Premier échantillon

«Guardo il ciel e non vedo altro colore…solo grigio piombo che m spegne il sole»

Deux cent dollars, contre une piquouze. C’est plutôt bien payé, même si j’sais pas encore quel en seront les effets secondaires.  J’avoue j’n’y ai pas songé comme un con. La seule chose que j’ai retenu c’est les billets derrière, probablement comme la poignée d’abrutis qui, comme moi, s’est portée volontaire. Finalement, avec un peu de recul, c’est comme faire la pute, tu donnes ton corps, en contrepartie, on t’file du fric, sans vraiment savoir si tu vas pouvoir en jouir. Qu’est-ce que deux cents minables petits dollars contre une vie ? La mienne est à chier mais est ce que j’ai envie de crever pour autant ?

On se croirait en plein film d’épouvante. Tomorlab a choisi un vieil immeuble d’Overtown pour ses tests. On se demande pourquoi hein ? Hum…ça sent les expériences pas très nettes tout ça. Je vois d’ici le tableau ! on va tous se transformer en zombie, contaminer le reste de la ville et tout Miami devient la ville numéro une des morts avant que le monde soit ravagé par ce nouveau virus ! Et ainsi s’éteindra l’humanité ! Putain…je regarde trop la télé. Mais qu’est-ce qui m’a pris d’accepter ça ?

La porte d’entrée s’ouvre. J’suis accueilli par un individu à l’allure d’un scientifique : blouse blanche et masque camouflant son visage. Je ne le calcule pas. D’abord, j’observe. J’analyse chaque petit détail qui dessine le décor autour de moi. Apparemment, je suis seul. Pas un rat dans la pièce, ce qui, à mon humble avis, n’est pas très rassurant. Je mords l’intérieur de ma joue tandis qu’on me demande ma carte d’identité. Sans quitter le décor du regard, je la sors puis la donne au…médecin en face de moi. Ce dernier m’invite à m’assoir.

Le cul posé sur le siège, je tends machinalement le bras tandis que mes yeux ne quittent pas les alentours. Je n’aime pas cet endroit. Je n’sais pas pourquoi. J’ai comme un mauvais présentiment. Et brusquement, un picotement me transperce le bras. Je tourne instinctivement la tête vers le doc qui vient de me piquer. Et merde ! Mon regard se pose sur l’endroit où l’aiguille a transpercé ma peau.  J’aurais peut-être dû m’abstenir non ?

Je regarde par la fenêtre ce qui se passe dehors. Des gens se baladent. Rien de bien passionnant. Et, au loin, je crois apercevoir un visage familier. Je plisse un instant les yeux et me concentre un peu plus sur ce mec qui traverse la rue plus loin. J’ai la berlue ou quoi ? Elijah ?

Mais qu’est-ce que…Je…merde…woooh. J’ai la gerbe tout à coup. J’oublie un instant le mec de la rue et me tourne vers le doc : C’est quoi les effets secondaires de votre truc là ?

Premier échantillon

«Guardo il ciel e non vedo altro colore…solo grigio piombo che m spegne il sole»

Le doc n’est pas vraiment expressif, il se contente de me foutre un pansement et de regarder sa montre. Toutefois, il prend la peine de répondre à ma question. Les premiers effets que vous allez ressentir vont se limiter à une migraine dans les heures qui vont venir. Ensuite, je compte sur vous pour les consigner dans ce carnet rouge. Mettez tout, même ce qui vous semble insignifiant. Mais aucun trouble de l'humeur n'est à redouter, je peux vous l'assurer

Je sonde ses yeux bruns derrière son masque quelques secondes sans réagir. Une migraine. Okay. Pas de trouble de l’humeur. Je vois. Juste pour pas me dire que ça va pas me rendre barjot ! Mon regard se pose sur le fameux petit carnet rouge où il veut que j’raconte ma life. J’acquiesce d’un simple signe de tête : Okay. répondis-je simplement. Mais voilà qu’il ajoute une dernière précision avant de me libérer.

Limiter la drogue, l’alcool et l’automédication dans la mesure du possible ? Il s’fout d’moi lui. C’est pas comme si j’avais oublié d’avertir pour mes troubles bipolaires. Il est au courant que j’suis sensé suivre un traitement ? C’est quoi ce doc en carton ! Bon…même si j’les prends pas tout les jours, j’suis sensé prendre mes médocs. J’vous dis ! on va tous finir en zombie !

Je ne réponds rien. J’ai pas envie de parler dans le vent. Après tout, ils s’en branlent. On sert juste de cobaye. Il me tend une enveloppe que je range dans la poche de ma veste en le remerciant. J’me lève et me dirige vers la porte. Je l’ouvre, tombant nez à nez avec le prochain cobaye. Une p’tite gonzesse aux cheveux bleu-vert. Mignonne. On dirait une Schtroumpfette. Je lui tiens la porte pour la laisser entrer et prends la direction de chez moi.

@Charlie Fitzgerald

Adossé contre un lampadaire, dehors, je lorgne le bâtiment qui se dresse en face de moi en tirant comme un malheureux sur la fin de la clope que je tiens pincée entre mon pouce et mon index -et que j'ai taxé à un mec un peu plus tôt-. J'sais bien qu'elle fume pas, qu'elle a horreur de l'odeur, et d'ailleurs j'peux pas m'empêcher de penser à Raven qui me l'arrache des lèvres en m'faisant la morale... Mais, j'me sens nerveux et j'ai besoin de canaliser un peu tout ça. L'autre peut jouer les bonnes consciences, je ne le calcule pas. A la place, je repense à ce qui nous a amené là, à Miami, à vivre au-dessus de moyens qu'on a pas. Ils ont vendu la bagnole, ou, peut-être que c'est Charlie. Nouvelle ville, nouvel appart' dans un quartier bien plus chic -et cher- que celui-ci. Et surtout, pas de taffe. Charlie en dérive, qui se laisse bouffer par une dépression dont apparemment je suis responsable.

C'est d'la mauvaise foi ? J'balance d'une pichenette mon mégot et l'écrase sous ma semelle en réajustant mon bonnet sur mon crâne. Je renifle avec nonchalance, passant nerveusement mon index sous mon nez plus par réflexe que pour atténuer une véritable démangeaison. Go.
Jusque-là, j'avais fait plutôt profil bas, histoire de me faire un peu oublier... Mais la galère de thunes, c'est un soucis et, j'le dirai pas mais, j'me sens un peu merdeux, de jouer au fantôme et de laisser Charlie trinquer pour moi... J'sais pas faire grand chose de mes dix doigts, à part coller des pains et... d'autres talents qui font pas vraiment gagner de blé... J'trouverai pas de boulot. Mais cette annonce, là, ça, c'est du fric rapide et assuré. On a bouffé tellement de médocs à la con, qui servaient à que dalle, c'est pas une injection anti-migraine qui va me foutre à terre. Au pire quoi ? On sera dans les vapes un peu... ça change pas grand chose, avec les somnifères qu'elle avale comme des bonbons Pez.

Mais quand même. Les piqures, c'est pas vraiment mon truc. Les connards en blouse blanche avec leur jargon de branleur intellectuel, là, encore moins. Allez. On se dégonfle pas. Et ça sera vite fait. Deux cents dollars et ça couvrira une partie du loyer. Et les autres injections, au pire, ils se les fouteront au cul.

J'approche ma main de la poignée mais la porte s'ouvre sur un type qui en sort. Je fronce les sourcils quand son regard tape un haut bas sur moi. Ta gueule, Shane. Tu lui souris -un peu crispé ce sourire, quand même- quand il te tient la porte pour te laisser entrer comme un galant petit mec. Et tu joues ton rôle. La porte se referme sur moi et je soupire : le carrelage blanc, l'odeur aseptisée, bordel. Je déteste ça. Je n'attends pas longtemps avant que la porte s'ouvre sur la salle d'examen.

— J'suis Charlie. Fitzgerald. dis-je, avec le sentiment d'être le pire comédien du monde. C'est tellement gros, pour moi, que ça doit crever les yeux que c'est faux. Mais non, pour eux, c'est forcément la vérité.

Je file les papiers d'identité de Charlie et la paperasse demandée et vais m'installer là où il le souhaite, me laissant tomber lourdement, avec nonchalance dans la chaise. Je relève ma manche, mon avant-bras enroulé soigneusement dans un bandage. Je fixe le plafond :

— Fais vite, Doc', j'aime pas cette ambiance. je soupire, alors que j'ai l'impression d'entendre Elijah me susurrer ses mises en garde.

Ta gueule, dictature de la bonne conscience. Je ferme les yeux un instant et celui d'après, c'est terminé. J'ai pas d'appréhensions, pas pour la douleur. C'est comme si je pouvais pas la sentir, d'ailleurs. C'est juste ce... malaise poisseux avec tout ce qui à trait à l'hôpital. A peine terminé, j'attends pas longtemps pour remettre ma manche en place et bondir de ma chaise en me frottant le pif.

— Ok, tu files ça comment, genre en chèque ou en cash ? les recommandations médicales, c'est pas trop ma priorité, pour l'heure...

Il est sérieux avec son carnet là ? Mec, j'écris même pas dans celui que Charlie a mis en place avec les autres. J'acquiesce quand même mais on sait déjà où il va finir, ce carnet. Ou pas d'ailleurs. Ce qui m'intéresse, moi, c'est le fric en liquide qu'il me tend et que j'ai l'audace de recompter en écoutant distraitement les recommandations du Doc.
J'devrais peut-être lui demander, pour les somnifères, mais j'ai qu'une envie, c'est de me casser de cet endroit aussi vite que possible, comme si... Comme si je sais pas, j'venais de voler de l'argent dans une caisse de supermarché mais que plus vite j'me casse et moins j'suis coupable. Comme si ça pouvait me permettre d'échapper à la réalité.

Je fourre les billets dans ma poche et lève les yeux vers le Doc, en fronçant les sourcils : j'sais pas si c'est le produit, la piqûre ou cette urgence de me casser d'ici mais j'me sens un peu... bizarre.

— Ouais, ok. je lui dis après ses recommandations. Je manque de partir sans le carnet et l'enveloppe mais je les récupère quand il m'en fait la réflexion.

— Bon bah... Salut. je dis, après m'être raclé la gorge et je passe la sortie de secours indiquée.

J'ai plus qu'à prendre le bus ou rentrer à pinces... Je laisserai les 200$ sur la table du salon. Quant au carnet... J'avise une poubelle, hésitant un instant.

Alea Jacta Est:

@Lucy Dawson

Il a été appelé, en fait il s’est inscrit à cette recherche sur un truc qu’on injecte dans votre corps, mais il payait cher et il avait besoin de cet argent pour X raison. Il reçoit un message, une adresse dans le quartier le moins sécurisé de la région, c’est d’ailleurs à devant cette porte qu’il se trouve. Il se promène un peu dans la rue, le temps que son heure arrive, comme s’il allait mourir, d’ailleurs aucun effet secondaire n’a été listée sur l’annonce, ils doivent surement faire les tests pour les trouvés, 200 balles pour tomber malades et le prendre en note, faut être maso tout de même. Il entre, se trouve au rez-de chaussé d’un immeuble qui ne se démarque pas tant des autres autour. Il y entre, y voit un lobby qui ressemble tant à d’autres avec deux portes, une qui est apparemment condamné. Notre brun n’a pas tant à attendre que la seconde porte s’ouvre laissant passer une autre personne en blouse blanche qui d'ailleurs ne fait que lui demander sa carte d’identité. Toujours bien préparé, il avait cette dernière dans la poche de son manteau de cuire, il l’a donne et sort son bras de la manche le temps que le personne note ses informations.

Vérification de sa personne faites, l’aiguille approche, il n’a jamais aimé les bout pointu perçant sa peau, il détourne les yeux, penses à autre chose et grimace au montant où l’aiguille perce son épiderme, il ne sent rien du liquide qui lui entre dans les veines. Quelques secondes à peine et tout est terminé, le médecin pour autant que ça en soit un, ne parle pas. Pas qu’il soit inquiet, mais tout de même, si tu utilises des humains comme rats de laboratoire, un peu de civilisation aurait été apprécié.

Combien de temps avant d’être malade ?

Au moins qu’il s’y prépare mentalement. Il remet sa manche, se lève et commence à marcher, il se sent bien, un peu le bras engourdie, mais ça va. Elijah se dirige vers la porte, pensant que c’est terminé, que peut-il faire d’autre ici d’ailleurs ? Il regarde tout de même le toubib à l’air dingo, juste histoire de voir s’il ne va pas finalement ajouter quelque chose.

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