait bien pu lui arriver pour qu’il veuille en finir avec sa vie ?

Serviette propre tout de suite.

Ma voix avait claqué dur, mais pas vers lui, vers ma collègue, un ordre, pas prononcer trop fort pour ne pas le faire s’enfuir, mais assez pour qu’elle comprenne que cela ne devait pas traîner et elle avait compris, car j’avais en main un tas de serviette tandis qu’elle repartait à l'intérieur nous laissant là. Ma main avait pris son poignet qui tenait le bout de verre, tranquillement j’en défis les doigts et ce dernier tomba au sol, j’y mis une serviette à la place et mis le reste sur son bras qui saignait abondamment. Je n’avais rien dit encore, je ne savais pas quoi lui dire, que voulez-vous dire à un homme qui avait décidé qu’il valait mieux en finir avec sa vie plutôt que de venir vers son frère de cœur. J’avoue que j’étais fâchée après lui, mais je le gardais enfoui profondément, j’avais fais cette erreur une fois, pas deux. Mes gestes étaient doux autant que ma voix lorsque finalement je décidais de l’ouvrir, mes yeux remplis de larmes, je faisais tout pour ne pas faire trembler mes paroles. Du pouce j’essuyais son beau visage, essayant de lui sourire un peu.

Hey… je ne sais pas ce qui se passe, mais on va régler ça ok. Tu n’es pas seul Alex, quoiqu’il arrive c’est toi et moi. J’ai été con, je le sais, My love, me laisse pas, j’ai tellement besoin de toi..

Deux mots, les plus important de ma vie, venaient de passer mes lèvres personne ne l’a jamais su, sauf Alita et ce soir j’avais senti le besoin de les dire.

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« Un pas de plus pour se perdre...»

La troisième sera la bonne. Elle marquera la fin, me libèrera de mes tourments. Et alors je serai en paix…oui…en paix…

Le verre pointu, tranchant et ensanglanté allait machinalement s’abattre sur ma quintessence de vie, quand mon mouvement se retrouve stoppé de justesse dans son élan. Je ne réalise pas. Mon regard demeure morne, immobile et éteint. Je sens la douleur d’une main esseulée délier mes doigts de l’objet du crime qui, dans sa chute vient claquer contre le béton craquelé. La chaleur bienfaitrice d’un tissu s’enroule autour de mon avant-bras. Je reste pantois, les joues toujours humides quand la douceur de son pouce vient danser sur ma joue.

Hey… je ne sais pas ce qui se passe, mais on va régler ça ok. Tu n’es pas seul Alex, quoiqu’il arrive c’est toi et moi. J’ai été con, je le sais, My love, me laisse pas, j’ai tellement besoin de toi. Besoin…de moi ? je reconnais sa voix. Elle me ramène hors de mes pensées lugubres. Mes paupières papillonnent deux ou trois fois avant que mon regard ne le découvre, accroupi devant moi. Il prend la direction de ses prunelles, soudain brillantes et embuées. Un triste rictus tente d’étirer le creux de mes lèvres, mais l’agonie de mon cœur le chasse et me donne simplement envie de m’abandonner au pied de cette benne.

Il est là. Après tout ce qui s’est passé. Il est toujours là…Eli... s'étouffe ma voix.

Mon corps bascule en avant et se laisse doucement tomber dans ses bras tandis que je cale mon visage contre son épaule sans pour autant cesser pleurer…

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« Un pas de plus pour se perdre...»

Une soirée tranquille, c’était un jour où normalement il n’y a pas tant de monde, je me suis dit que je pourrais prendre ça relaxe, en plus qu’on avait rien sur la liste des clients important, mais non, foutu destin. Il fallait que j’y penses, que je dise que le tout sera tranquille pour que la soirée vire au cauchemar, lorsque j’avais vu son visage si pâle, ses yeux qui appellent à l’aide sans vraiment le prononcer, j’avais su que je ne devais pas le lâcher deux secondes, sauf que j’avais dû quitter pour aller en arrière, j’avais dû parler à un client et il avait disparu de mon champ de vision, même de la salle et j’ai su que si je ne le trouvais pas dans les prochaines minutes, je ne le reverrais plus. Alors j’avais couru partout à sa recherche, pour finalement entendre mon nom prononcé par la personne qui ne le disait jamais, la peur au ventre j’étais aller la rejoindre, la peur au ventre, je m’étais rapproché, la peur au coeur j’avais pris son bras pour lui enlever le bout de verre pris entre ses doigts. Mes yeux qui s’embuent de larmes, je devais lutter pour garder mon calme, je ne savais rien de la situation, mais j’étais si frustré qu’il ne penses pas a venir me voir plutôt que d’en arriver là, c'est toujours la même chose, il a un problème, il disparaît.

Mais je ne dis rien, je pose les serviettes sur son bras pour arrêter le sang couler, mon autre main qui vient essuyer les larmes de son visage, laissant une trace rouge dessus sans le vouloir. Je me surprends moi-même à réussir à lui parler d’une voix douce et posée, sans tremblement ou rage, bien calme. Il ne semble pas me voir au départ, mais finit par réagir à ma dernière phrase, ses beaux yeux si triste papillonne pour finalement me voir, mon surnom est prononcé doucement, d’une voix si lointaine, il me fait mal au coeur, je passe à nouveau mon pouce sur sa joue, un léger sourire sur mon visage.

Hey babe.

Je ne l’ai jamais appelé ainsi avant, jamais oser, mais je ne réfléchis pas vraiment à ce que je dis pour le moment, je pense seulement à lui. Il se laisse tomber sur moi, son visage dans mon cou, je sens ses lèvres effleurer ma peau et sa respiration s’écraser sous mon oreille, je frissonne malgré moi, je dois fermer les yeux pour garder le contrôle, jamais nous avons été aussi proche et puis je reste humain, le mec que j’aime est sur une partie sensible de mon visage. Je reprends pied et passe mes bras sous les siens afin de le relever doucement, je le passe derrière moi, le prends sur mon dos et nous ramène à l’intérieur dans le bureau derrière le bar, il sera tranquille au moins. Je le dépose sur le canapé avant de sortir chercher la trousse de premier soins, il ne peut rester avec une serviette sur le bras toute la nuit, à mon retour, je prends son bras sans rien faire, je le regarde.

Tu me laisses regarder ? Il faut nettoyer.

J'enlève la serviette pour la passer rapidement sur ma propre main, j’ai dû la déposer au sol lorsqu’il est tombé sur moi et quelques bouts de verre ont pénétré la peau, rien de grave, pour le moment je veux être certain qu’il est correct.

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Elijah & Alexander

« Un pas de plus pour se perdre...»

J’ai la tête lourde, je suis comme une ancre qui se laisse tomber dans les profondeurs jusqu’au terrible point de chute. Je touche le fond. Littéralement. Je ne veux pas remonter. J’ai envie de crever. Qu’on me laisse entre ces bennes, car c’est là ma place à me vider comme un porc. J’suis un connard. Un putain de menteur. Je fais les mauvais choix, et j’assume pas le revers de la médaille que j’me prends de plein fouet. J’suis mal dans ma peau. J’voudrais me l’arracher et être quelqu’un d’autre. Je pisse le sang. C’est pas grave, c’est même très bien. J’ai pas envie de continuer avec ces poison qui me bouffe de l’intérieur. Ça me détruit. J’en arrive au point où je ne ressent même pas la douleur infligé à mon avant-bras. Je ne sens rien, rien que l’Agonie dans ma cage thoracique.

J’ai la tête lourde, je suis comme une ancre qui se laisse tomber à la mer. Je bascule en avant pour me retrouver là où je n’ai jamais été. On a beau être potes, je n’ai jamais été du genre calin. Pourtant ce soir, c’est ma bouée de sauvetage : Hey babe. ta main sur ma joue, puis ta voix qui m’attrape en plein vol. Babe...babe ?

Je me sens remonter, comme tiré de force vers la lumière. Eli est en train de relever ma carcasse fébrile pour me porter sur son dos, non sans tâcher ses fringue de rouge carmin. J’sais pas trop où il m’emmène, j’suis un peu dans le coaltar. Finalement, le moelleux du canapé ralenti ma chute lorsqu’il m’y dépose. Assis, le regard fatigué et l’air hagard, tu pars vadrouiller je ne sais où pour venir avec une minable petite trousse de soin : Tu me laisses regarde. Il faut nettoyer. Non. Tu sais bien que je ne mérite rien. Pourtant, j’suis trop fatigué pour répondre. J’me contente de suivre le mouvement. J’bouge pas. J’réagis pas. J’suis comme éteint, tandis que machinalement mon bras est à ta portée. J’te laisse faire tandis que mon esprit vagabonde dans mes pensées. Mon palpitant se serre de nouveau, et l’envie de chialer me revient : Ana est enceinte... que je lâche soudain. Silence. Silence. Silence. Je ferme les yeux, baisse la tête pour cacher mes yeux humides...

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Elijah & Alexander

« Un pas de plus pour se perdre...»

Je ne sais pas ce qui m’a pris de tomber amoureux de lui, être épris d’un homme qui aime le sexe opposé, c’est comme signer un contrat pour terminer sa vie seul, surtout si cet homme est votre meilleur ami. J’ai eu des relations, mais rien de durable, rien qui ne se comparait à lui et aujourd’hui, il est là à nouveau accroché à moi comme une bouée. On ne s’est pas vraiment parlé depuis des semaines et ce soir il revient vers moi parce qu’il a besoin d’aide. Je sus que j’étais foutu au moment où je me suis penché à son niveau cherchant à savoir ce qui lui arrive, j’aurais pus juste l’ignorer, mais non, je suis amoureux et il va mal. Une nouvelle fois, je ferme mon coeur, je contrôle mon envie de sa chaleur et je fais ce qu’il faut. Je n’ai pas calculé les mots qui sont sortis de ma bouche, le surnom que je lui ai donné, mais il semble avoir fonctionné, car il reprend pied avec la réalité et me voit. Sa tête sur mon épaule, je fais ce qu’il faut pour le relever et l’apporter à l'intérieur, il faut soigner cette coupure qu’il s’est faite avec la vitre de bouteille. Ma main tire un peu lorsque je commence à soigner sa plaie, assis dans le bureau des employés, j’essaie de voir à quel point il s’est ouvert le bras. On manque de lumière, ma main saigne aussi, mais je ne fais que la passer sur la serviette que je viens de lui enlever, je m’occuperais de cette dernière après lui.

Un coup de désinfectant sur sa plaie, je vois finalement le résultat, je devrais l’apporter aux urgences, mais lui comme moi ne faisons pas bonne figure dans ce genre d’endroit. Avec le temps, la vie que je mène j’ai appris rapidement à m’occuper de mes blessures, je fais la même chose avec son bras. Désinfectant, pansement de rapprochement, je dois pincer un peu la peau pour fermer la plaie, puis je place un bout de tissu plus large par-dessus pour protéger le tout. Il n’a pas dit un mot depuis qu’on est rentré, il m’a laissé faire, le regard perdu dans le vide. Je passe mes doigts sous son menton pour le voir, mon autre main sur sa joue, je veux qu’il me parle, qu’il me revienne.

Tu sais que tu peux tout me dire. Alex, parle-moi.

Ma voie est presque suppliante, apeuré de ce qu’il va me dire, mais je veux savoir, je veux être le support dont il a besoin dans sa vie et non celui qu’il le jugera, je tuerais pour lui s’il me le demandait. Parfois je me dis que je devrais faire attention à ce que je demande. Oui, je voulais savoir, mais pas ça. Il vient de me foutre un coup de poignard dans l’estomac, d’un coup sans avertissement, je voudrais pleurer, mais je ne le fais pas. J’ai dit que je serais à ses côtés peu importe même pour ça. Je vois qu’il veut aussi pleurer, ça doit être un coup dur pour lui, un autre parmi tant d'autres. Je prends son visage à deux mains et fait en sorte qu’il voit mon regard.

Tout va bien, tu vas être un super papa. On va tout faire pour ça.

Je soupire, le regard finalement dans le vide de la pièce à mon tour. Il faut croire que j’ai vraiment perdu toute chance avec lui. Finalement c’est un rire qui passe mes lèvres, rire nerveusement ou simplement pour détendre mes nerfs, pour évacuer la nouvelle. Je range la trousse de premier soin, j’ai peur de le regarder. Faut croire que je n’ai plus peur de lui dire, puisque la phrase qui sort de ma bouche n’est pas celle que je voulais dire.

Faut croire que j’ai vraiment perdu toute chance avec toi.

Je le regarde finalement un vrai sourire sur le visage.

Je vais être oncle !

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Elijah & Alexander

« Un pas de plus pour se perdre...»

Je sens le froid parcourir mon bras, la sensation humide du désinfectant sur ma plaie, le sang s’écouler et se mourir dans la compresse et pourtant la douleur ne m’atteint pas. Tu me redresse le menton pour chercher mon regard, mais crois-moi, il n’y a rien de bien gratifiant à y trouver, juste le Néant et l’apathie à perte de vue : Tu sais que tu peux tout me dire. Alex, parle-moi.  

Je sais Eli. Je sais. Sauf que les mois se sont écoulés, qu’entre nous c’est plus ce que c’était. Alors...pourquoi tu es encore là ? Je peux sentir l’angoisse dans les octaves de ta voix, cette inquiétude qui te prend lorsque tes yeux se posent sur moi. Malgré la distance que j’ai imposé entre nous, malgré ce qui s’est passé, tu t’accroches à notre amitié. Il faut dire, parfois, j’en oublie ce que nous avons traversé ensemble toutes ces années. T’étais là depuis le début. T’as toujours été. Et même si t’agis comme un con, ça a toujours été dans mon intérêt, même cette fois, quand on s’est accroché. J’me dit que j’ai peut-être été trop dur avec toi, que la solitude que j’ai choisi d’embrasser m’a rappeler ce qui comptait le plus. J’en ai marre. J’suis fatigué de me battre. Je rends les armes…

Je t’annonce le pot aux roses. Une nouvelle qui te prend de cours. C’est pas vraiment le genre de conversation qu’on entretenait toi et moi. Et comme tu peux le voir, j’suis encore sur le cul. Mais, plus j’y repense et plus j’me que cet enfant n’est pas le réel problème...Tes mains capturent mon visage et m’incitent à te regarder : Tout va bien, tu vas être un super papa. On va tout faire pour ça.

Je te fixe, pantois, les yeux légèrement arrondis. Ca me fait bizarre de parler de ça avec toi. J’réalise pas encore ce qui m’attend. Et, quand je te regarde, j’ai l’impression que ça fait une éternité qu’on ne s’était pas vu. Tu es toujours le même. Je déglutis, un peu surpris par ton subit enthousiasme. Un sourire en coin fugace étire le creux de mes lèvres. Un super papa. Je n’ai aucune idée de ce c’est. Il faut dire que je n’ai pas pu bénéficier d’un exemple paternel très gratifiant à la maison. Mais est-ce réellement le problème ? C’est...pas ça le problème...

Tu te terres soudain dans le silence, le regard rivé quelque part dans la pièce tamisée. Tu laisses échapper un étrange petit ricanement et te contentes de ramasser les compresses, le désinfectant et tout le nécessaire de soin : Faut croire que j’ai vraiment perdu toute chance avec toi que tu lâches tout à coup en prenant soin d’éviter mon regard. Est-ce que...j’ai bien entendu ? J’avoue que l’espace d’un instant, je me demande si je n’ai pas rêvé. Je te dévisage, incrédule, les prunelles rivées sur toi. Quoi ? Je...tu? Comment ? Depuis quand ? Une sensation singulière me prend dans la cage thoracique. Je ne me serais jamais imaginé que tu puisses attendre quelque chose...Je ne t’ai jamais vu autrement que comme mon meilleur ami. Mon frère. Parce que, avant, c’était évident. Mais depuis que je me tape des mecs, tout est confus. Je ne me serai jamais imaginé, à l’heure d’aujourd’hui me poser autant de question. Est-ce que je te vois comme ça ? Je te dévisage en silence, l’esprit trituré par mille et unes pensées à ton sujet. J’analyse chaque trait qui façonne ton visage, chaque mimique, chaque battement de cils, chaque déglutition qui fait mouvoir ta pomme d’Adam. Je peux voir les battements de ton cœur palpiter sur les veines de ta gorge. Serais-tu...nerveux ? Plus je m’attarde sur ta personne et plus je me rends compte que t’es pas mal. Je mentirais si je disais que ton aveu me laisse de marbre. En réalité, ça me perturbe un peu. Mon palpitant en témoigne en assénant ma cage thoracique de ses assauts répétés. Est-ce que...je devrais ?

Je vais être oncle ! que tu renchéris avec un sourire. Oh, et puis merde, j’en ai marre de réfléchir. Je glisse une main sur la naissance de ton visage, quand ensuite mes doigts serpentent doucement vers ta nuque. Je t’attire à moi et viens t’embrasser.

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Elijah & Alexander

« Un pas de plus pour se perdre...»

Enceinte. Ce mot venait de me geler le coeur a un peu plus qu'il ne l'était déjà. J'étais assommée, la vérité me frappait en plein visage. Mes espoir était déjà moindre de terminer mes jours a ses côté, là il venait de m'enfoncer le couteau dans le coeur détruisant toute mince chance d'espoir. En même temps, ce fut une libération, liberté de finalement lui dire ce qui rend mon coeur lourd, me libérer de cette prison dans laquelle je m'étais enfermé depuis notre jeunesse.

J'ai à peine réussi à entendre sa phrase, mes oreilles bourdonnaient tandis que je terminais de panser son bras. Si être père n'est pas le problème où se trouvait il, parce que moi je ne me rappelle pas d'un modèle paternel qui fait du sens dans nos vies.

C'est quoi alors ?

Serviette rougie, papier éparpillé sur la table, je m'efforce de tout nettoyer, je devrais brûler les serviettes, défaut de professionnels, depuis que je suis homme à tout faire pour mon patron, je fais tout pour effacer la moindre trace de ma présence. Le sang est une énorme trace. Je me refusais à le regarder tandis que je nettoyais le tout, je me mis même à fixer le vide afin de remettre mes pensées en ordre. J'avais fait une promesse un jour, je serais toujours à ses côtés et ce soir ça ne changera rien. Une claqué mentale plus tard, je pus le regarder a nouveau, sourire à peine forcé, j'allais être un oncle, je serais sa roue de secours, son support. J'y connais rien en gamin, mais japprendrais, pour lui. Il me fixe, ça doit faire un moment, je sentais ses yeux sur moi sans oser le regarder et maintenant que je l'ai fait, son regard me perturbe. Il analyse d'une façon que je ne connais pas et cela me rend de pierre. Je n'ose pas bouger, encore plus lorsque sa main se dépose sur ma nuque et me tire vers lui.

Mes poumons ne respirent plus, mon cœur veut exploser, mon estomac se serre, il a déposé ses lèvres sur les miennes. C'est chaud, plaisant, c'est ce que j'attends depuis notre adolescence. J'y répond franchement peut-être un peu trop toute retenu m’a quitte. Je me relève sur mes genoux l'écrasant un peu de mon poids. Ma langue cherche la sienne. C'est magique, mes sens explose, j'oublie presque les derniers événements de ce soir.

Patron! Oh putain pardon..

Je grogne en me retournant vers l'intrus. Mes yeux devaient parler pour moi, car je le vis ratatiner sur place.

Une commande spéciale et un compte.

Un baiser rapide sur le front d'Alex, je me dirigeais vers le bar, non sans avoir ordonner a l'idiot de rester là le temps que je revienne. En même temps, cette interruption était peut-être une bonne chose. Qu'est-ce que j'étais en train de faire !