Le pari de trop

Elisabeth

«On ne peut pas arrêter les vagues, mais on peut apprendre à surfer.»

C’est fini ? Bel et bien fini ? Je peux enfin lâcher prise ? Mon visage se déride tandis que je m’époumone d’un très long soupire de soulagement, fermant brièvement les paupières. Dieu merci ! Nino est arrivé au bon moment, une minute de plus et je finissais égorgée au fond d’une benne. Je crois que je pourrais l’embrasser !

D’ailleurs, quand on parle du loup, il se retourne, visiblement soulagé qu’ils aient gobé son histoire, car oui, personne ne comptait venir. Il semble soucieux et contrarié, nous demandant qui ils sont et pourquoi ils nous ont agressé. Caitlin prend soin de lui expliquer ce qui s’est passé. Ça tombe bien, je n’ai pas la force de me lancer dans un résumé de notre course poursuite. Je souris fébrilement pour acquiescer ses explications. Son regard se pose alors sur moi. Et, en ce très bref instant, je ressens comme un étrange frisson qui me parcourt l’échine. Puis, elles s’écarquillent, ses douces prunelles que l’inquiétude anime, lorsqu’elles découvrent ma gorge, de rouge sang colorée.

D’un geste vif et rapide, il me prend la main pour m’emmener aux urgences, mais très vite, je lui supplie pour ne pas y aller. Je ne veux pas faire un séjour supplémentaire dans un hôpital. Il réveillerait bien trop de souvenirs douloureux. Il a fallu que j’insiste lourdement, que je panique même pour qu’il comprenne que je n’y mettrais pas les pieds. Finalement, il courbe l’échine et insiste pour me raccompagner. Il commence à pleuvoir, l’orage se lève et une pluie battante s'abat sur nous. Caitlin nous salue, et avant qu'elle ne parte, nous échangeons nos numéros.

La pluie n’a guère cessé de tomber et nous nous sommes ainsi séparés. Nino comme promis m’a raccompagné jusqu’à mon appartement, où nous sommes montés trempés jusqu’aux os…