Dahlia Hortensis

Alita & Alexander

« La famille n'est pas toujours une question de sang. »

« Tu crois qu'elle est assez cuite ? » t'interroge Amâ dans la langue chantante qu'est la vôtre.

Toutes les deux penchées sur le hublot du four, vous observez la dinde dont la couleur caramélisée et le délicieux parfum semblent plutôt rassurant pour le repas qui vous attend. Tu ne doutes pas de la cuisine de ta mère : elle a toujours su apporter à ses plats cette touche parfumée qui vous faisait voyager, ton frère et toi, loin, vers des contrées qu'elle avait connu autrefois et dont vous ignoriez tout. Déracinée jusqu'ici, la vie américaine aurait pu avoir raison de sa foi et pourtant, même amochée par une pratique moins assidue, faute de facilités, la foi d'Amâ était restée intacte en son sein.

Elle aurait pu laisser derrière elle ces fêtes tenant plutôt du calendrier chrétien pour se consacrer seulement à celles qui la concernaient. Mais pour ton frère et toi, elle faisait le choix de continuer certaines d'entre elle sans jamais chercher à vous convertir de force. Elle répondait toutefois à la ta curiosité sur le sujet.

Tu esquisses un sourire en humant les délicieuses vapeurs épicées qui s'échappent du four : pour accueillir et présenter Apa à Alexander, elle a profité de cette occasion pour partager un repas symbolique.

EN PERSAN - « Ca a l'air délicieux... Mais je ne suis pas certaine que l'advieh khoresh fasse partie de la recette typiquement américaine...» lui réponds-tu, avec un petit sourire complice.

Elle rit de bon cœur en jetant par-dessus son épaule un torchon, prétextant que, naturellement, leur cuisine est bien trop fade à son goût. Apa est le premier à arriver. Il te prend brièvement dans ses bras, quand il te salue, te demandant comment tu te sens : depuis les événements d'Halloween, chacun veille sur toi, chacun est soucieux de ton état. On t'aurait probablement pensée traumatisée par ces événements, mais, ce n'est pas le cas, même si les insomnies ne t'ont pas quittées, amenant avec elles leur lot d'obsessions...

Quand ton frère toque à la porte, tu décides d'être celle qui l'accueillera pour le prévenir, afin qu'il ne soit pas trop pris de court... Tu viens ouvrir la porte et lui adresse un sourire doux et franc quand tu viens pour le prendre dans tes bras. Tu te montres soucieuse, un instant, parce que tu sens, tu sais, qu'il n'est pas tout à fait comme d'habitude, même si ce quelque chose t'échappes.

« Est-ce que ça va ? ...Ecoute, on ne sera pas que tous les trois... Amâ veut te présenter quelqu'un... Si elle ne t'en a pas parlé avant, c'est qu'elle ne voulait pas que tu t'inquiètes.» lui dis-tu, dans un murmure, ta main venant doucement chercher celle de ton frère pour l'entraîner à l'intérieur. « Sois gentil avec lui... Elle l'aime beaucoup. Moi aussi...»

Tu lui souris et vous pénétrez dans le salon d'où vous pouvez entendre les rires de votre mère et de celui qui représente à tes yeux une figure paternelle...

Une belle famille

Alita & family & Alexander

« La famille n'est pas toujours une question de sang. »

Gaustave Flaubert un jour a écrit : « L'avenir nous tourmente, le passé nous retient, c'est pour ça que le présent nous échappe” » Putain…il savait de quoi il parlait ce con là ! Depuis trois semaines, je n’ai plus les idées claires. Je ne dors mal. J’n’ai pas d’appétit. J’n’arrive plus à rien, tracassé par cette histoire de grossesse. J’ai du mal à encaisser que bordel…j’vais avoir un gosse ! j’étais pas préparé à ça. J’comptais en finir avec cette relation, cesser de mentir à moi-même et prétendre un amour qui s’est fané depuis un bon moment. J’voulais passer à autre chose, tourner la page et écrire une nouvelle histoire. Mais cette grossesse vient tout remettre en question. J’sais pas quoi faire, mais j’sais ce qu’il ne faut pas faire. J’suis pas débile, j’vais pas me tirer comme un connard. J’ai un minimum de bon sens et de lucidité. J’suis pas près, c’est un fait. Mais puisqu’il est là, et qu’on ne peut pas défaire ce qui est fait alors…j’assumerai…Après tout, on l’a fait à deux ce gosse ! ce qui me fait chier, c’est cette putain de mascarade…jouer les poétique lover en prétendant que tout va bien, dans le meilleur des mondes. Bienvenu chez les bisounours…

Et la comédie Del Arte continue ! d’ordinaire, j’m’en tape de bouffer chez la daronne. Mais là, j’voudrais juste me terrer au trou du cul du monde et qu’on me foute la paix. Pourtant, pour Alita et elle, j’ferais l’effort. J’espère juste qu’elles vont pas me faire chier pour jouer à leur jeu de merde. J’suis pas d’humeur. Mais, vraiment pas. La vérité…j’suis mort de trouille.

Deux coups. Ma frangine m’accueille d’une accolade et son sourire habituel qui s’efface aussitôt lorsque ses prunelles me sondent avec inquiétude : « Est-ce que ça va ?

Ouai ouai, répondis-je avec agacement sans daigner la regarder. J’n’ai clairement pas envie d’aborder ça ce soir. Mais heureusement, elle ne relève pas et m’annonce un étrange imprévu: Ecoute, on ne sera pas que tous les trois... je relève la tête pour l'interroger du regard.

Amâ veut te présenter quelqu'un... j’arque un sourcil, perplexe. Quelqu’un ? c’est quoi ce traquenard ?

Si elle ne t'en a pas parlé avant, c'est qu'elle ne voulait pas que tu t'inquiètes.» qu’elle me murmure m’entraînant avec elle à l’intérieur. Que j’m’inquiète ? que j’m’inquiète de quoi ? Sois gentil avec lui... Elle l'aime beaucoup. Moi aussi... mes sourcils se froncent d’agacement à mesure qu’elle tourne autour du pot. Elle fait toujours ça quand elle veut m’annoncer un truc qui va me faire chier ! J’aime pas ça !

On arrive au salon. J’entends des gloussements depuis la cuisine, et vu le timbre grave qui se mêle à la voix de ma mère, je devine où Barbie veut en venir. Oui Barbie ! Je l’appelle comme ça quand elle me saoule, parce que là clairement, j’aime pas la tournure que prend les choses. Mon regard contrarié se fige sur le bonhomme en costard miteux qui se tient aux côtés de ma daronne. Il s’avance pour me tendre une main tandis que je me contente de fixer ce bouffon de bas étage : Bonjour Alexander, j'étais vraiment impatient de te rencontrer... c'est quoi ce plan ? Mes yeux observent sa main tendue. J’en reste de marbre, sans l’ombre d’une réaction, d’un mouvement ou de considération à son égard. Mes prunelles viennent à nouveau sonder sa sale gueule avant de regarder l’une après l’autre la daronne et la frangine avec mécontentement: J’peux pas en dire autant. lançai-je sèchement avant de l'esquiver pour me planter devant elles.

J'peux savoir ce qui vous prend ? C’est quoi ce sketch ? balançai-je avec violence et méchanceté. Et ne me dites pas de me calmer. C’est pas vraiment le moment pour me faire chier ! Elles m'ont pris pour un jambon ! Profiter de ce repas de Thanksgiving en famille pour m'annoncer ça. Le type sur son trente-et-un, coiffé comme un nouchema, genre poli propre sur lui pour me faire avaler plus facilement la pilule ? Comme si j'allais tolérer qu'un bonhomme s'improvise mon daron. J'ai eu un daron. Il est mort. Ya rien à ajouter. Elles ont plutôt intérêt à s'expliquer, sinon je prends mes cliques et mes claques et j'me tire fissa!

Dahlia Hortensis

Alita & Alexander

« La famille n'est pas toujours une question de sang. »

Tu sais qu'il ment. C'est une évidence. Il y a bien longtemps que ton frère ne peut plus te mentir sans que tu sentes cette sensation parcourir ta peau. Ton sang n'a pas de mystère, pour toi, de même qu'Âma sait entendre tes préoccupations les plus secrètes dans tes silences. Pourtant, tu n'insistes pas. Parce que tu sais, de toute manière, qu'il ne sera pas dans les bonnes dispositions pour parler de son état. D'autant plus avec ce repas qui s'annonce. A ta sortie de l'hôpital, ton frère a fait ce qu'il a pu pour passer un peu de temps avec toi et il t'a offert une oreille plutôt attentive, mais sans doute n'était-il pas prêt à tout entendre... C'est pourquoi tu as réservé certains points pour d'autres... Le baiser volé et cette soudaine obsession pour son auteur... Tu as évidemment cherché à prendre des nouvelles d'Elijah, tu l'as évoqué, devant Alexander, tu as évoqué son état de santé et la protection qu'il a déployé à ton égard. Tu as tenu ta promesse, de garder son secret, mais malgré tout, tu as demandé à ton frère de prendre de ses nouvelles pour toi, pendant ta convalescence. Tu as hésité à lui parler de cet homme, mais tu l'as finalement fait sans entrer dans les détails de tes tourments...

Il semblait plutôt contrarié, un peu comme maintenant alors qu'il entre dans le salon pour rejoindre la cuisine. Mais pas autant que lorsqu'il découvre Apa dans la cuisine. Tu souris quand ce dernier salue poliment ton frère, en tendant sa main. Tu aimes Apa, tu l'as aimé dès les premières fois : il prend soin de votre mère, il fait naître sur son visage un perpétuel sourire. Il remplit ses yeux et son coeur d'un bonheur que tu ne lui connaissais pas.

Mais peux-tu en vouloir à Alexander de ne pas le comprendre ? Après tout, tu peux comprendre qu'il se sente piégé, mais ce n'était pas faute, pour votre mère Sameen, d'essayer d'amener le sujet. Malgré tout, sa réaction est rude, mal polie même, et tu fronces légèrement les sourcils, alors que votre mère glisse un regard confus et navré à Apa. Elle est désolée, évidemment. Ton regard passe d'Apa à ton frère.

« J'peux savoir ce qui vous prend ? C’est quoi ce sketch ? Et ne me dites pas de me calmer. C’est pas vraiment le moment pour me faire chier !»

Tu ne te fâches jamais avec ton frère, est-ce déjà arrivé, d'ailleurs ? Mais là, tu trouves qu'il se comporte égoïstement. Il ne passe plus autant de temps avec vous, et il te semble qu'il se retrouve dans des histoires douteuses, depuis quelques temps, des histoires dont il ne vous parle pas, ni à toi, ni à ta mère. Mais tu n'es pas dupe, sinon comment expliquer ses absences, ses blessures, ces choses qu'il garde secret. Malgré l'impolitesse que cela représente pour Apa, tu utilises votre langue, en chuchotant, pour t'adresser à ton frère, sans rendre la chose trop inconfortable pour votre invité.

EN PERSAN - « Tu exagères, Alexander... C'est important pour elle, laisse-lui une chance. Elle voulait te voir et t'en parler avant, mais tu es toujours trop occupé. Tu peux faire ça, pour elle, sans te montrer ... trop... grossier ?»

Ton regard émeraude cherche le sien et encourage ton frère à voir par lui-même l'embarras de votre mère. Tes doigts viennent doucement chercher les siens pour l'apaiser. Tu te dis qu'il faudra que vous ayez une discussion, peut-être, un peu plus tard car il te semble maintenant évident que rien ne va.

Dahlia Hortensis

Alita & family & Alexander

« La famille n'est pas toujours une question de sang. »

J’aime pas les traquenards, elles le savent, et pourtant elles l’ont bien préparé en douce. Si j’avais su dès le début la nature de cette invitation, je ne me serai jamais pointé. Elles me prennent vraiment pour un con...D’ordinaire, j’réagis pas comme un connard, mais là, ce n’est clairement pas le jour pour attendre quoique ce soit de ma part.

La frangine, qui d’ordinaire se range de mon côté, se met à jouer les Ghandi et commence à me causer persan, chose que je ne fais que très rarement d’ailleurs, bien que j’en maîtrise parfaitement la langue. Elle espère quoi au juste ? EN PERSAN - Tu exagères, Alexander... C'est important pour elle, laisse-lui une chance. Elle voulait te voir et t'en parler avant, mais tu es toujours trop occupé. Tu peux faire ça, pour elle, sans te montrer ... trop... grossier ?

Je l’écoute en fronçant les sourcils à mesure qu’elle joue les moralisatrices. Mais son bla bla ne me fera pas changer d’avis pour autant. Mes narines se gonflent d’exaspération et laissent échapper un profond soupire nasal. Grossier.

EN PERSAN - J’m’en bats les couilles ! Vous m’faites venir sans m’annoncer la couleur et vous me foutez devant le fait accompli. Tu croyais que j’réagirais comment ? Que je monterais sur la table pour danser la Macarena ? Toi et maman m’avez pris pour un con Alita Redfield, et en plus t’as le front d’me dire que c’est de ma faute parce que j’ai une vie ? je pointe mon index, furieux, en direction de ma sœur.   Maman peut se taper qui elle veut, j’veux rien savoir et connaitre personne ! Le silence n’a guère le temps de s’installer que l’intru s’adresse à moi et attire mon regard courroucé.

Ce n'est pas un piège, j'avais juste à coeur de te rencontrer. Tu sais, j'apprécie beaucoup ta maman et je me disais qu'on pourrait faire connaissance Silence. Je ne le quitte pas des yeux tandis qu’un petit rire nasal et incontrôlé m’échappe. J’abandonne ma langue maternelle pour lui répondre.

Et après on se fait des câlins et j’vous appelle papa c'est ça ? je ne lui laisse pas le temps de répondre. Le prenez pas mal mais, question patriarche j’ai déjà donné. Alors, j’passe mon tour. Vous voulez sortir avec ma mère, grand bien vous fasse ! comme je disais à ma chère sœur qui soit dit en passant, je lui jette une œillade moqueuse, se permet l’indélicatesse et l’impolitesse de parler en persan devant vous, j’veux rien savoir, ni même vous connaître.

La porte s’ouvre et un autre individu, plus jeune cette fois vient enlacer notre mère me laissant un peu perplexe : Bonsoir Sameen, comment vous allez ? Vous êtes ravissante. Sa gueule…pourquoi j’ai l’impression d’avoir déjà vu ce clown ? Je plisse les yeux avec, la bouche légèrement ouverte et le fixe avec curiosité. Ce dernier vient prendre la main d’Alita pour la porter à ses lèvres en guise de salutation, ce qui me faut arquer les deux sourcils.

Salut Alita, tu as passé une bonne journée ? Salut Alexander, tu as bonne mine mes sourcils se froncent un instant. C’est qui ce bouffon ? Et puis tout à coup, ça me revient. Je sais où d’où j’le connais. Le Raven. Il s’amène des fois pour soigner les dommages collatéraux lorsqu’il y a du grabuge. Un petit rire résonne dans ma tête. Ce mec ne doit pas le cul propre pour trainer là-bas, d’autant plus si je ne m’abuse, j’l’ai déjà vu tourner autour de notre belle agent. Et puis, tout à coup, telle une ampoule qui s’illumine au-dessus de ma tête, ça fait tilt. PUTAIN DE BORDEL DE COUILLE ! me dit pas que c’est le fils de c’t’andouille qui fréquente notre mère ? Attends…il insinue quoi par tu as bonne mine ? j’humecte mes lèvres, légèrement sceptique et réponds avec sarcasme.

Salut. Ah tu trouves ? j’ai pourtant l’impression de faire une indigestion. petit coup d’œil à ma mère et à ma sœur avant d’en revenir au fils à papa. Et tu es ? Trou d'uc.

Dahlia Hortensis

Alita & Alexander

« La famille n'est pas toujours une question de sang. »

Il est furieux et dans un sens, tu pourrais le comprendre. Mais ça ne justifie pas son attitude. Tu fronces les sourcils, ses mots tombant sur toi comme du venin qu'il cracherait. Tu pourrais presque trouver la force de lui tenir tête, de lui rétorquer qu'il pourrait avoir la décence et la politesse de remettre ce procès à plus tard, quand Apa et son fils seraient partis... Mais pourtant, rien ne sort de ta bouche, Petite Fleur. Pourquoi ? Parce que brutalement, sa main se tend dans ta direction, alors qu'il fulmine, et que cette terreur enfouie quelque part dans ton coeur te hurle de reculer d'un pas. Il n'a pourtant fait que pointer un index inquisiteur et plein de reproches dans ta direction... Mais l'espace d'une infime seconde, ce n'était plus ton frère, en face de toi... Que pourrait penser Sameen ou encore Apa, de te voir fermer les yeux et esquisser un geste de défense pour te préserver d'un coup qui n'en est finalement pas un ? Que pourrait penser ton frère d'avoir perçu l'espace d'une seconde cette peur dans ton regard ?

Tu as reculé d'un pas. Il n'a pourtant jamais levé la main sur toi, auparavant, alors pourquoi t'être sentie menacée ? Peut-être parce qu'il ne s'était jamais comporté ainsi avec toi non plus. Pas avec toi, non. Tu peines à le reconnaître, ces derniers temps. Tu te mures dans un silence éloquent, tes iris verts et profonds ne le quittant plus alors que tu retrouves une posture que tu souhaites plus détendue. Pourtant, même si le silence semble t'habiter, la question tourne et tourne encore dans tes pensées : Alexander pourrait-il finalement succomber à ses démons et lever la main sur toi ?

Tu en viens à penser qu'Elijah n'est peut-être pas le seul responsable de leur accrochage... Sans un mot et sans un autre regard si ce n'est celui d'être à la fois contrariée et préoccupée, tu t'éloignes pour leur tourner le dos un instant. Tu les laisses se découvrir, tâchant pour ta part de calmer ce sursaut dans ta poitrine après ce qui vient de se passer. Tu entends à peine les remarques désobligeantes et venimeuses de ton frère, tu en viens à espérer qu'il parte tout simplement plutôt que de continuer de gâcher ce qui rend pourtant votre mère heureuse.

La porte s'ouvre finalement sur le cinquième couvert. Larry et toi vous entendez plutôt bien, il est un peu comme un frère supplémentaire qu'Apa apporte avec lui. Tu lui souris, tâchant de dissimuler derrière lui le tracas qui envahit pourtant tes pensées. D'un geste doux, tu poses ta pain sur son avant-bras avant de venir déposer une bise sur sa joue pour le saluer à ton tour. Evidemment, Alexander n'allait pas l'accueillir à bras ouverts non plus, tu t'en doutais... Et pourtant, ce n'est pas la première fois qu'ils se rencontrent, mais ça, comment pourrait-il s'en souvenir ? Quand Larry vous l'a ramené, ce soir-là, il était encore inconscient. Votre mère et toi l'avaient veillé toute la nuit, toi en passant un linge frais sur son front et Sameen en préparant des herbes médicinales...

« Salut. Ah tu trouves ? j’ai pourtant l’impression de faire une indigestion. » Il t'adresse un regard de reproche dont tu te détournes en pinçant fermement les lèvres. « Et tu es ? »

Rangée du côté d'Apa et de son fils, les bras croisés, tu décides finalement de laisser ton frère gérer lui-même cette nouvelle rencontre puisqu'il semble si décidé à te repousser.

Dahlia Hortensis

Alita & family & Alexander

« La famille n'est pas toujours une question de sang. »

Un nombre incalculable d’emmerdes me sont tombées dessus ces derniers mois et elle arrive maintenant à me reprocher d’essayer de gérer ma vie. J’hallucine ! Alita me fout tellement en rogne que je ne lésine pas sur mes mots quand je l’enchaine. Et encore, elle a de la chance, j’le fais dans notre langue afin que le vioc n’en capte pas un mot. Ce qui suit ensuite me sidère. Je la vois faire ce geste de recul les yeux clos et les traits de son visage étirés par la peur, comme un gamin qui s’attend à s’en prendre une.

Ça me coupe dans mon élan et me laisse pantois. Les sourcils froncés, la bouche entrouverte, je la fixe, médusé. BORDEL DE MERDE ! Comment peut être ne serait-ce imaginer une chose pareille ? Ses prunelles ne me quittent pas tandis qu’elle se terre dans un silence. Et voilà qu’ensuite le gigolo de Maman essaie de se la jouer beau père sympa, ce qui m’emmerde encore plus. Je l’envoie chier. Mon regard en revient à ma sœur qui s’était éloignée et me tourne désormais le dos. Je serre la mâchoire et lance sèchement : Pauvre idiote ! en la fixant. Oui. Alita est une idiote de penser que je puisse être capable de lever la main sur elle.

Et la cerise sur le gâteau, ce branleur d’infirmier du Raven nous fait grâce de sa présence. Petit Bonus, c’est le fils du vioc. Autrement dit, si Maman décide de faire sa vie avec ce bouffon, j’devrais me coltiner ce mec comme frangin par alliance ? Pas question. Larry. George. C’est quoi ces noms à coucher dehors ?

Il faut que tu saches que mon père est un homme bien, ta mère est en sécurité près de lui, plus qu'auprès de n'importe quel autre « homme » pour qui est-ce qu’il se prend ce connard ? Je mords ma langue avec violence et serre vigoureusement les poings tandis que mes narines se gonflent. J’ai envie de lui en foutre une si violente que sa tête se déboîterait de ses épaules !

Je le toise avec mépris et je lui lâche un : Va te faire foutre ! Je m’avance légèrement et braille, ALLEZ TOUS VOUS FAIRE FOUTRE, en fixant ma mère et son bouffon. Et enfin, j'en viens à ma petite sœur. Et toi aussi particulièrement ! ç’en est trop pour moi là. Je m'éclipse comme une furie dans mon ancienne chambre puis claque la porte.

La respiration saccadée par la colère, je vais partir en couille. Et finalement c’est la chaise de bureau que j’envoie valdinguer d’un coup de pompe. Mon regard se perd ça et là entre ces autres murs. Je passe une main tremblante dans mes cheveux bouclés en reprenant mon souffle. Putain, j'étouffe ici. Je fixe la fenêtre puis me faufile dehors, dans la cage d’escalier à l’extérieur de l’immeuble pour grimper sur le toit.

Une fois là-haut, je me pose sur un des gros blocs du système de ventilation, me sors une clope et la fourre dans mon gosier pour me la griller. Pincée entre mon pouce et mon index, je tire nerveusement dessus en observant Overtown plongé dans la nuit, les yeux aussi brillants que les lumières des maisons et immeubles lointains, scintillant comme des étoiles dans l'obscurité.

Dahlia Hortensis

Alita & Alexander

« La famille n'est pas toujours une question de sang. »

Il fallait s'en douter, Petite Fleur, les choses ne vont pas en s'améliorant, bien au contraire. Tu vois sur son visage sidéré, tu vois au plus profond de son regard médusé : ce simple petit pas en arrière vaut plus que toutes les gifles au monde. Tu n'as même pas ouvert la bouche, nul besoin. Vous vous êtes sondé du regard, l'un comme l'autre trahi, blessé. Hors de lui, il s'en est allé en claquant violemment sa porte de chambre, arrachant un sursaut de surprise à votre mère. Il ne reste plus que vous quatre. Sameen est aussi bouleversée que confuse. Elle bredouille déjà des excuses à ses invités, évoquant la possibilité de reporter le repas à une autre fois.

Du coin de l'oeil, tu perçois la main de ta mère venant chercher timidement celle d'Apa. Tu te doutes, Petite Fleur, de la tristesse qui doit ronger son coeur de mère et son coeur de femme. Cette discorde entre ses enfants et son compagnon la blesse. Tu voudrais la rassurer, mais ton regard à toi est braqué sur le couloir où ton frère a disparu. On discute autour de toi, mais ton esprit n'est plus là. Finalement, quand tu réalises que l'on te parle, tu reviens au moment présent et esquisse un sourire poli, mais fade et triste.

« Excusez-moi. Je n'ai plus très faim.»

Et tu détestes que ton frère et toi en soyez venu à vous blesser mutuellement. C'est impossible pour toi, d'en rester-là, d'autant plus quand tu perçois de la détresse dans sa fureur. Tu viens déposer un baiser sur la joue de ta mère et lui murmure au passage :

« Je vais aller lui parler...» tu lui assures.

Un regard désolé à Apa, que tu affectionnes et à Larry. Puis tu rejoins le couloir dont l'obscurité a englouti ton frère, précédemment. Tu t'approches de la porte et hésites avant que tes doigts fins ne fassent finalement leur petite danse timide sur le bois de la porte pour signaler ta présence, comme avant. L'absence de réponse te laisse penser qu'il a probablement été là où il se réfugiait toujours. Tu prends une inspiration et viens finalement actionner la poignée pour entrer dans l'ancienne chambre de ton frère. Celle où tu venais te réfugier, encore, autrefois, quand il fallait craindre le monstre qui vivait sous ce toit. Tu avises la fenêtre mal refermée et passe à ton tour à l'extérieur pour grimper les escaliers de secours, avec le pas délicat et agile d'un chat.

Ton ombre danse au gré des lumières blafardes des lampadaires, et bientôt tu le vois. Sans un mot, tu viens d'un pas lent t'asseoir sur le parapet froid, ton regard tourné dans la même direction que celui de ton frère. Les mots restent là, bloqués dans ta gorge sans que tu ne saches quoi dire. Tu voudrais qu'il comprenne que malgré tout ce qui vient de se passer, en bas, tu es toujours Alita, il est toujours Alexander, et rien ne pourra vous arracher ce lien qui vous unie. Vous avez toujours été là, l'un pour l'autre. Vous êtes le soleil et la lune d'Âma.

Comme une réminiscence du passé, te revient cette petite comptine que ton frère usait pour te faire sourire, enfant. La comptine qu'il répétait pour faire semblant, pour que tu n'aies plus peur. Il alternait avec des grimaces qui ne manquaient jamais de te faire sourire. Et cela se soldait toujours par une étreinte.

Tu frissonnes. Tu n'as pas pris de veste et le froid de novembre te dévore les os. Et puis après un moment de silence, ta voix s'élève comme un murmure du passé, chargé de promesses, d'excuse et d'amour, récitant alors la comptine :

EN PERSAN - « Chien triste... Chien content...»

Tes bras se referment sur toi pour garder un peu de chaleur alors que tu frissonnes de nouveau, baissant les yeux sur tes genoux. Il te semble que tes sourires francs se sont faits aussi rares que tes larmes, ces derniers temps...

« Tu me manques…» souffle-tu finalement.

Dahlia Hortensis

Alita & family & Alexander

« La famille n'est pas toujours une question de sang. »

Overtown est si belle le soir. Je voudrais m’échapper dans le ciel pour voler parmi les étoiles. Je me demande à quoi elles ressemblent de près. Probablement à soleils par milliers. Je fermerais alors les yeux pour rêver un peu plus. Overtown est calme ce soir, et les étoiles si lointaines comme si elles n’avaient plus aucune raison de briller. Alors, lentement elles s’éteignent comme ce soir je m’éteins. Je suis fatigué. Je n’en peux plus.

Le vent de Novembre souffle et pourtant je ne sens pas le froid, mais ta présence juste derrière moi. Vas-t-en…je t’en supplie Alita…Laisse-moi…Tu n’en fais rien. Tu t’assois à mes côtés et ta voie enjôleuse fredonne cette comptine que je te soufflais lorsque tu avais du chagrin. Parce que la pire des souffrances pour moi, sont des larmes sur tes joues.

EN PERSAN - Chien triste... Chien content.. je ferme les yeux, adulé de ressentiments. J’essaie de me contenir, de rester fort, mais c’est dur quand ma seule faiblesse touche mon cœur.
Tu me manques… c’est…tu….Alita…la gorge serrée, la boule au ventre, je tourne finalement la tête pour te regarder, les larmes au bord des yeux. Tu es si belle. Tu as grandi. Tu n’es plus cette petite fille que je protégeais, tu es la femme qui as peur de moi. Tu es quand même venu…Pourquoi Alita ? Si je ne suis qu’un monstre de foire à tes yeux. La voix brisée, hésitante et tremblante, je consent à continuer : EN PERSAN - Je t’aimerais quels que soit tes tourments.

Je renifle, immobile, et te dévisage sans le courage de retenir cette petite perle nacrée qui s’écoule sur mon visage. Puis, sentant mes forces qui s’amenuisent, je bascule sur le côté laissant choir ma tête sur tes genoux pour m’effondrer…

Dahlia Hortensis

Alita & Alexander

« La famille n'est pas toujours une question de sang. »

Je t’aimerais quels que soit tes tourments. Ton coeur se serre, Petite Fleur, de voir ton frère, ton sang, ta chair dans cet état. Tu souffres et tu saignes avec lui, et de tourments, tu n'en as pas de pire que les siens. Une larme s'échappe au coin de son oeil, et tu comprends que son agressivité de plus tôt est simplement la même que celle d'une bête blessée qui cherche à mordre pour se protéger. Chien triste, Chien content... Chien blessé et roué de coups par la vie. Chien méfiant de la main qui se tend vers lui...

Alexander laisse s'effondrer son masque. Il n'a jamais eu à en porter avec toi. Tu ne pleures pas, pourtant tu pourrais jurer qu'à le voir si vulnérable, on t'arrache quelque chose à l'intérieur. Il s'effondre, nichant son visage sur tes genoux comme on trouve refuge dans la tiédeur d'un oreiller. Tes bras se referment, cocon protecteur, autour de lui. Tes doigts viennent délicatement courir sa tempe. Dans ses cheveux de jais qui contrastent tant avec la blondeur des tiens. Doucement. Tout doucement. Tes doigts dansent dans les boucles brunes.

« Tes tourments sont les miens...»

Murmure comme le vent. Souffle comme une brise. Il n'y a pas de rancune tenace. Il n'y a pas de ressentiments, jamais. Il n'y avait même pas de jugement. Simplement cette agitation qui trouble la clarté de l'eau au point de la rendre opaque. Et puis quand tout retrouve son calme, le fond apparait de nouveau et le reflet est plus net.

« Tu ne m'as jamais perdu. Tu ne me perdras jamais...»

Parce que de tous ceux qui l'entourent, Petite Fleur, tu es certainement la seule à savoir qui il est vraiment et ce qui peut l'animer. Tu as confiance en lui. Et tu ferais tout ce qu'il faudrait pour que rien ne puisse plus l'atteindre.

« Ce n'est pas de toi que j'ai eu peur... Mais de la personne que tu deviens peu à peu... Tu ne me parles plus, Alexander... Mais j'ai toujours mes yeux pour voir... Dis-moi. Parles-moi... Laisse-moi porter un peu de ta peine...» tu lui chuchotes doucement, sans cesser le doux et apaisant manège de tes doigts. « Je suis désolée pour ce que tu as ressenti, en bas... Ce secret appartenait à Âma... Je l'ai encouragée à t'en parler le plus tôt possible, mais...» tu lui murmures.

Dahlia Hortensis

Alita & family & Alexander

« La famille n'est pas toujours une question de sang. »

Quand les maux rongent notre sang, c’est à deux qu’on a toujours surmonté ces tourments. Ensemble, main dans la main, pour toujours.  Souviens-toi, quand alors la peur s’esquissait sur les traits ton visage, comme j’étais ce héros que tu admirais tant, des étoiles plein les yeux. Souviens-toi quand la mort a frappé notre famille, comme ta main dans la mienne, nous a donné la force d’avancer. Ensemble, main dans la main, pour toujours. Souviens-toi, chaque nuit où tu t’éveillais torturée, j’étais l’espoir qui chassait tes cauchemars. Et ton petit corps chérif et fébrile dans mes bras te donnait le courage de chasser la sombreur de tes songes. Ensemble, main dans la main, pour toujours. À tes yeux, j’ai toujours été ce que malheureusement je ne suis pas. Un pilier. Un héros. Un ancrage. Regarde Alita ce que je suis devenu.

Je n’ai plus de force, plus de courage, plus d’envie, juste le désir de faire taire la douleur qui nécrose mon cœur. Apathique et vulnérable, je ne supporte plus ma vie, ce que je suis. Plus rien n’a de sens, sauf peut-être quand tu es là. Reste avec moi Alita...Reste avec moi…Et me voilà, las,  basculant doucement ma tête sur tes cuisses que mes bras étreignent avec force tandis que je ne retiens pas plus longtemps cette larme qui se mourrait au fond de mes yeux.

« Tes tourments sont les miens...» Si seulement Alita. Si seulement…

Pardonne-moi... que ma voix étranglée dans un sanglot te murmure tout bas.

« Tu ne m’as jamais perdue. Tu ne me perdras jamais...» s’écoulent plus promptement ces larmes sur mes joues pour se perdre sur tes cuisses pendant que tes doigts, égarés dans ma chevelure m’insufflent ce doux réconfort.

« Ce n'est pas de toi que j'ai eu peur... Mais de la personne que tu deviens peu à peu... mais qui suis-je Alita ? Je ne sais même pas.

Je sais... je soupire avec dépit.

Tu ne me parles plus, Alexander...

Je sais... je réponds.

Mais j'ai toujours mes yeux pour voir...

Je sais... que je répète sans cesse, sans chercher à nier la véracité de tes propos.

Dis-moi. Parles-moi... Laisse-moi porter un peu de ta peine.. C’est mon fardeau Alita, pas le tien. Tu n’as pas à supporter le poids de mes erreurs. J’ai toujours voulu le meilleur pour toi. Je me suis battu pour t’offrir ce que j’ai jamais eu. C’est mon rôle de te protéger et de prendre soin de toi, pas l’inverse. Dans un élan de conscience, doucement, je passe le dos de ma main sur mes yeux humides pour chasser ces petites perles aux lueurs nacrées. Puis, je me redresse lentement à tes côtés, observe droit devant, plongé dans un silence, apathique. Mon regard brun se tourne vers tes iris émeraude que le ciel illumine joliment dans la nuit et je te regarde sans un mot.

Je suis désolée pour ce que tu as ressenti, en bas... Ce secret appartenait à Âma... Je l'ai encouragée à t'en parler le plus tôt possible, mais...»  un petit rictus en coin incontrôlé étire le coin de mes lèvres quand ensuite ma main vient couvrir tendrement la tienne.

Je m’en fous...Et, sans la lâcher pour autant, j’observe l’horizon nocturne qui s’étend devant moi. Soudain, cette boule dans la gorge me pèse atrocement. Je voudrais la dégueuler et que cette putain de vérité puisse sortir. Je me sens faible tout à coup parce que je n’ai personne d’autres avec qui la partager. Tu es la seule qui me donne encore la force d’avancer, la seule en qui ma confiance n’est pas ébranlée, la seule avec qui je veux tout partager...tu m’es si précieuse Alita….

Ana est enceinte...et c’est moi le père... vole vole triste vérité, éclate au grand jour, libère mon cœur de ce fardeau. Ensemble, main dans la main, pour toujours, grâce à toi...