Le repas de Famille

@Anastasia Sokolov @Nino F. Mannoia @Orazio F. Mannoia

Dimanche 14 août.

▬ Où est Orazio ? Nonna avance tranquillement vers la fenêtre pour guetter l'arrivée du Mannoia qui ne vit plus sous leur toit. Elle écarte les rideaux et lance une nouvelle oeillade en direction de la rue. Il est toujours à l'heure, informe-t-elle alors que je termine de remplir un contrat que j'ai demandé la semaine passée. Aujourd'hui est une grande journée... puisque c'est le jour où Nino a décidé de tous nous présenter l'enfant, son enfant. Je m'installe dans le fauteuil avec une tasse de café posée sur l'accoudoir. Ça ne me plaît pas vraiment mais Nonna était tellement contente que je me suis contenté de fermer ma gueule face à l'annonce.

Je n'ai pas envie de m'y opposer parce que c'est quand même l'enfant de Nino, cette petite fille. Elle fait partie de notre famille et quelque désaccord de ma part n'aurait comme résultat que d'éloigner de mon petit frère. J'ai eu peur de ne plus les voir le mois dernier, je ne veux pas faire n'importe quoi. Et apparemment, on ne peut pas « parler avec moi », ce qui pousse mes frères à faire leurs affaires en cachette, dans la peur de mon jugement. Je fais tourner le liquide noir dans ma tasse, le regard perdu au-dessus de la télévision qui parle toute seule. Nino est toujours en retard, il serait en train de se branler dans sa chambre qu'il serait quand même en retard pour venir à table. Quelque part, je pense que Nonna préfèrerait qu'Orazio arrive avant Anastasia et Nino car il a un tempérament plus posé, plus tempéré. J'ai pas l'intention de faire la morale à Nino devant sa gamine de toutes façons, ce qui est fait est fait. Je jette un coup d'oeil à ma montre et informe ma grand-mère qu'il n'est que dix heures et demi, elle a le temps avant qu'ils n'arrivent. Je la sens contrarié alors, armé d'un profond soupir, je me lève et la rejoins près de la fenêtre :
▬ Est-ce que tu voudrais que je te maquille, Nonna ? Je lui souris, elle aime être belle. Ce matin encore, j'ai dû subir la torture d'aider dans le choix de la robe ou du pantalon à élastique. Elle a choisi le pantalon noir et elle a mis un chemisier dans lequel il y a vraiment beaucoup trop de couleurs différentes. Elle hoche de la tête et je reviens dans le salon. Elle s'installe dans le canapé et je fais au plus basique, vraiment. Du fard à paupières couleur un peu bronze et un rouge à lèvres qui tire sur les mêmes teintes, je l'embrasse sur le front et lui souffle qu'elle est ravissante avant de prendre – quand même – le temps d'aller ranger son maquillage dans sa chambre. Les fenêtres des bambinos sont ouvertes pour aérer. Il fait foutrement chaud en ce moment, il y a un petit ventilateur qui souffle dans le coin du salon. Je sais aussi qu'elle a hâte de revoir Anastasia. Nous sommes loin des grandes tablées d'antan que voudrait retrouver Nonna mais elle ne serait plus capable de recevoir tant de personnes.

Finalement, je viens me poster dans mon fauteuil et prends le journal du jour pour en lire quelques colonnes avant qu'ils n'arrivent tous. Mes contusions du fait d'Alec sont désormais pansées, je suis passé voir cet idiot à l'hôpital pour vérifier qu'il était vivant. Il est vivant, ma part est faite. Je me racle la gorge et laisse Nonna sortir des verres qu'elle dispose déjà sur la table. Elle m'a fait acheter quatre sortes de jus de fruits différents pour la gamine, sans compter les petits plats préparés dégueulasses « au cas où elle mangerait ça ». Elle a aussi pris de quoi faire des purées, elle a essayé de retrouver des jouets de quand nous étions plus jeunes, il n'y en a plus. J'ai rien gardé, ça prenait de la place pour rien. Mais ses albums photos sont prêts. Je croise les jambes en laissant l'heure passer. Soudain, le coup d'envoi est donné.
▬ Gabriel, Gabriel, ça y est, Gabriel ? m'interpelle-t-elle en ouvrant la fenêtre pour s'y pencher et offrir de grands signes à qui vient d'arriver devant notre immeuble. La devanture est encore celle de la boutique, le nom des Mannoia n'y figure plus. J'y suis souvent retourné, même après la mort de Papa. Ça donnait une impression étrange. Moins quand Lucia a finalement décidé de revendre. Et puis, les propriétaires se sont barrés, les locaux ont même été squattés à un moment donné, j'ai dû les dégager, nous avons condamné les vitrines avec de grandes plaques de bois. Sur le côté, une porte donne sur un maigre couloir qui conduit aux étages supérieurs. Notre appartement et celui des voisins d'en face, puis encore au-dessus. Le voisin d'en face est un gros con, je me suis déjà pris plusieurs fois la tête avec lui, surtout quand il laisse son putain de clebs sur le balcon. Gabriel !
▬ Raaaah, c'est bon ! que je lui braille. Il y a besoin de quoi ? Des confettis, un comité d'accueil, faut que je lance du putain de riz ? Non ! Alors fous-moi la paix.

* Considérez que les propos en italique = en italien

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" Courtesy - Blood - Respect "

Orazio

La Cene

Esclave de ce sentiment de liberté, je jouis de la sensation que la vitesse me procure, comme si mon corps se délestait de toute sa pesanteur. Le vent froid me pousse en avant, s’engouffre dans mes fringue, hérissant les poils de ma peau. Les vibrations résonnent comme le son d’une cloche que l’on frappe de trop près. Les mains fermement cramponnées sur le guidon de ma bécane, je slalome entre les véhicules, ralentissant la cadence à cause des embouteillages. Au feu rouge, je pose un pied à terre attiré par la pesanteur du sol. Lors que le panneau lumineux tricolore repasse au vert, je me lance à nouveau dans une nouvelle escapade. Je fais un dernier détour avant d’atteindre le quartier d’Overtown, qui n’a pas changé : les ados défoncés à la beuh près du lycée, les camés planant à quinze mille sur le Square, les filles de joie, riant et fumant devant le Black Swan, les employés du Diner en plein service, le Drive-in encore désert à cette heure, les sans-abris réfugiés autour du garage.

Je connais le chemin par cœur. Arrivé au pied de l’immeuble, je rentre la bécane dans notre box familial, retire mon casque et arrange ma touffe de cheveux en queue de cheval. Je récupère le gros bouquet de tulipes roses et jaunes dans le petit coffre et regagne l’entrée. La voilà qui pointe le bout de son nez à la fenêtre en faisant de grands signes. Je souris instinctivement face au visage radieux de ce petit bout de femme. La main droite chargée du bouquet, je lève une main gauche dans sa direction, près à lui chanter une sérénade: arrivo la piu bella donna dei miei sogni !

Je passe la porte principale, la boule au ventre. J’espère que Gabriel se montrera plus diplomate cette fois et saura se tenir devant Nonna et la gamine. Vue sa réaction chez moi il y a quelques semaines, c’est plutôt mal barré. Mais, il a eu un mois pour mettre de l’eau dans son vin. J’espère qu’il tiendra compte de ce que je lui ai dit et qu’il ne foutra pas tout en l’air. Ça serait très con de sa part ! en choisissant ce repas pour nous présenter sa fille, Nino a clairement fait un pas vers nous. Enfin, plutôt Gabriel. Car pour ma part, même si je ne cautionne pas tout ce que fait notre Fratellino, je ne pourrait jamais lui tourner le dos et le soutiendrais toujours. Bon, il écoperait probablement de quelques tirages d’oreilles. Gabriel a le sang chaud, mais au fond, ce n’est pas un mauvais bougre.

Toc toc toc, fait mon doigt en cognant délicatement le bois de la porte.

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Le Repas de Famille

La Famiglia

Dimanche 14 août 2022

J'écoute les milliards de recommandations d'Olivia en acquiesçant et en prenant sur moi de la fermer : je hoche la tête en me pinçant les lèvres sans pouvoir tout de même retenir un sourire amusé qui lui fait froncer les sourcils d'un air suspicieux :

— Quoi ? Je peux savoir ce qui te fait rire ?

Je ricane légèrement, les mains enfoncées dans mes poches et hausse les épaules en lui coulant un regard par en-dessous en même temps que mon habituel sourire malicieux :

— Tu sais que c'est juste le temps d'un repas, tu la récupères ce soir ?

Elle soupire en laissant ses épaules s'affaisser, passant sa main sur son front dans un sourire doux. Elle s'excuse, me dit un peu maladroitement qu'elle n'a pas l'habitude de la laisser avec des gens qu'elle ne connait pas. En gros, avec n'importe qui, quoi. Je sors les mains de mes poches et m'approche d'un pas en cherchant son regard pour la rassurer :

— T'inquiètes pas, je te promets de faire attention à elle, ok ?

On a eu un mois pour apprendre à se connaître, Lilo et moi, progressivement. Un mois pour s'apprivoiser mais jamais seuls. Ce repas, c'est un peu l'occasion aussi d'officialiser les choses. Je sais que Nonna sera ravie de la voir en vrai, et pas seulement en photo. C'est assez étrange de se dire qu'il y a un mois, j'ai accueilli la nouvelle comme un pavé dans une fenêtre. Et aujourd'hui, je réfléchis à comment m'organiser la semaine pour pouvoir passer un peu de temps avec ma fille.

Ma fille. J'esquisse un sourire parce que la voilà, justement, qui descend de la grosse bagnole -qui doit valoir une fortune- de William, le mari d'Olivia. Mon sourire s'efface un peu quand je croise le regard de ce dernier qui croise les bras, en restant debout prêt de sa portière. Je crois qu'il ne peut pas m'encadrer et j'avoue que c'est assez réciproque. Je l'abandonne du regard pour m'accroupir et accueillir le timide petit moineau qui vient me saluer d'un câlin et d'un baiser sur la joue.

— Dio, mais tu as encore grandi depuis la semaine dernière ?! je m'exclame, en souriant et en la prenant dans mes bras, la soulevant du sol dans son éclat de rire cristallin qui a le don de m'alléger le cœur. Je la dévisage quelques secondes et je ne peux pas m'empêcher de trouver quelque chose de familier dans ses yeux rieurs, entre le bleu et le vert. Je souris et notre attention à tous les deux se tournent vers Olivia qui s'approche pour donner l'ultime recommandation que l'on accueille tous les deux d'un même hochement de tête.

— Sois sage, mon cœur. Nino... commence-t-elle en glissant un regard toujours peu rassuré aux bâtiments qui nous entourent. Ouais c'est pas Coconut Grove, je sais... Je lui souris pourtant avant de répondre d'un air taquin mais rassurant :

— Je s'rais sage moi aussi, t'en fais pas. Et elle ne risque rien. Tu as ma parole.

Je lui fais un clin d'œil et Olivia rejoint la voiture où son mari l'attend, et nous attendons, Lilo et moi, que la voiture parte pour qu'elle puisse les saluer de la main. Et puis, enfin seuls, on échange un petit regard complice.

— Alors, prête à rencontrer la plus merveilleuse des Nonnas ? Ah... Tiens, Orazio est là, dis-je en constatant la présence de sa moto alors qu'on s'approche de l'appartement.

— Qui c'est, Orazio ?

Je lui souris en lui offrant ma main, portant son petit sac à dos sur mon épaule, après l'avoir reposée à terre.

— Zio Orazio, c'est mon grand-frère. Enfin, l'un de mes deux grand-frères... Le plus grand s'appelle Gabriel.

J'espère qu'il se montrera plus commode que ces derniers jours... La nouvelle n'est pas vraiment bien passée et ça a été un peu tendu entre nous, pendant quelques jours. Depuis, ça va mieux, mais j'ai bien remarqué quand Nonna m'interroge sur Lilo qu'il a tendance à se casser ou à faire la tronche. Je tiens la porte d'entrée du bâtiment pour laisser entrer un petit Moineau a l'air circonspect. Ouais... Elle doit être habituée à un luxe qu'on a pas vraiment ici. Je me râcle la gorge mais peut-être que je me fais des idées.

— Tu veux toquer ? je lui demande tandis qu'elle se réfugie dans ma jambe en hochant négativement la tête. Bien. Comme ça, on est deux à stresser. Je prends une inspiration et souffle un coup. Puis, je m'humecte les lèvres avant de toquer à la porte et de l'ouvrir lentement.

— Ciao tout le monde... je rentre dans l'appartement, Lilo réfugiée derrière moi. J'échange un regard avec chacun de mes frères avant d'inviter mon passerino à sortir de mes jambes pour qu'elle se place timidement devant moi, mes mains sur ses épaules. Je m'accroupis derrière elle. Je vous présente Lilo. Lilo, voici Orazio, Gabriel et surtout, Nonna qui avait très hâte de te rencontrer... dis-je d'une voix plus posée et douce, pour la rassurer tandis qu'elle scrute timidement tout le monde, tour à tour.

(c) princessecapricieuse

Le repas de famille

@Gabriel M. Mannoia, @Orazio F. Mannoia, @Nino F. Mannoia & @Anastasia Sokolov

◊ ◊ ◊

- Tu ne te souviens plus de la dernière fois que Nonna a décidé de faire un repas improvisé le dimanche, si avant c’était assez fréquent, ce n’est plus le cas désormais étant donné vos emplois du temps respectifs. Il faut dire que vous n’êtes plus des adolescents et qu’il devient difficile de trouver un jour où tout le monde est disponible mais il faut croire que c’est le cas aujourd’hui. Tu ignores clairement qu’il va y avoir une annonce importante ou alors tu n’étais pas dans ton état normal lorsqu’on te l’a annoncé pour t’en souvenir. Tu as tenté d’être clean ce matin, histoire de ne pas être complètement déchiré devant Nonna car elle le mérite, tu n’as pas non plus envie qu’elle s’inquiète pour toi car tu dois certainement être le cas le plus désespéré de la famille. Tu t’es contenté de fumer quelques joints pour pouvoir tenir le coup mais rien de plus, en espérant que tu ne fasses pas une crise de manque en plein milieu du repas.

L’appartement d’Alec que tu quittes pour rejoindre le bus dont l’arrêt se trouve à quelques pas et qui te dirige tout droit vers l’appartement des Manoïa. Tu as de nombreux souvenirs ici étant donné que ta mère était souvent fourré avec sa sœur, tu avais plutôt l’impression d’avoir trois frères plutôt que des cousins. Encore une fois, tu seras sûrement en retard car lorsque tu regardes l’heure sur ton téléphone, il est censé être l’heure à laquelle tu as rendez-vous avec eux. Tu n’as jamais su être à l’heure et aujourd’hui ne sera pas une exception. D’autant plus que le chauffeur n’a pas l’air pressé, tu pestes d’ailleurs intérieurement contre lui dans l’espoir qu’il décide à se remuer un peu les fesses. Après de longues minutes, il s’arrête enfin devant l’immeuble et tu disparais à l'intérieur de ce dernier en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Tu es presque persuadée qu’ils ont déjà commencé à boire un verre pour patienter durant ton arrivée. Lorsque tu arrives devant la porte, tu peux d’ailleurs entendre que chacun d’entre eux est déjà présent. D’un geste franc, tu viens signaler ta présence en toquant à la porte avant d’entrer à l’intérieur. - “Salut tout le monde, désolé pour le retard.” - Tu es sur le point de faire quelques pas vers Nino qui se trouve dos à toi, accroupi sans que tu ne saches pourquoi jusqu’à ce que tu remarques cette petite fille à peine plus haute que trois pommes qui lui tient la main en observant les personnes autour d’elle. Tu ne peux t’empêcher de rire face à cette scène, loin d’imaginer le petit dernier comme père. C’est pour cette raison que tu viens lui donner une tape amicale sur l’épaule - “Ahah bien joué pour la petite blague ! Tu peux ramener la gamine à sa mère maintenant.” - Lorsque tu lèves les yeux vers les deux autres, tu remarques qu’ils ont une tête bien trop sérieuse pour que ce soit une blague et en revanche la bouille de Nona est bien plus enjouée… Est-ce que? Non, c'est impossible. Dans le cas contraire, tu aurais loupé un épisode et en général, Ninon te dit toujours tout. Tu te figes un instant, faisant face à la petite fille qui a pourtant des traits de visage similaires et tu comprends que la situation est vraiment sérieuse. “Mio dio…. (Mon dieu). C’est vraiment ta… ta fille?” - Tu n’as clairement pas la fibre avec les enfants donc ce n’est pas toi qui va te diriger vers elle mais tu te contentes tout de même de lui offrir un petit signe de la main. Le but n’est pas de l’effrayer. - “Alors… Salut mini Nino.” - Etant donné que tu n’étais pas encore présente lorsqu’il l’a présenté, tu ne connais pas encore son prénom. Tu te demandes d’ailleurs comment Gabriel fait pour être encore debout à l'heure actuelle et qu’il n’a pas encore fait une crise cardiaque sauf s’il était déjà au courant bien sûr. En tout cas, Nonna ne se gène pas pour venir câliner la petite en guise de bonjour. Durant ce temps, tu te rapproches discrètement de tes deux autres cousins. - “Est-ce que vous étiez au courant? Non parce que j’ai l'impression d’arriver après la tempête...” - Il faut dire que tu es un véritable électron libre donc ce n’est pas toujours facile de te croiser et tu n’es pas une accro au téléphone donc ce dernier se retrouve parfois sans batterie sans que tu ne t’inquiètes. -

(c) oxymort

Orazio est le premier à rentrer. Je cale mon dos dans le fond du fauteuil, laissant Nonna donner tord aux années et presque s'envoler pour aller l'embrasser. Elle a toujours été meilleure que nous tous pour laisser voir ce qu'elle a sur le cœur, si bien que je me suis déjà demandé si Nonna n'avait pas perdu avec les années sa capacité à mentir ou à vouloir du mal aux autres... on a tous voulu un jour qu'il arrive une tuile à une personne qu'on n'apprécie pas mais Nonna, elle ne le fait plus. Au lieu de pester sur le voisin qui laisse son chien dehors, elle me demande parfois d'acheter des croquettes et elle va sur le balcon pour en lancer quelques-unes à la bête qui sautille quand elle apparaît désormais. Les jours qui ont suivi l'agression d'Alexander, ça a été le bordel. Clairement le bordel. Pas pour moi ni ma morale, mais pour expliquer les morts et tout ce bazar. Pour mon dos aussi, quand même. J'ai connu meilleurs réveils certains matins. Je le suis du regard alors qu'il se penche sur Nonna, ou qu'elle se jette sur lui, je ne sais pas vraiment. Elle prend les fleurs avec l'oeil brillant et tapote le bras d'Orazio en lui disant qu'il ne devrait pas. Ce sont peut-être ça, les petits mensonges qu'il reste à quelqu'un comme Nonna, faire preuve de pudeur quand on voit que ces fleurs la ravissent. J'esquisse un sourire en coin et soupire lourdement, consentant me lever pour le saluer. Je pose ma main contre son épaule et l'amène à moi avec un peu moins de lourdeur qu'à l'accoutumée.
▬ Petit frère... Je me détache rapidement de lui pour retrouver refuge dans le fauteuil avec mon journal. Toujours sur la même page, toujours la même tasse pleine sur l'accoudoir.

Seconde salve avec Nino et l'enfant. Ils ont à peine le temps de rentrer que j'entends la voix de mon petit frère faire les présentations. Je me penche en avant pour les observer de loin, interrompu par Nonna qui court presque à sa chambre chercher le petit cadeau qu'elle m'a fait acheter pour la petite-fille. Et comme elle ne sait pas s'empêcher de dire des conneries, je l'entends ajouter :
▬ Enfin arrière-grand-mère. Super. Je m'appelle Fiore, mais tu peux m'appeler Nonna, ou Nonna Fiore, comme tu préfères. Je l'aperçois lever les yeux vers Nino, alors qu'elle est toute pliée pour se mettre à niveau de la gamine : Elle a tes yeux Nino, viens Gabriel ! Je me contente de la laisser donner son cadeau, s'excusant par avance auprès de la gamine au cas où elle n'aimerait pas. Elle a pris pour 50$ de dinette, l'enfant aura assez pour servir trois fois le service ce midi... Je pince les lèvres, serre doucement le poing, n'étant pas certain d'avoir les nerfs pour supporter ce repas de présentation en ce moment.

C'est enfin Anastasia qui arrive, en retard. Nonna vient la saluer chaleureusement, manquant de peu de présenter elle-même la petite fille, d'ailleurs. Elle va tirer une chaise et s'assied en s'excusant, ses forces étant un peu moins présentes par ces temps de forte chaleur. Je la regarde et nous échangeons brièvement un regard avant qu'elle ne prenne un peu de temps pour se relever.
▬ Ahah bien joué pour la petite blague ! Tu peux ramener la gamine à sa mère maintenant, lâche soudain notre cousine, pensant à une plaisanterie. Un bref silence la met sur la voix, je pince les lèvres puis abandonne finalement mon fauteuil pour aller à la cuisine vider ma tasse dans l'évier. Je la laisse là puis me joins au groupe pour suggérer à Nonna qu'il serait peut-être temps de passer à l'apéritif. Je fais ce signe des doigts qu'elle reconnaît avec l'habitude. Les lever et les agiter pour manifester mon impatience. Finalement, quelqu'un prend les devants pour faire le service, laissant Nonna sur sa chaise un peu plus longtemps. Je donne donc les directives :
▬ Mets-moi mon Knob Creek avec deux glaçons.

Je me rapproche d'Anastasia qui fait connaissance avec l'enfant, avec la gamine collée aux jambes de Nino. Je joins les mains dans mon dos et baisse les yeux sur elle. Je ne m'arrête pas sur ses traits, je la regarde rapidement comme on regarderait un enfant perdu au supermarché, parce qu'il faut l'avoir vu au cas où... Je fais une sorte de petite grimace en pinçant les lèvres
▬ Est-ce que vous étiez au courant ? Non parce que j’ai l'impression d’arriver après la tempête..
▬ Je crois que tempête c'est le bon mot, lâche-je plus vite que je ne l'aurais voulu. Oui petite fille... tu es une tempête, bien plus que tu ne le crois. Je pourrais leur dire de « retirer ça de ma vue » mais je ne veux pas perdre Nino et je sens à ses gestes que l'attachement à l'enfant semble déjà présent. Je ne sais pas, à vrai dire... je ne sais pas comment réagir avec eux. Nino m'a dit qu'il n'attend rien de moi mais que... je ne suis pas resté sourd à ce qu'il m'a dit malgré tout. Je la dévisage quelques instants de plus puis réclame mon verre que je récupère avant de retourner m'asseoir dans le fauteuil, orientant ce dernier dans leur direction. Suzanna n'est pas venue, finalement ? demande-je à Orazio, essayant de faire preuve d'un minimum de courtoisie tout de même.

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" Courtesy - Blood - Respect "

Orazio

La Cene

Aussitôt entré que Nonna me couvre de son affection et de son amour que j’accueille avec délice. Ma belle Nonna à qui je tends le bouquet avec entrain, qu’elle prend entre ses belles mains ridées avec entrain, qu’elle accueille d’un doux sourire, que je veux voir briller ainsi chaque jour sur son visage. Je n’aurais pas dû ? Je fronce les sourcils : Cosa dici ? Non è sufficiente per une donna come te ! je l’enlace à nouveau de mes bras vigoureux et lui dépose un doux baiser sur le front avant de la laisser orner le buffet avec le bouquet, qu’elle place soigneusement dans un vase.

Pendant ce temps, Gabriel s’efforce de me sourire et vient quand même me saluer d’une accolade, sans le même engouement que d'habitude et avec un peu plus de retenue: Petit frère… ajoute-t-il avec une pointe de froideur, et sur la même note, je réponds, Frate. On se détache rapidement, lui comme à son habitude, part se réfugier dans son fauteuil pendant que je reste planté au beau milieu du salon. Dio porco…, ça va être gai aujourd’hui[/i]! pensai-je en me frottant doucement la barbe.

Heureusement, le silence tantôt venu est chassée par l’arrivée del frattelino : Ciao tout le monde... dit-il en entrant suivi de près par une petite ombre fugace . Le regard de mon frère se pose sur chacun d’entre nous. En ce qui me concerne, je lui renvoie un petit sourire encourageant. Il se retourne et s’accroupit au niveau de la petite crevette cachée derrière lui. Je profite pour jeter une œillade al frattelone dont la sévérité du regard ne me dit rien qui vaille : Je vous présente Lilo. Lilo, voici Orazio, un grand sourire nait sur mes lèvres et j’agrémente cette salutation d’un petit signe de la main, Gabriel et surtout, Nonna qui avait très hâte de te rencontrer... aussitôt dit, aussitôt fait, Nonna accoure joyeusement pour pouponner l'enfant.

Enfin arrière-grand-mère. Je m'appelle Fiore, mais tu peux m'appeler Nonna, ou Nonna Fiore, comme tu préfères. Elle pose un regard maternel sur Nino puis de nouveau sur la petite Lilo. : Elle a tes yeux Nino, viens Gabriel !

Je me rapproche à mon tour pour m’accroupir de ma corpulence imposante près d'elle: bon alors, ton papa ne te l’a peut-être pas dit, mais, c’est moi le plus cool ici. Moi, c'est Orazio, le super tonton, alors que lui là-bas, je pointe Gabriel du doigt, c’est tonton Grincheux, faut pas faire attention à lui. Il fait toujours la tête, mais, c’est un petit cœur d’artichaud, je planque ma main sur ma bouche pour lui susurrer un secret à l'oreille, camouflant ainsi mes lèvres avec le dos de la main, si tu veux, je te dirai comment le faire fondre., un nouveau sourire étire la commissure des mes lèvres tandis que je lui envoie un petit clin d’œil. La porte ensuite s’ouvre et je me redresse pour l’arrivée d’Anastasia qui s’excuse de son retard et nous la saluons à tour de rôle.

Elle fait quelques pas pour saluer il frattelino mais s’arrête un instant face à la petite Boucle d’Or qui se tient à nos côtés : Ahah bien joué pour la petite blague ! Tu peux ramener la gamine à sa mère maintenant dit-elle en lui octroyant une petite tape sur l’épaule. Dio porco ! personne ne l’a mise au courant ? Le regard bleuté de notre cousine nous sonde l’un après l’autre, et c’est alors qu’elle comprend. Gabriel, qui s’était levé pour déposer sa tasse à la cuisine vient me rejoindre en demandant encore à Nonna de jouer les boniches. Je lui jette un regard dur, et retiens notre grand-mère. J’y vais ! il abuse ! Mets-moi mon Knob Creek avec deux glaçons, pendant que je file à la cuisine pour servir notre ours mal léché. Je reviens rapidement en lui jetant presque le verre entre les mains pour lui manifester mon mécontentement.

Mio dio... C’est vraiment ta… ta fille? s’étonne Ana. Alors… Salut mini Nino. ajoute-t-elle pour saluer la petite d’un petit signe de la main avant de nous rejoindre. Est-ce que vous étiez au courant? Non parce que j’ai l'impression d’arriver après la tempête.. Mes lèvres se délient mais aucun son n’a le temps de répliquer que Gabriel brise la glace avec son sarcasme habituel: Je crois que tempête c'est le bon mot, Cazzo ! il ne peut pas se retenir deux minutes ? Je lui glisse un regard réprobateur, mais le sien reste figé sur la gamine. Je me racle discrètement la gorge pour attirer son attention. Chose réussie, d’un geste lent, je remue négativement la tête, assez pour qu’il comprenne qu’il va trop loin, celui qui lui hurle en silence : commence pas !. En guise de réponse, j’y gagne une énième question sur mon ex. Cazzo ! j’aurais dû m’y attendre. Parler de Suzanna est bien la dernière chose dont j’ai envie.

Non. Elle s’est dit qu’on serait mieux en petit comité cette fois. à force, je ne sais plus quoi lui pondre comme excuse. Recentrons le sujet: Et toi Frate ! quand est-ce que tu nous ramène una donna ? ajoutai-je pour le titiller en croisant les bras, le fixant d'un air taquin. Gabri est tellement vieux jeux et coincé quand il s'agit des femmes que ça en est presque risible. Je sais qu'il n'aime pas mettre ce sujet sur la table et moi bah, j'aime bien l'emmerder de temps en temps.

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Le Repas de Famille

La Famiglia

Dimanche 14 août 2022

Il y a un truc qui se passe, je sais pas trop comment le décrire. Un truc à la fois doux et chaud qui me secoue les tripes et le cœur quand Nonna se précipite pour accueillir Lilo comme si elle avait toujours fait partie de cette famille... Et surtout, quand elle fait la remarque concernant mes yeux. C'est pourtant pas grand-chose, mais ça me touche, et surtout, ça renforce ce petit quelque chose d'irrationnel de me dire qu'un petit bout de moi était tout de même avec elle, quand moi j'ignorais tout de son existence... Nonna lui fourre un paquet cadeau dans les mains et s'excuse déjà alors que je lui glisse un regard plein de gratitude et de douceur : c'est une attention qui me touche parce que je connais la situation financière de ma grand-mère et que rien ne l'oblige à faire ça.

— Merci Nonna... lui dis-je avec douceur et tendresse alors que mon passerino m'imite et la remercie à son tour, d'une voix beaucoup plus timide.

Elle me glisse un regard, comme pour attendre mon autorisation pour déballer son cadeau et je lui dis qu'elle peut l'ouvrir. Son regard s'illumine quand elle découvre la petite vaisselle de la dinette, un sourire franc venant s'étirer sur son petit visage jusque-là un peu inquiet. Elle remercie timidement Nonna.

Si la réaction froide et détachée de Gabriel ne m'étonne pas vraiment, l'accueil d'Orazio quant à lui m'arrache un sourire.

— Bon alors, ton papa ne te l’a peut-être pas dit, mais, c’est moi le plus cool ici. Moi, c'est Orazio, le super tonton, alors que lui là-bas, c’est tonton Grincheux, faut pas faire attention à lui. Il fait toujours la tête, mais, c’est un petit cœur d’artichaud.

Le petit moineau laisse échapper un petit gloussement et je sais déjà qu'Orazio a réussi à l'apprivoiser, là où le regard et les traits naturellement sévères de Gabriel ainsi que son attitude semble l'impressionner. Je glisse un bref coup d'œil à mon aîné qui ne s'attarde pas vraiment sur celle qu'il ne considère pas comme sa nièce, ça, je le sais.

— C'est à toi, la moto ? murmure-t-elle, de sa délicate petite voix, comme pour faire le lien avec ce que je lui ai dit plus tôt et montrer qu'elle a bien compris.

Il vient lui murmurer quelque chose à l'oreille qui m'échappe puisque quelqu'un toque à la porte et la porte s'ouvre sur Ana, notre cousine. Je n'ai pas vraiment le temps de réaliser... En fait, je ne le réalise que trop tard, quand elle balance joyeusement :

— Ahah bien joué pour la petite blague ! Tu peux ramener la gamine à sa mère maintenant.

Cazzo.
Je ferme les yeux : j'ai complètement zappé de lui en parler, avec tous les évènements qui se sont enchainés. J'humecte mes lèvres et mon silence -ainsi que celui de mes frangins- doit-être plus éloquent que n'importe quel discours... Elle réalise que c'est bien ma fille et je confirme en les présentant respectivement.

— Lilo, je te présente ma... enfin notre cousine, Anastasia. Je lui indique le salon et l'invite à aller s'installer dans un petit coin où moi-même j'avais l'habitude de me mettre, gamin. Alors qu'elle file, je ne capte pas entièrement les messes basses derrière moi, mais j'entends bien les murmures d'incompréhensions et de désapprobation... J'ai pas vraiment envie de mettre Lilo mal à l'aise en me prenant la tête avec mon aîné...

— Ana... Excuse-moi, j'ai complètement... j'humecte mes lèvres une nouvelle fois et passe une main dans mes cheveux, un peu confus : J'étais un peu ailleurs...

J'aide Nonna à aller s'installer, lui disant qu'Orazio et moi allons nous en charger. J'abandonne ma veste et dépose un baiser sur la joue de ma grand-mère et pars filer un coup de main à Orazio qui s'est déjà chargé de servir Gabriel. Je tapote l'épaule de mon frère pour lui dire que je prends la relève et le laisse répondre à la question de notre aîné concernant Suzanna... Je m'occupe de servir Nonna, Ana et demande à Lilo ce qu'elle voudrait boire alors qu'elle commence gentiment et calmement à jouer avec sa dinette.

— Non. Elle s’est dit qu’on serait mieux en petit comité cette fois. Je ne dis rien, me contentant de servir un jus de fruits à ma fille, avant de les rejoindre autour de la table. Et toi Frate ! quand est-ce que tu nous ramènes una donna ?

J'esquisse un sourire à la question d'Orazio et ne peut m'empêcher de rajouter, en m'adossant au meuble derrière moi, un verre de Lambrusco à la main :

— C'est vrai ça, tu nous la présentes quand, Californie ? Je glisse un regard taquin à mon autre frère et explique simplement : Il a une collègue plutôt canon.

La discussion va bon train, et Lilo finit par s'approcher timidement pour déposer devant Nonna une petite tasse sur une soucoupe en lui murmurant que c'est chaud, attention. Après un délicieux sourire à Nonna, elle va chercher une nouvelle petite tasse pour chacun d'entre nous, en commençant par moi, puis Orazio, Ana et finalement, avec plus d'hésitation et très silencieusement, elle en glisse une juste devant Gabriel, avant de retourner jouer dans son coin... pour revenir débarrasser tout le monde.

(c) princessecapricieuse

Le repas de famille

@Gabriel M. Mannoia, @Orazio F. Mannoia, @Nino F. Mannoia & @Anastasia Sokolov

◊ ◊ ◊

- Surprise est un bien piètre mot face à ce que tu viens de découvrir ce soir. Tu ne pensais pas que Nino serait le premier des trois à avoir un enfant, tu avais plutôt misé sur Orazio à ce sujet mais il faut croire que c’était une erreur de ta part. En même temps, c’est le dernier de la famille et aussi celui avec qui tu passes le plus de temps. Tes premières bêtises c’est avec lui que tu as commencé à les faire sans aucun doute, il est celui qui se rapproche le plus d’un grand frère même si tu partages une relation particulière avec chacun d’entre eux. Tu es consciente que tu n’es qu’une cousine mais il y a toujours eu un lien si spécial entre vous, certainement grâce à la proximité de vos mères respectives auparavant et au fait que tu étais toujours chez eux finalement. A ce sujet, aucun d’entre vous n’est au bout de ses surprises d’ailleurs car il y a des secrets qui pourraient bien être emportés dans la tombe si jamais ils ne sont pas révélés avant. Au sujet de la petite, sans doute que tu aurais préféré que ce soit une blague de sa part mais ce n’est pas le cas et tu le comprends bien vite à ce silence glaçant ainsi qu’à l’ambiance qui règne entre les murs de cet appartement. Tu as tout de même du mal à imaginer Nino dans ce rôle de père, sans doute parce que toi tu ne te vois pas avoir une telle responsabilité sur les épaules et que vous n’êtes pas si différent. - “Lilo… Enchantée de faire ta connaissance.” - Tu tentes d’être rassurante à son égard, tu imagines bien que ce n’est pas facile d’apparaître dans une famille qu’elle ne connaît pas encore. Tu n’es pas à ton aise avec les enfants mais tu vas faire un effort parce qu’il s’agit de l’enfant de ton cousin, bien que tu ne seras pas non plus la “tante” de l’année.. - “Tu peux m'appeler Ana, c’est plus simple.” - A l’évidence, peu de personnes utilisent ton prénom en entier donc ce n’est pas un problème.

Tu comprends rapidement que Gabriel n’est pas enchanté de cette nouvelle qui vient de s'abattre sur votre famille de façon inattendue. Elle n’est pourtant pas responsable de sa naissance et peut-être même que ton cousin a été piégé par la mère de cette dernière…Sauf s’il est du genre à ne pas se soucier d’un moyen de contraception. Tu poses ton regard sur ce dernier lorsqu’il semble perdre les mots face au fait que tu n’étais pas au courant et que tu t’es retrouvée les pieds dans le plat. - “T’en fais pas. Ca arrive.” - Tu ne prends pas la tête Ana, jamais. Tu préfères ne pas lui en tenir rigueur plutôt que de te lancer dans une dispute qui ne mènera absolument à rien. C’est tout de même un détail qui ne s’oublie pas aussi facilement mais soit, il n’est plus possible de revenir en arrière désormais. Tu t’installes à table, face à Nonna qui avait hâte de te revoir visiblement et tu ne peux pas lui en vouloir étant donné que cela fait bien quelques semaines que tu n’étais pas venue ici. Il faut dire que tu n’as pas vraiment envie qu’elle te voit en proie à tes pires démons, tu espères d’ailleurs que ce repas se passera au mieux à ce niveau-là. - “Le jour où vous serez caser tous les trois…Il faut du courage pour vous supporter.” - Tu échappes un petit rire à cette réflexion avant de secouer la tête, tu as comme l’impression que cela n’arrivera jamais. De ton côté ils savent plus ou moins que tu as quelqu’un dans ta vie mais tu évites de parler de lui et bien sûr ils ne l’ont jamais rencontré. Tu préfères garder tes relations discrètes, c’est mieux ainsi. D’autant plus que tu ne sais pas vraiment où tu te diriges avec Alex. Tu prends ton verre dans ta main afin d’en boire une gorgée jusqu’à ce que la petite blonde vienne vous servir des petites tasses venant de sa dinette que Nonna vient de lui offrir. - “Merci, j’avais justement besoin d’un thé.” - Tu observes la gamine en même temps et il est vrai que tu peux voir les traits de famille sur son visage. Tu n’arrives vraiment pas à te faire à l'idée qu’il s’agit de l’enfant de ton cousin. - “Tu le sais depuis longtemps?” - Tu poses ton regard sur Ninno en même temps, il faut dire que la petite a déjà l’air d’avoir quelques années devant elle donc tu te demandes s’il était au courant depuis le début ou si c’est récent. -

(c) oxymort

Les salutations se passent avec les uns et les autres et je retrouve refuge dans mon fauteuil pendant qu'ils se saluent mutuellement. Anastasia, drapée dans l'ignorance des dernières nouvelles, pense à une plaisanterie et j'arrête la mascarade avant de lancer une oeillade appuyée au tableau qui se dessine sous mes yeux, sans en être particulièrement ravi. Optant finalement pour un verre de whisky, je demande sans trop de délicatesse à Nonna d'aller me le chercher et c'est Orazio qui se dévoue pour se plier à la tâche en me lâchant le verre aussi maladroitement que possible. Me retrouvant avec de l'alcool sur les doigts, je serre les lèvres et retiens un commentaire désagréable. Nous réglerons ça plus tard...

Alors que la gamine apprend qui nous sommes, je me contente de l'observer en me demandant pourquoi elle se trouve là, cette petite. Qui nous l'envoie, et pourquoi ? Je ne pense pas que Nino soit prêt pour devenir père mais désormais, il n'a plus le choix. Parlons de femmes fiables, plutôt que d'aborder la question de la mère de celle-ci, avec Suzanna. Mais Orazio nous explique qu'elle préférait nous laisser en comité réduit, je hausse des épaules en laissant échapper que c'est dommage. C'est vrai qu'elle, je l'aime bien.
▬ Et toi Frate ! quand est-ce que tu nous ramène una donna ?

Coup bas. Je pince les lèvres et lui lance une oeillade de biais avant de porter mon verre à mes lèvres quelques instants. Heureusement, il n'a au moins pas oublié les glaçons. Finalement, parlant en moulinant l'air de ma main libre, je rétorque :
▬ Jcrois que pour l'instant, j'ai assez donné de ma personne. Mon regard se tourne brièvement vers Nino et sa petite tête blonde, alors que mon cadet parle manifestement de Collins, quand il parle de présenter Californie. Je hausse des épaules, comme s'ils racontaient n'importe quoi, et précisent qu'ils étaient « pas si pressés de voir la sale tronche de Hayes », mon ancien partenaire.

Je prends une gorgée du verre alors que la petite décide d'inaugurer sa dinette, pour le plus grand plaisir de Nonna qui se prête immédiatement au jeu, surjouant les doigts qui se posent précautionneusement sur le bord de la tasse et le fait d'en sentir le contenu. Elle vient semer ses jouets partout, jusqu'à sous mon nez, d'ailleurs. Je croise les jambes en considérant la petite soucoupe et l'idée de bazarder tout ça de mon accoudoir mais c'est pas vraiment la faute de la gamine, alors je me contente d'ignorer les objets pour l'instant. Nonna lance soudain une attaque sur Anastasia et l'encourage à bien se servir pendant le repas, commentant qu'elle est toute maigre et qu'il faut qu'elle se remplume. Elle repart d'un bond pour aller dans la cuisine pendant que je prends la dinnette du bout des doigts pour la poser sur l'autre accoudoir du fauteuil dans un soupir silencieux.

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" Courtesy - Blood - Respect "

Orazio

La Cene

La gamine me questionne au sujet de ma moto et m’arrache ainsi un sourire jusqu’aux oreilles. Ouep ! elle est canon pas vrai ? je lui réponds avec un petit clin d’œil, laissant le soin au Fratellino d’annoncer le pot aux roses à Ana qui bien sûr, met les pieds dans le plat.

Les présentations se poursuivent et évidemment, Gabriel qui demande après Suzanna. Je feins une excuse tout aussi puérile que les précédentes. Vu le contexte de ce repas, je pense qu’il vaudrait mieux éviter de contrarier davantage notre vieux sage. Et puisqu’il lance le sujet des amourettes, je le titille un peu. Il est tellement coincé et primaire parfois que je me demande quelle nénette saura faire fondre son cœur d’artichaud. Il ne faut pas croire, il se donne des airs, mais au fond c’est un ours en guimauve. Je souris bêtement à cette image.

Il semblerait que j’ai tendu une perche énorme puisque Nino évoque une femme. J’arque un sourcil avec ce sourire taquin toujours bien accroché sur mes lèvres. Californie ? J’ose espérer que c’est un surnom et pas le prénom d’une jeune femme. Je la plaindrais sérieusement. Evidemment, notre fratellino, ne peut pas s’empêcher de dépeindre merveilleusement cette Californie comme il sait si bien faire lorsqu’il s’agit d’une foufoune.

Oh !!!! Et tu nous a caché ça ! surenchéris-je histoire de le faire chier. Tu nous la présentes quand ? j’ai hâte de rencontrer celle qui a le courage de te supporter tous les jours. Je lui envoie un bisou de loin.
oh merci ma puce, je réagis à la petite Lilo qui nous apporte une petite tasse chacun de sa dinette.

Gabi comme a son habitude fait l’autruche concernant cette fameuse collègue, en glissant une petite réflexion concernant Nino et sa fille. Je hausse les épaules : à choisir entre una bella donna et une tête de nœud, dis-je pour désigner son ancien équipier, le choix est vite fait.

Bon. Le repas se passe plutôt bien. Gabriel n’est pas très loquace, mais ne joue pas les rabat-joie. Toutefois, on sent l’inconfort que cette situation l’inspire, notamment lorsque la gamine laisse trainer ses jouets un peu partout. Je me frotte les mains et part aider Nonna pour le reste du repas.

Code by Silver Lungs

Le Repas de Famille

La Famiglia

Dimanche 14 août 2022

J'me sens con. Je vois bien qu'elle essaye de me déculpabiliser mais en réalité, je suis conscient, maintenant, de m'être laissé dévorer par mon nouveau travail, par mon nouveau statut, par les contraintes aussi que ça représente de vivre sous le même toit que Gabriel et Nonna. Surtout maintenant, Gabriel tolère à peine la présence de Lilo et j'ai pas envie de me foutre sur la tronche avec lui... Avant, je prenais plus de temps pour sortir, mais avec la période estivale, là, je fais des services tellement longs que l'envie de sortir s'éteint aussitôt que ma tête touche mon oreiller. Et puis, j'ai pas envie de faire le con : Lilo, c'est encore un paramètre fragile dans ma vie, et je sais qu'à tout moment, sa mère pourrait décider que ça s'arrête là. Et j'en ai pas du tout envie. Je souris à Ana, le genre de sourire pour la remercier de pas prendre la mouche même si clairement, elle aurait légitimement pu me faire une remarque...

Mentalement pourtant, je me note qu'il faudra qu'on se passe un petit moment tous les deux, comme on faisait avant... Ana fait une remarque par rapport à nous trois qui me fait esquisser un sourire : le jour où on sera casé tous les trois ? Je vois ça d'ici, Nonna sera probablement rassurée... Orazio y voit l'occasion de bifurquer la conversation sur Gabriel quand ce dernier le questionne sur l'absence de Suzanna. Je grimace imperceptiblement : j'en déduis qu'Orazio ne l'a toujours pas annoncé à Gabriel. Je respecte ça : après tout, quand je lui ai parlé de Lilo avant d'en parler à qui que ce soit d'autre, il a respecté ma demande de garder ça pour lui, le temps que je l'annonce. J'en profite donc pour alimenter sa diversion en évoquant Californie, la nouvelle coéquipière de Gabriel. Visiblement, ça fait son effet, lançant la discussion entre mes deux frangins, pendant que Lilo vient nous servir une petite tasse à chacun. Je lui souris avec tendresse alors qu'Ana la remercie en faisant l'effort de rentrer dans son jeu.

— Tu le sais depuis longtemps?

— Depuis le mois dernier... je lui réponds, puis, une fois certain que Lilo est assez loin, j'ajoute un ton plus bas, en glissant un regard à mes deux frères avant de chercher de nouveau le regard de ma cousine : Tu sais... j'savais pas trop au début... et c'est pas toujours très simple... dis-je en indiquant Gabriel d'un discret coup de menton, alors qu'il est occupé à comparé Hayes et Collins, ...mais je regrette pas.

J'en dis pas plus, juste un petit sourire complice : on aura bien le temps d'aborder ça plus en profondeur quand on ne sera que tous les deux.

— A choisir entre una bella donna et une tête de nœud, le choix est vite fait. j'entends dire Orazio et ça me fait esquisser un plus large sourire encore.

— Aspetta, tu sais qu'elle lui a dit qu'elle allait lui casser les doigts ? je balance l'info, sans évoquer non plus tout ce que mon frère a bien voulu me dire à son sujet. Ces moments-là, je les apprécie, parce que c'est pas le père de substitution qui me parle, mais vraiment le grand-frère... J'aurais voulu voir sa tête... je conclus simplement en souriant.

Le reste du repas se déroule, Lilo reçoit plein de questions de Nonna et ça me fait plaisir de les voir toutes les deux, comme ça. Quand j'la vois comme ça et quand je surprends les coups d'oeil de Gabriel sur elle, j'suis pas con, je comprends bien... Y'avait un enfant, qui aurait dû être présent. Un cousin avec qui elle aurait pu jouer mais qu'elle ne connaîtra jamais. J'le sais... J'le sens bien que c'est une injustice et que ça le bouffe, je suis pas aveugle... C'est seulement pour cette raison que j'arrive à prendre sur moi, parce que je suis conscient au fond de ce que j'impose à Gabriel, quand Lilo est là... Et pour que ma fille continue de faire partie de ma vie, j'suis prêt à continuer d'encaisser.

Alors que je me lève, en compagnie d'Orazio, pour apporter le dessert - comme s'il y en avait besoin après tout ce qu'on a mangé...- à table, je me réinstalle près de ma cousine et lui demande, alors que Lilo récupère sa petite vaisselle pour la rassembler dans le petit salon.

— Et toi alors, comment ça se passe, en ce moment ? T'as un Roméo ?

(c) princessecapricieuse

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