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 Thérapie et TDI [Siham] 

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MessageThérapie et TDI [Siham] écrit Jeu 2 Juin - 12:47
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CHARLIE

Le réveil sonne mais ne me réveille pas vraiment. Je l’éteins. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit. Les rares fois où je commençais à me laisser aller, où mes paupières se fermaient peu à peu, j’étais presque aussitôt assaillie par des pensées, des souvenirs et les émotions associées. La honte. La peine. La douleur. La colère.

J’en suis venue à me gaver de médicaments pour dormir qui me donnent plutôt l’air d’un zombie plutôt que de remplir leur fonction initiale. Je pousse un soupire, contemplant le plafond de ce nouveau studio auquel j’ai encore un peu de mal à me faire.

Je me lève, légèrement chancelante à cause de mon épuisement et peut-être aussi à cause des effets des médicaments. Je prendrai les transports en commun, tout à l’heure. De toute façon, j’ai revendu la voiture quand on est arrivé à Miami : j’avais besoin d’argent pour l’appartement, et trouver un boulot est un peu compliqué ces temps-ci.

Mes pieds nus foulent le sol du parquet grinçant et je pousse le rideau qui sépare ma « chambre » du salon. Mon regard s’arrête sur le canapé vide.
Un pincement au coeur, un souvenir fugace. Et puis une boule d’angoisse qui vient se nicher dans mon ventre quand mes pensées chuchotent son nom. Je prends une inspiration pour chasser Raven de mes pensées parce que penser à lui ramène alors tout un lot de pensées désagréables que je préfère éviter.

Shane a vrillé. Et je crois que je ne pourrais plus jamais supporter le regard de Raven sur moi depuis qu’il sait tout, depuis que Shane a tout saboté. Je crois qu’au fond, il en souffre aussi, et d’ailleurs, depuis que nous sommes partis, Shane s’est fait très discret. Et puis, il y a eu Erika et ses mots durs…

Non.
Passons.

Je n’ai pas le goût du café ou du chocolat, le matin. Je l’ai perdu, lui aussi, c’est fou comme de si petites habitudes peuvent être chargées de symboles…
Je passe sous une douche au temps indéterminé, laissant l’eau ruisseler sur moi alors que je suis encore égarée dans la brume de mes pensées et la cacophonie de mes souvenirs.

Le voyage en bus jusque mon nouveau psychologue s’est déroulé dans ce même état brumeux. Les écouteurs sur les oreilles, je suis sortie mollement du bus à mon arrêt et face à la sonnette du cabinet, j’ai cherché le nom que le Dr. Keller avait écrit sur l’enveloppe. C’est Elijah qui a pris le rendez-vous, moi, je n’étais capable de rien, ces derniers mois, même pas peindre…

— Bonjour, j’ai rendez-vous… Je suis Charlie… Fitzgerald.

La porte s’ouvre, déclenchée par un loquet magnétique dont j’entends le « bzzzzt ». Et puis après une bonne inspiration, je rentre. Je vais m’installer dans la salle d’attente, en attendant celui qui m’a demandé de patienter un instant.
Je sors mon carnet et l’ouvre à la page du jour pour y consigner ce que j’ai fait ou non… Ce sera encore à Love de prendre soin de nous…

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MessageRe: Thérapie et TDI [Siham] écrit Mar 7 Juin - 0:03


« Imagine-toi porter le poids du vide, le poids du silence. C'est insupportable. La fenêtre est souvent ouverte, et la chaleur ne m'indispose pas. J'ai approché mon lit pour mieux entendre les bruits de l'extérieur et parfois, je n'écoute pas les mots, je me contente de laisser les voix perforer le silence pour le rendre plus léger, plus aisé à porter. Un carillon de bois pend au-dessus de ma tête et un fond de musique règne en permanence. Je suis entré grâce aux clefs que j'ai laissées chez Camille, ne retrouvant pas mon premier jeu. Il y a un porte-clef auquel je tiens, sur ce jeu. Un peu tape-à-l’œil, un peu vulgaire, ce que je ne suis pas. Mais il est là, et j'aimerais le retrouver. Je ne m'en inquiète pas vraiment, me disant qu'il se retrouvera un jour sur mon chemin. Aux objets perdus, dans un coin de l'appartement... Sur le second, j'ai accroché une balle, une longue balle brillante qui a perdu de sa superbe avec les années. Une longue balle qui a senti la poudre, qui a senti le sang, qui a senti la vie en train de se battre et se débattre. Je la regarde sans amertume ou crainte, comme un animal sauvage rendu docile par une longue marche. La fatigue et l'usure nous a fait compagnons d'un voyage dont nous ne connaissons pas la destination...

« Imagine-toi porter le poids du vide, le poids du silence. Comme d'ordinaire, je vais au parc pour lire avant d'entamer les consultations. Je lis Atiq Rahimi et ses mots quand il repense à l'enfance à travers la sensibilité du calame. Parfois, quand je lève les yeux, surgit des tréfonds de la terre un ange de pierre immaculée, aux ailes levées vers le ciel brûlant. S'élève et s'érige avec fierté au milieu d'une foule qui ne fait que tourner autour d'elle. Et le rêve s'estompe aussi vite qu'il est venu et repart avec les songes édulcorés, les souvenirs améliorés avec les années. Notre passé sans cesse falsifié. Et je laisse le banc pour rejoindre le cabinet. Précédé d'un couloir à mon sens plutôt triste, il est voisin d'une salle d'attente où figurent quelques informations éthiques, des numéros à mon sens essentiels et quelques pages d'un recueil de poésies que j'ai mises sous cadre dans un chaos qui gêne parfois, indiffère souvent. La pièce de travail, quant à elle, se compose sobrement du minimum. J'ai néanmoins mis à contribution toutes mes facultés en peinture pour habiller de soleil l'est et l'ouest.

« Imagine, mon oncle, qu'il n'y a pire vide que celui qui ne parvient à être comblé. Tu combles mon cœur chaque fois que je pense à toi, et j'attends tes nouvelles avec une impatience d'enfant.
▬ Bonjour, j’ai rendez-vous… Je suis Charlie… Fitzgerald. Charlie, donc. Le prénommé Elijah m'a expliqué la situation de Charlie, j'ai essayé de m'instruire assez pour ne pas être maladroit, ou mauvais, avec Charlie et ses alters. Je laisse mon cahier de notes ouvert sur le bureau et l'abandonne pour aller accueillir la jeune femme, qui est à l'heure d'ailleurs. J'entrouvre la porte à peine puis franchement pour découvrir une personne jeune installée sur l'une des chaises, le nez perdu sur un carnet où elle est en train d'écrire. Je la laisse prendre conscience de mon arrivé, ni volontairement bruyante, ni volontairement discrète. Une fois cela fait, je tends la main dans sa direction :
▬ Je suis M. Arodaky. Mme Fitzgerald ? comme pour être sûr que la situation n'a pas changé depuis qu'elle s'est installée là. Ainsi petite, menue, elle semble comme tassée sur elle-même. Je m'écarte pour la laisser entrer la première et indique deux sièges face au bureau pour qu'elle puisse prendre place où bon lui semble. Je vous en prie...

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MessageRe: Thérapie et TDI [Siham] écrit Ven 10 Juin - 12:59
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CHARLIE

Ce n'est pas le grincement de la porte qui s'ouvre qui attire mon attention, mais plutôt le moment où je sens - sans pouvoir trop comment l'expliquer- que je ne suis plus seule dans la pièce. Cette sensation qui me court sur l'épiderme, un peu comme lorsque deux aimants d'une même polarité sont trop proches l'un de l'autre et se repoussent. Je lève le nez de mon carnet pour découvrir celui qui vient d'entrer dans la salle d'attente -ou plutôt de sortir de son cabinet. Il n'est pas vraiment à l'idée que je m'étais faite mentalement de lui, murmurent mes pensées, alors que je l'observe, contrainte de lever les yeux vers le plafond. Mon esprit est toujours embrumé par la fatigue et les effets secondaires des somnifères mais sa surprenante stature arrive pourtant à m'intriguer.

Il me semble... très grand, abattant sur moi son étonnant regard ambré tandis que je reste là, à le fixer comme une poupée de porcelaine qui n'a de vie que dans les yeux. Il tend sa main vers moi et j'ai naturellement un léger mouvement de recul, comme cet aimant qui en repousse un autre.

▬ Je suis M. Arodaky. Mme Fitzgerald ?

Le regard fuyant, mes doigts réfugiés dans les manches trop longues de ma veste, je sens mes doigts se tortiller d'inconfort et ma jambe s'agiter légèrement. Je ne veux pas lui paraître impolie... J'acquiesce d'un léger mouvement du menton à son interrogation et cherche un peu de contenance en prenant mon carnet contre ma poitrine. Mes lèvres se pincent tandis que je lui glisse une œillade, espérant qu'il ne m'en voudra pas de ne pas répondre à son geste pourtant poli.

Peut-être qu'il prend conscience de la façon dont sa proximité m'affecte, ou bien est-ce simplement pour me libérer le passage, mais il s'écarte pour m'inviter à entrer dans son cabinet. Il m'intime par une formule de politesse de prendre place sur l'un des deux sièges en face de son bureau et après une brève hésitation, je m'installe inconsciemment sur celui qui est le plus proche de la sortie.

Il est pesant, ce silence. Je ne peux m'empêcher de sentir le poids d'une angoisse de devoir de nouveau réexpliquer, réapprendre à me confier. Mais j'ai besoin d'être suivie, maintenant plus que jamais... Mes doigts s'entortillent nerveusement, dépassant tout juste de mes manches et j'ose desserrer les lèvres pour m'adresser à M. Arodaky.

— Je... Je suis désolée, je... Je ne voulais pas vous paraître impolie... Je... les contacts physiques me rendent... anxieuse...

Je lui glisse un nouveau regard, comme pour m'assurer qu'il ne m'en tiendra pas rigueur. Je prends une inspiration et cherche dans mon sac postman en toile kaki l'enveloppe du Dr. Keller adressée à celui qui devrait nous accompagner dans notre thérapie.

— Tenez, c'est... c'est pour vous... De la part de mon ancienne thérapeute...

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MessageRe: Thérapie et TDI [Siham] écrit Sam 11 Juin - 2:14


« Imagine ce dont nous sommes capables. Je ne me réveille plus au beau milieu de la nuit. Je n'entends plus des pas enragés qui se décident à venir dans ma chambre quand le soleil a le dos tourné. Je n'entends plus les supplications aiguës dans l'escalier, dans le couloir ou près de mon lit. Je n'entends plus les détonations et les gémissements de douleur, qu'il s'agisse des miens ou de ceux des autres. Parfois, il me semble que Allah pose un voile de paix au-dessus de ma tête quand la lune s'empare de la nuit. Tous les bruits ont disparu et lorsque mes paupières sont closes, j'essaie de me remémorer tous les souvenirs agréables qui jonchent mon parcours. Les voix sont les plus présentes, bien qu'elles aient des difficultés à attendre chacune leur tour. C'est compliqué, au sein d'un souvenir, de me rappeler qui chantait le refrain, qui chantait le couplet. Quand nous nous arrachons à cette vie, il est bon de poser un regard sur nos mains ouvertes vers le ciel. Avec humilité.

« Imagine, ce qu'il y a, au creux de mes mains. Imagine, je ne peux encore regarder. Imagine, ce que nous ne saurions contempler. Ma main gauche emporte la droite et toutes deux se joignent devant moi alors qu'une petite femme toute recroquevillée sur elle pénètre dans le bureau, il n'a jamais semblé si grand. À défaut de faire le constat de ce que portent mes mains, je baisse le regard sur celles de Mme Fitzgerald et la danse douloureuse de ses doigts. Je ne prends pas sa réaction de rejet, de crainte, personnellement. Rien de ce qui se passe ici ne m'est adressé personnellement, d'ailleurs. Nous ne sommes que différentes facettes de nous-mêmes, selon les situations. Peut-être un peu comme Charlie Fitzgerald et ses alters... Elle s'assied et je viens faire de même en face d'elle.

« Imagine-la, prisonnière de ce siège, essayant de s'en extirper. Quelques secondes se passent, pour les nez les plus fins, un reste de parfum d'encens sur ma veste accrochée derrière la porte. Mes ongles coupés trop courts. L'élastique qui tient mes cheveux trop serré. Quelques secondes de silence, que je lui laisse.
▬ Je... Je suis désolée, je... Je ne voulais pas vous paraître impolie... Je... les contacts physiques me rendent... anxieuse...
▬ La politesse est une construction très... sociétale, dis-je en laissant mon regard s'enfuir quelques instants sur le large bureau. Dans certains groupes, on s'embrasse, ou on joint les mains en tendant le buste vers l'avant. Parfois, un simple regard suffit, ou un mot. Je patiente en essayant de croiser son regard même furtivement et quand c'est chose faite, je lui souris et lui offre un très simple : Bonjour.

« Imagine, ma main. Les premières fois où des mains ont pressé la mienne, j'ai ri. C'était un jeu auquel je semblais me prêter. Tous ces messieurs qui me serraient la main, moi le gosse déguisé en fille, déguisée en garçon. C'était d'un ridicule. Des couches de vêtements sur des couches de chair et de graisse. Et soudain, tout le monde jouait le jeu avec moi. J'ai explosé de rire quand un groupe de vieux messieurs nous ont croisés et nous ont serré la main avec un air cérémonieux. Je me suis délecté de chaque goutte d'eau que me laissait boire le désert. J'ai aimé, que leurs mains vieilles, sales, poussiéreuses, parfumées, usées se pressent autour de la mienne. J'ai aimé pour la première fois faire partie de ce monde injuste. Je ne cherchais pas à le comprendre, pas à la dompter, pas à le transformer. Juste à en faire partie. Je laisse Charlie sortir une enveloppe de son sac et la prend en veillant à ce que mes doigts ne heurtent pas ceux de la jeune femme. Je la remercie et pose l'enveloppe à plat devant moi.
▬ Avant que nous ne commencions... je vous remercie d'être présents. Souhaitez-vous aujourd’hui que je m'adresse à tous les membres de votre système, vous comprise, Mme Fitzgerald ? Ou uniquement à vous ? Je recule et tends mon bras vers l'arrière pour ouvrir une petite fenêtre, pour lever le sentiment qu'elle semble ressentir à en juger ses regards – conscients ou non – sur le sol, sur la porte, sur la fuite en avant. Vous permettez si... ? Je reprends ma place pour lui accorder l'attention à laquelle elle a droit.

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MessageRe: Thérapie et TDI [Siham] écrit Mar 21 Juin - 0:49
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CHARLIE

Le brouillard cotonneux qui règne dans mes pensées ne s'est pas encore levé. Je me fais la brève réflexion que c'est ce qui se rapproche le plus de ce sentiment de déréalisation dans lequel l'on est plongé, lorsque nous dissocions. A la différence qu'il me semble plus permanent, encore moins perceptible dans le temps. J'ai ce sentiment de ne plus être ancrée dans mon propre corps, mais plutôt d'en être la spectatrice. Tout me semble nimbé d'un filtre d'illusion, que ce décor qui m'entoure, ces odeurs et ces sons que je capte tiennent finalement plus de l'onirisme que de la réalité. Ce parfum d'encens qui semble encore flotter dans l'air ; le tic tac de la trotteuse de l'horloge murale qui semble résonner plus fort qu'il ne le devrait ; l'hermétisme de cette capsule qui semble d'un coup me priver d'air.

Je balbutie mes excuses, craignant de lui paraître impolie alors que ce ne sont là que des conséquences qui ne dépendent pas de ma volonté. Et puis, sa voix s'élève. Lointaine, calme, posée. Son ton n'est pas tout à fait neutre. Il a l'inflexion de ceux qui savent vous inciter au voyage. Mon regard embrumé et curieux quitte la surface boisée de son bureau pour m'attarder un instant sur les traits de son visage. Il y a quelque chose de méditerranéen dans ses traits, un reliquat chantant dans sa voix. Mais de tous les détails sur lesquels je pourrais m'attarder, ce sont ses longs cils noirs qui retiennent mon attention. Je perçois son mouvement avant qu'il ne s'amorce vraiment et mon regard le fuit automatiquement pour trouver refuge sur tout ce qui attirait mon attention, un peu plus tôt, alors qu'il énumère d'autres moyens de se saluer poliment.

Tic. Tac. Tic. Les embruns de thé et d'encens. La porte fermée. Le papier de l'enveloppe sous la pulpe de mes doigts...

Je risque une œillade vers lui, le poids de son regard pesant sur moi comme s'il pouvait m'effleurer de ses yeux.  

▬ Bonjour. dit-il simplement, de sa voix posée accompagnée d'un sourire comme s'il avait attendu ce moment précis pour s'adresser à moi.

— B-Bonjour... je lui réponds, dans un murmure, alors que j'ai la soudaine impression de ne plus pouvoir me soutirer à son regard. Pourtant le mien trouve rapidement refuge sur mes mains dont les doigts dansent nerveusement sur l'enveloppe du Dr. Keller que je finis par lui tendre en lui expliquant brièvement qui en est l'auteur.

Sans se rencontrer, nos doigts s'échangent l'enveloppe et M. Arodaky me remercie en la posant devant lui, remettant sans doute sa lecture à plus tard. Mon regard reste un instant figé sur l'enveloppe : il aurait été tellement plus simple, plus confortable qu'il en lise simplement le contenu.

Tic. Tac. Tic. Les embruns de thé et d'encens. La porte fermée. Mes doigts qui se tortillent et se rétractent dans mes manches.

▬ Avant que nous ne commencions... je vous remercie d'être présents. Souhaitez-vous aujourd’hui que je m'adresse à tous les membres de votre système, vous comprise, Mme Fitzgerald ? Ou uniquement à vous ?

— Charlie... Mon nez se relève doucement pour chercher son regard à travers le rideau émeraude de mes cheveux. Je... je préfère Charlie...

Mon patronyme est tout ce que je sais de ma famille biologique. Tout ce qu'on m'a laissé. Je ne sais pas vraiment ce que je ressens à ce propos. Je ne crois pas avoir d'animosité à leur égard. Seulement... Seulement de l'incompréhension. Un sentiment d'abandon, de n'avoir aucunes racines, qui m'habite encore au point de ne pas avoir cherché à les retrouver après tout ce temps. Ma peau me pique, ou bien est-ce seulement le résultat épidermique de mon inconfort ? Pourtant, je ressens le besoin de frotter mes paumes sur mes genoux.

— Vous permettez si... ?

Alors que je rassemble mes moyens pour trouver les mots les plus appropriés, mes yeux je perçois un léger mouvement qui attire mon attention. Du coin de l'œil, je l'observe ouvrir une petite fenêtre et à l'instant même où une légère brise s'infiltre dans la pièce, j'ai le sentiment de pouvoir respirer de nouveau. Il se réinstalle dans son fauteuil tandis que je lui glisse un petit regard reconnaissant, en me pinçant les lèvres. Est-ce qu'il le fait pour moi ? A-t-il senti mon inconfort ? J'en reviens à son interrogation de plus tôt, mes doigts reprenant leur danse, à l'abri de mes manches.

— Je... Je ne pense pas que... Shane acceptera de... Je hausse les épaules, imperceptiblement. Depuis, quelques temps, il se fait plutôt discret... Et je doute que la perspective de suivre une thérapie l'enchante. Pour... pour être honnête, je... je ne contrôle pas vraiment... leur intervention... Mon pied sautille doucement, mes mains jointes sur les genoux, les épaules légèrement rentrées comme si je cherchais à me faire encore plus petite. Je me racle doucement la gorge, fuyant le regard brun pour focaliser mon attention un court instant sur la portion de ciel que j'aperçois, à travers la fenêtre. Je... je ne vais pas... bien.

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MessageRe: Thérapie et TDI [Siham] écrit Dim 26 Juin - 1:18


« Imagine, une seconde, ou moins que ça, le mouvement des vagues. Répétitif, ne faisant qu'aller et venir, comme un appel récurrent à la liberté. Comme un cri captif qui n'en finit pas. Je me suis imaginé ce que j'avais entendu à ma naissance, était-ce le bruit de l'eau ? Qu'entendent les enfants, à la seconde où iels poussent le premier cri ? Quelle voix, quel bruit ? Le silence me met mal à l'aise, l'obscurité me met mal à l'aise. Ce n'est qu'une fois mes deux vieilles ennemies moqueuses parties que je ferme les yeux..... j'ai un sommeil lourd, dépourvu de rêves. Dépourvu de souvenirs. Déraciné et jeté là. J'ai ce sentiment de ne plus être qu'un corps sans décor, un acteur perdu dans le no man's land. Tout me semble dépourvu du filtre de l'imaginaire et parfois la réalité cherche à écraser l'onirisme. Ce sont les parfums, les couleurs, les lumières, les sons qui me rappellent de fermer les yeux pour entrevoir le passé, de les ouvrir pour contempler le présent. Je prends une longue mais lente inspiration.

« Imagine, représente-toi par pitié, le mouvement des vagues. Quand leur écume bave sur les pieds des inconscients pendant que ta main cherche la lumière, quand ta voix cherche la fuite, quand ton regard cherche la lumière ! Je pourrais vous le dire Charlie, que je sais ce que c'est d'être enfermé mais je ne connais pas votre captivité, ni celle de vos co-détenus. Parce que tant qu'il y a une lutte de pouvoir, n'est-ce pas une prison de chair dont les barreaux s'écartent de temps à autres sans se briser ? Je ne me représentais pas ses cheveux verts, ils ont piqué ma curiosité dès qu'elle est entrée dans le cabinet. C'est une particularité occidentale qui a encore le mérite de me surprendre sans me choquer. Mes mains se joignent devant moi comme pour appuyer une manifestation respectueuse, alors qu'elle sera Charlie, pour moi.
▬ Enchanté Charlie, je m'appelle Siham. Cette phrase, n'est-elle pas la revendication d'une existence, Charlie ? Ne sommes-nous pas le nom que nous donnons aux autres pour nous nommer, plutôt que celui qu'on a voulu lui attribuer ? Je lui souris avec retenue, mais sincérité. Je ne me trouve pas particulièrement expansif, ce n'est pas l'un de mes traits de caractère. Si j'étais une fleur, je serais probablement celle qui aime arborer le plus de couleurs mais dans une zone ombragée et abritée du jardin. Mon regard descend jusqu'à ses avant-bras, le bureau m'empêchant de voir le manège de ses doigts.

«  Imagine. Une. Deux. Trois. Je ne suis pas encore familier de leurs différents noms, je ne sais pas exactement si Shane est un alter ou son petit ami à l'heure actuelle. Je me réserve le droit de lire le dossier à l'issue de cette séance, après m'être fait une première opinion sur Charlie. Mon regard cherche le sien et son corps envoie des signaux de malaise de toutes parts. Je pourrais faire le tour du bureau et la rejoindre mais je ne me permets pas l'intrusion. Je la regarde, observe cet être écrasé se débattre malgré tout. Je pose ma main à plat sur le bureau surtout pour attirer son attention et je lui annonce d'une voix plus basse, presque sur le ton de la confidence :
▬ Vous faites preuve d'un courage exceptionnel. Ce que vous venez de faire, c'est une épreuve très difficile à surmonter et je vous remercie pour votre confiance. Je me doute que vous aviez noué un lien avec le Docteur Keller mais si vous l'acceptez, j'aimerais que nous traversions les prochaines épreuves ensemble, êtes-vous d'accord ? Je hoche de la tête comme pour l'encourager, mon corps sensiblement penché au-dessus du bureau. Vous êtes ici chez vous, c'est vous qui posez les limites, d'accord ? Est-ce que vous voulez me parler de ce qui vous rend mal ?


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MessageRe: Thérapie et TDI [Siham] écrit Sam 2 Juil - 16:36
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Ce n'est que maintenant, alors que je le corrige pour qu'il utilise plutôt mon prénom et non mon nom de famille que je réalise qu'il s'est adressé à notre système et pas seulement à moi. Mes lèvres se pincent légèrement alors que je lui glisse un regard. Je suppose qu'il a fait un minimum de recherches, avant d'accepter de nous recevoir et c'est une attention à laquelle je suis sensible... et Elijah également. On ne sait pas si le Dr. Keller s'est déjà entretenue avec M. Arodaky, en face de nous. Si elle a fait passer notre dossier et ses propres observations à celui qui devrait nous accompagner, désormais.

▬ Enchanté Charlie, je m'appelle Siham. me répond-t-il, joignant ses mains en prière sans plus de cérémonie.

Siham. Allons-nous abattre les limites habituelles que l'on attendrait dans ce genre d'échange ? Je n'ai jamais appelé le Dr. Keller par son prénom, il me semble d'ailleurs qu'à part Shane, personne ne se permettait cette familiarité.

Siham. Ce n'est peut-être, après tout, qu'une politesse de sa part, pour équilibrer notre échange ? Un prénom pour un autre.

Son regard semble chercher le mien quand j'essaye de le fuir. Est-ce que je viens pour nous ? Ou bien est-ce que ma présence ici relève de quelque chose de plus ...personnel que notre TDI ? Mon regard se perd légèrement sur le dessus du bureau. J'évoque Shane comme s'il ne pouvait ignorer de qui il s'agit. Et puis, des tonnes de murmures m'empêchent de m'attacher à cette simple question : pourquoi sommes-nous là ? Un chuchotement un peu plus clair que les autres, m'apparait alors comme une évidence.

Je ne vais pas bien.

Je ne suis pas là pour parler des autres. Je ne suis pas là pour les autres. Elijah a pris ce rendez-vous pour moi. Et le fait de réaliser à quel point je suis affectée m'arrache quelques larmes qui s'accumulent dans le coin de mes paupières.

Je ne vais pas bien.

Le regard de M. Arodaky ne me quitte pas. Sa main se pose à plat sur le bureau alors que je sens mes lèvres se tordre et se pincer fermement comme pour empêcher ma peine, mon mal-être de s'engouffrer dans la brèche. Comme si je devais la contenir, comme je l'ai toujours fait. Mon regard se fait fuyant, de nouveau, alors que je tente de disparaître derrière ma manche, en essuyant les bourgeons de larmes.

Vous faites preuve d'un courage exceptionnel. Ce que vous venez de faire, c'est une épreuve très difficile à surmonter et je vous remercie pour votre confiance. Je me doute que vous aviez noué un lien avec le Docteur Keller mais si vous l'acceptez, j'aimerais que nous traversions les prochaines épreuves ensemble, êtes-vous d'accord ?

Sa voix est basse, appelle à la paix et plutôt que de faire cesser mes larmes, sa bienveillance et sa douceur m'amène au lâcher prise. J'étouffe un sanglot déjà presque muet dans mes manches où mes larmes viennent s'échouer.

Vous êtes ici chez vous, c'est vous qui posez les limites, d'accord ? Est-ce que vous voulez me parler de ce qui vous rend mal ?

Comment ? Comment mettre des mots sur le vide que je ressens alors que je m'interdits même d'y penser ? Comment exprimer le plus justement possible la peine qui me ronge ? La culpabilité, l'inconfort, le malaise... L'envie de disparaître. Celle d'effacer ou d'être effacée. Le sentiment de subir et d'attendre la vie, sans vraiment savoir quoi ni pourquoi. La résurgence de son visage, de son sourire, de ses propres démons. Etre hantée par la honte d'avoir été mise à nue sans mon accord. La honte d'avoir pris la fuite sans même lui laisser un message ou n'importe quoi qui pourrait expliquer mon geste. La honte de n'avoir même pas été capable de répondre à son sms. Ce sentiment de ne pas exister mais d'être quand même condamnée à errer le temps qu'il faudra. Le sentiment de se sentir en vie seulement à travers la douleur de mon corps. La honte et la culpabilité une fois fait...

Je renifle, essayant de calmer le flot de ces larmes que je ne contrôle plus. Je prends une profonde inspiration avant de souffler, dans un tremblement. J'acquiesce doucement. Il me faut encore quelques instant pour retrouver un souffle régulier.

— Je... je crois que j'ai perdu quelque chose qui comptait beaucoup pour moi... et... et je crois que je... ne le retrouverai jamais...

Je pince mes lèvres dans un faible sourire triste, évitant toujours un regard trop direct.

— Je suis... désolée. C'est la deuxième fois que je m'excuse pour quelque chose d'indépendant de ma volonté. Mais c'est plus fort que moi. C'est juste que... c'est... c'est la première fois que j'en parle... à quelqu'un...

D'un revers de manche, j'éponge mes dernières larmes.

— Il... Il y avait quelqu'un que... j'appréciais beaucoup. Dans un murmure, j'ajoute :Vraiment beaucoup... Mes doigts recommencent leur manège, à l'abri de mes manches.

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MessageRe: Thérapie et TDI [Siham] écrit Lun 18 Juil - 1:38


« Imagine, le poids de la perte. Le pire, n'est-ce pas ce qu'elle susurre à bout de lèvres, à bout de force ? À bout de tout. J'aurais aimé qu'on me dise qu'avancer, c'est apprendre à perdre. J'aurais voulu apprendre à perdre plus tôt, peut-être comme Charlie. Savoir quoi faire de ce torrent d'émotions, savoir quoi faire de toute cette tristesse, savoir quoi faire de toute cette détresse... Regarde tes mains, regarde tes mains, et regarde ce qu'elle contient. Je n'ai toujours vu que mes mains vides, cette phrase de Mohamet qui se voulait réconfortante, elle m'a finalement toujours tétanisé parce que je ne trouvais pas son sens, je ne trouvais au creux de mes mains aucun trésor de bravoure, d'humanité ou de valeur qui puisse m'assurer de ne pas aller en enfer. Et pourtant, nous sommes définis par ce que nous possédons. Je me suis défaits de presque toutes mes possessions matérielles, je me suis défait de tout ce qui n'avait pas de « vraie » valeur, après avoir perdu ce qui en avait vraiment. Je voudrais pouvoir lui dire que je comprends, ou qu'au moins, j'arrive à imaginer sa peine, sa détresse et le creux qui fait mal dans sa poitrine quand elle respire en y repensant...

« Imagine, le poids de la perte. Comme un pied contre ta cage thoracique pendant que tes mains fouillent la terre à la recherche de ce qu'elles ne trouveront plus. Comme une pièce vide dans laquelle tu patientes avec les mains entre les genoux et le regard perdu sur la surface lisse d'une table de métal. Imagine, imagine ! Quelques instants, par pitié ! Je sais, je sais Charlie. Quand vous passez ici, les uns après les autres, j'ai envie de soulager votre peine au-delà de soulager vos maux, éponger vos larmes plus que d'effacer les symptômes, éteindre vos peurs plus que de gérer vos angoisses. C'est un pincement permanent en moi, pincement que Mohamet appelle maladroitement mon cœur de femme. Mais ça n'a jamais été le cas. Mon corps n'a jamais été cœur de femme et la première femme que j'ai connue n'a jamais eu « cœur de femme ». C'est un mirage, ce refuge éternel de l'étreinte féminine quelle qu'elle soit est un mythe qui effiloche au fur et à mesure de la course dans la vie.

« Imagine, le poids de ses larmes qui dévalent ses joues. J'ouvre l'un de mes tiroirs et en tire un mouchoir d'une boîte déjà ouverte. Je m'approche d'elle et me penche pour me mettre à son niveau, tends le mouchoir pour qu'il arrive près d'elle sans la toucher cependant. Mon regard sonde le sien, c'est la mer, c'est l'océan, c'est la tristesse. Tout cela fait écho dans le mien sans que je ne me souvienne de quand datent mes dernières larmes. Peut-être les ai-je épuisées, à force ? …. mais si vous l'acceptez, j'aimerais que nous traversions les prochaines épreuves ensemble, êtes-vous d'accord ? ….

« Imagine, Mohamet, le poids des mots. Ceux qu'on attendait de prononcer, ceux qu'on attendait d'entendre. Je ne suis jamais sûr de ceux qui quittent mes lèvres, je ne dis pas ce qu'on voudrait entendre, à vrai dire... la dureté de la vie, même si elle m'attriste et me blesse, ne me surprend plus vraiment. Dans toutes ses formes... Je ne veux pas lui demander frontalement de quoi elle parle, et nous savons que le champ est possible est large.
▬ Dans ce cas, vous avez deux possibilités... vous pouvez essayer de retrouver ce que vous avez perdu ; ou vous acceptez de l'avoir perdu. Notre monde, notre univers personnel est en changement constant, et parfois, il est permis de perdre. Et c'est permis d'être triste d'avoir perdu.
▬ Je suis... désolée. C'est la deuxième fois que je m'excuse pour quelque chose d'indépendant de ma volonté. Mais c'est pplus fort que moi. C'est juste que... c'est... c'est la première fois que j'en parle... à quelqu'un... Il... Il y avait quelqu'un que... j'appréciais beaucoup. Vraiment beaucoup...
▬ ▬ Et qu'est devenue cette personne ? Mon regard cherche le sien.



« En vérité, ma prière, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Dieu, Seigneur de l’Univers »

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MessageRe: Thérapie et TDI [Siham] écrit Mer 27 Juil - 17:23
Thérapie et TDI
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CHARLIE

Ce n'est pas le grincement du tiroir qui s'ouvre qui me fait sortir de ma coquille de coton, ni même le bruissement léger du mouchoir en papier qui sort de son étui en carton, mais plutôt le poids du silence qui accompagne par la suite le bruit de ses pas. Lentement, mes yeux rougis refont surface derrière les manches trempées de mon sweat trop large. Le mouchoir est tout proche, à ma portée, sans trop envahir mon espace, pendant comme un fantôme au bout de longs et fins doigts. Et juste derrière, un peu plus loin, dans le brouillard de mes larmes, je distingue le visage de M. Arodaky. Il me faut un instant, pour reprendre mon souffle et, d'un revers de manche, je chasse mes larmes une dernière fois, en reniflant.

Ses traits deviennent plus clairs et il m'est impossible d'ignorer son regard, maintenant qu'il n'y a plus une cascade entre nous. Ses yeux sont bruns et profonds, presque insondables et pourtant je pourrais presque croire entendre les chuchotements de ce qu'ils ont vu. Ils n'ont rien d'inexpressif, ils semblent se disputer l'équilibre entre empathie et distance. Mes lèvres se pincent dans une ébauche de sourire triste et grimaçant, dans une vaine tentative de masquer les apparences, probablement. Mes doigts s'extirpent doucement de ma manche et viennent timidement et fébrilement saisir l'autre extrémité du mouchoir, alors que je glisse une œillade de gratitude à son attention.

Je me mouche, je reprends un certain contrôle sur ma respiration et c'est seulement là que quelques mots arrivent à se frayer un chemin entre mes lèvres. Ils me semblent si... vagues comparés à ce qui tourne réellement dans mes pensées sans que je puisse clairement mettre de mots dessus. J'évoque ce qu'il y a de plus récent, ce qui n'est pas tout à fait à l'origine de mon état, mais plutôt un déclencheur, comme une brise de vent fait s'effondrer un château de cartes.
Je croise de nouveau le regard brun de M. Arodaky et je devine qu'il ne peut pas saisir de quoi il retourne avec si peu d'informations. Mais pourtant, il reste là, penché, à mon niveau là où le Dr. Keller préférait s'asseoir et maintenir une certaine distance.
Pourquoi l'inquiétude d'être jugée ridicule m'assaille ? J'ai peur, je crois. J'ai peur qu'il ne juge pas légitime de m'être mise dans un tel état pour une histoire aussi futile que des sentiments non partagés. Mais même si je l'évoque, Raven fait parti d'un tout : ce n'est pas seulement ce que je ressentais pour lui. C'était... tout. Erika, sa déchéance, la spirale malsaine dans laquelle Raven se noyait peu à peu. C'était la colère de Shane et sa trahison. C'était la honte d'avoir été jetée là et mise à nu tout en perdant ce petit quelque chose de doux et chaud que je ressentais, quand je partageais un moment avec Raven.

▬ Dans ce cas, vous avez deux possibilités... Mes yeux quittent mes doigts qui semblent tricoter mon mouchoir pour chercher ceux aux interminables cils. Vous pouvez essayer de retrouver ce que vous avez perdu... Mon regard se dérobe et mes sourcils se froncent légèrement, pas de contrariété, plutôt dans une expression de tristesse parce que je sais que c'est impossible... Inenvisageable. On ne peut pas effacer ce qui s'est passé et, quand bien même Raven pourrait feindre de ne pas savoir, quand bien même Erika pourrait s'excuser pour des propos qu'elle a dit sans peut-être le penser, moi, j'en suis incapable. Pas par orgueil, loin de là : ce sont plutôt des tourments qui gravitent autour de moi et qui ne me quitteront probablement jamais. Peut-être qu'à un moment, ils seront un peu plus éloignés, mais ils resteront en orbite...  ... Ou vous acceptez de l'avoir perdu. Notre monde, notre univers personnel est en changement constant, et parfois, il est permis de perdre. Et c'est permis d'être triste d'avoir perdu.

Doucement, je lui glisse un regard. C'est assez binaire, en soi, mais il a raison : j'ai l'impression d'être poursuivie par un spectre dans un entre deux, sans être capable ni d'avancer ni de faire demi-tour. D'être simplement là, à la frontière du passé et du présent, où le temps passe mais où rien ne change. Maintenant que j'y songe, je regard un peu perdu, c'est un sentiment perpétuel que j'avais simplement perdu de vue, quand je passais du temps avec Raven. Mais il a toujours été présent et maintenant que je suis de nouveau seule, il ressurgit.

— Avez-vous... déjà ressentie cette impression d'être... Je hausse imperceptiblement les épaules en fixant un point quelque part entre ici et nulle part. ...fatigué de la vie ? De ne pas être vraiment heureux mais... pas au point de vouloir mourir... Que votre corps est ici, dans cette pièce mais... que vous n'êtes pas vraiment là... Ma voix s'enroue légèrement tandis que mes doigts recommencent leur manège, secoués de tremblements imperceptibles. ...J'ai... J'ai l'impression d'être de nouveau coincée là... D'attendre... Et quand ce sera l'heure, je pourrai partir.

Je me racle la gorge, coupant un peu le fil de mes pensées pour mieux expliquer.

— Il... Il y avait quelqu'un que... j'appréciais beaucoup. Vraiment beaucoup... J'oublie d'ajouter qu'en sa présence, je caressais un peu du bout des doigts mon présent, qu'il me poussait à envisager l'avenir, même si c'était sur un plan professionnel...

Et qu'est devenue cette personne ? demande-t-il en cherchant à capter mon regard.

Il me faut quelques instants pour répondre. Je ne sais pas vraiment, je n'ai pas vraiment de certitude et je me sens coupable de ne pas avoir été capable de prendre de ses nouvelles...

— Il n'est pas mort... Ma jambe s'agite légèrement, sautillant nerveusement. Il n'allait pas... très bien, non plus et... je me sens coupable d'être... partie... Il... Il aimait quelqu'un d'autre et... Je dois contenir une nouvelle montée de larmes en me remémorant la douleur que m'a infligée la trahison d'Erika. ...et cette personne n'allait... pas bien non plus... et elle m'a fait... beaucoup de mal. Mon cœur s'emballe tandis que je conclus, en baissant les yeux : ...c'était... trop... c'est pour ça que j'ai quitté Los Angeles...


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MessageRe: Thérapie et TDI [Siham] écrit Lun 8 Aoû - 1:27


« Imagine, mon oncle. Le flot de ses larmes chaudes, de ses larmes brûlantes. J'entends ses sanglots comme perdus dans l'écho d'un vide, d'un vide immense. Les larmes sont salvatrices, j'y crois sincèrement. Plus jeune, j'ai cru qu'il me faudrait à jamais retenir mes larmes. Je ne souhaitais pas que mes parents aient l'impression à quelque moment qu'ils gagnaient du terrain sur ma détermination. Je souhaitais que mon envie de survivre puis de vivre surpasse tout, qu'il s'agisse d'une éternelle vague qui ne laisse aucun dépit au reste. J'ai ravalé chacune de mes larmes, elles se suspendaient au bord de mes yeux, et je les ravalais. J'étais animé de toutes sortes de sentiments mais je ne parvenais pas à accepter la déception et la tristesse qu'ils m'inspiraient. Imagine, mon oncle, toutes ces larmes qui ne couleront jamais. J'aurais voulu, je crois, avoir un mouchoir entre les mains et me mettre à y pleurer tout ce que je pouvais. J'ai accepté les événements qui ont eu lieu, mais ils demeurent un poids qui parfois me rendent lourd. Finalement, elle tend ses doigts hésitants vers le mouchoir et calme ses larmes. S'il avait s'agit de Camille, mes pouces auraient caressé ses joues pour accueillir ses larmes.

« Imagine, Mohamet. La résilience est lourde. Je me souviens de ce conte occidental dans lequel un loup s'est introduit par la ruse dans la maison de chevreaux. Il les dévore et parti se reposer après cette victoire, il se fait ouvrir le ventre et charger de pierres. Il tombe et se noie dans la rivière. Je suis devenu un homme prudent, et je sais que toute victoire n'est pas définitive. L'humilité me pousse à rester digne dans la joie, et la prudence m'incite à ne pas baisser la garde. La noyade peut survenir n'importe quand. Je prie, je prie beaucoup, pour être accueilli si je dois me noyer un jour. Ai-je peur de la mort ? Pas vraiment, j'ai surtout eu peur de ne pas vivre. Mon regard croise celui de Charlie. Je suis plus proche d'elle, mais pas dans sa zone de confort.

▬ Avez-vous... déjà ressenti cette impression d'être fatigué de la vie ?


«  Imagine, la fatigue. Cette fatigue ? Fatigué de la vie ? Je n'ai pas de réponse à apporter à cette question parce que je n'ai jamais su me laisser aller à la fatigue. Fermer les yeux, perdre, renoncer. Il fut un moment où je n'avais pas le droit de perdre. Quand un poing s'abaissait sur mon visage, je ne m'imaginais pas fermer les yeux. Tu le sais, Mahomet, n'est-ce pas ? Tu sais combien c'était dur de garder les deux yeux ouverts ? Tu le sais parce que tu étais présent. Je me souviens encore de toi en train de crier, et de te battre. Je suis désolé... Parfois, j'ai vraiment peur de me noyer, à cause de ces pierres, sur mon cœur. Je serre les lèvres, je ne peux pas répondre à Charlie mais si je le devais, je lui dirai qu'à aucun moment dans ma vie je n'ai été fatigué. À aucun moment j'ai voulu baisser les bras. J'ai eu peur, mal et je l'accepte. Mais mon cœur s'est tourné vers la paix, vers Allah. Je n'ai jamais été fatigué de chercher à être heureux...

▬ De ne pas être vraiment heureux mais pas au point de vouloir mourir... que votre corps est ici, dans cette pièce mais... que vous n'êtes pas vraiment là...

« Imagine combien c'est dur... Tout mon moi était là depuis le début. Je ne suis pas devenu un homme, je ne suis pas devenu Siham. J'ai toujours été présent, intensément mais c'était mon corps qui n'était pas encore là. Ce n'était qu'une armure cabossée dans laquelle j'attendais. J'ai toujours été là, à chaque instant j'ai absorbé les événements comme on boit. J'ai peur de me noyer. Mes mains frottent l'une contre l'autre, je ne peux pas lui répondre. Parce que ça ne l'intéresse pas et que ça ne la regarde pas. Nous ne sommes pas là pour ça. Mon regard cherche le sien alors que je lui souffle avec confiance que nous ferons ensemble que bientôt, elle soit là, toute entière. Elle pourra l'entendre comme elle le souhaite : elle, ou avec ses alters. Mais sincèrement, j'aspire à ce qu'elle puisse trouver refuge dans ce cabinet. Pas parce que j'y suis, parce que j'aimerais que lorsqu'elle franchisse la porte, elle se sente en sécurité. Qu'elle puisse se reposer, pour ne plus être fatiguée.

▬ J'ai l'impression d'être de nouveau coincée, là... d'attendre... et quand ce sera l'heure, je pourrai partir … c'était... trop... et c'est pour ça que j'ai quitté Los Angeles...

« Imagine... oh imagine... ils ont mal mon oncle. Parfois, je me dis que c'est si difficile de les voir les uns après les autres sans pouvoir les soulager comme ils devraient l'être aussi vite que je le souhaiterais... Partir. Quand on est sur la route, c'est ou pour quitter le point de départ, ou pour rejoindre le point d'arrivée. Jamais pour les deux conjointement. J'inspire doucement et me redresse sensiblement. Je m'appuie contre le bureau et lève le nez. Parfois, le souvenir d'un lieu cher à mon cœur amène avec lui les parfums et les cris des passants, il amène les citadins qui se pressent les uns contre les autres sans se soucier des jeunes enfants qui slaloment entre les jambes. Le souvenir d'un lieu cher amène la puanteur de la volaille, les délices des eaux parfumées, les senteurs des étalages un jour de marché, le souvenir me ramène la chaleur.

▬ C'était courageux de votre part, vous avez commencé le chemin vers votre bien-être. C'est un chemin qui peut être long, sinueux, mais qui trouve toujours une arrivée. Qu'attendiez-vous de vos séances avec le Dr Keller, et qu'attendez-vous des nôtres ?

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MessageRe: Thérapie et TDI [Siham] écrit Dim 21 Aoû - 10:36
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CHARLIE

Nous ferons ensemble que bientôt, vous soyez là, toute entière. Mon regard est déjà ailleurs et nulle part. Mes paupières restent ouvertes alors que ces mots tournent et tournent dans ma tête sans que je ne sois certaine de comprendre la finalité. Toute entière. Qui suis-je ? Une fraction ou bien un tout fragmenté ? Je connais mon trouble pour l'avoir suffisamment apprivoisé avec des personnes plus compétentes sur le sujet. Mais malgré tout, tout ce qu'on peut lire dans les livres ne peuvent pas atténuer ce sentiment, cette quête d'identité... On parle d'accompagnement, on parle d'aménagement, de thérapie. On ne parle jamais de guérison.

Guérir.
Guérir, dans mon cas reviendrait à quoi, finalement ? Supprimer ce qu'il y a en trop ? Garder ce qu'il y a de plus viable ? Ou peut-être recomposer un puzzle dont aucunes pièces s'articulent en elles ?

▬ C'était courageux de votre part, vous avez commencé le chemin vers votre bien-être. C'est un chemin qui peut être long, sinueux, mais qui trouve toujours une arrivée. Qu'attendiez-vous de vos séances avec le Dr Keller, et qu'attendez-vous des nôtres ?

Mes lèvres se pincent tandis que mon regard se réfugie sur mes avant-bras que machinalement j'essaye de cacher entre mes jambes, en me recroquevillant légèrement. Courageux. Si vous saviez combien je suis lâche, Siham. Que ma présence ici ne tient pas de ma propre initiative... Mes yeux ne quittent pas mes doigts qui sortent à peine de mes manches et qui laissent deviner mon inconfort.

Qu'attendiez-vous de vos séances avec le Dr Keller, et qu'attendez-vous des nôtres ? Mes épaules se haussent imperceptiblement tandis que mon pied recommence à tressauter sous le poids de toutes ces interrogations qui envahissent de nouveau mes pensées. Pourquoi étions-nous suivis par le Dr. Keller ? Parce qu'il fallait canaliser Shane, il me semble ? Nous cherchions à rétablir un équilibre, me souffle Elijah en même temps que les mots franchissent mes lèvres. Qu'est-ce que j'attends de nos séances ? Mon souffle s'altère un léger instant mais je fais ce qu'il faut pour empêcher une nouvelle salve de larmes en murmurant :

— Je voudrais... arrêter de fuir... ne plus avoir mal...

Mes lèvres se pincent de nouveau tandis que mes doigts se referment en poings, posés sur mes cuisses. Je relève doucement le nez de mes mains pour croiser le regard brun de celui qui m'accompagnera dans cette difficile quête, avant de me dérober une nouvelle fois derrière une cascade émeraude.

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MessageRe: Thérapie et TDI [Siham] écrit Mer 31 Aoû - 22:44



▬ Je voudrais... arrêter de fuir... ne plus avoir mal...
▬ C'est important, vous savez, de savoir ce qu'on veut.

« Imagine mon regard qui accompagne le sien, juste le temps de lui faire sentir ma présence. Je ne veux pas avoir l'air de l'observer trop longuement, ne veux pas avoir l'air de chercher quels pas de danse ses doigts répètent dissimulés dans une manche. Et loin de vouloir lui servir des banalités qu'elle peut trouver n'importe où, je crois vraiment que c'est important de prendre une décision par rapport au chemin qu'on veut emprunter. Il est véritablement difficile d'être clairvoyant par rapport à sa propre situation, à ce qu'elle a de bénéfique et de toxique, et dire que qu'on veut qu'elle cesse. Parce que l'inconnu a toujours fait peur et le présent, bien que parfois douloureux, a ce mérite de ne pas présenter de zones d'ombre.

« Imagine, imagine le nombre de rêves et de cauchemars qui doivent lutter les uns contre les autres, se combiner les uns aux autres, s'appuyer les uns sur les autres pour construire un futur différent. Pas forcément meilleure, pas forcément pire. Obligatoirement différent. Et c'est cette incertitude qui fait peur, de ne pas savoir vers quoi on se dirige. Oh bien sûr, il y a les colonnes du pour et du contre mais je ne crois pas à la providence. L'avenir est effrayant, c'est indéniable. Avec du recul, j'ai réalisé que j'avais souvent eu moins peur d'un bourreau que je connaissais que de ceux qui m'étaient encore inconnus.

« Imagine, son regard qui disparaît derrière ses cheveux. Quoiqu'elle songe, il y a au fond de son cœur une flamme qui danse sous les accoues des brises, sous les assauts des larmes, sous les soupirs trop forts, une flamme qui danse sans s'éteindre. Nous allons essayer d'identifier ce qui la fait souffrir mais essayer d'avancer avec ces événements et ces sentiments. Sans doute certains de mes confrères songent qu'être sain rime avec le fait de se conformer avec une certaine normalité. Mettre les éléments perturbateurs de côté pour reprendre une route comme tous les autres, comme toutes les personnes qui vont bien. Peut-être mon bagage est lourd, peut-être me pèse-t-il mais je ne serais pas moi sans ce bagage tantôt lourd, tantôt léger.

« Imagine, mon oncle. Imagine l'homme que tu serais, privé de ce qui t'a empêché de dormir. Privé de tes deux phalanges cassées, privé des sillons sur tes joues, privé des petites coupures sur les extrémités de tes doigts. Tu as tellement souffert, mon oncle, que je ne voudrais t'ôter cette souffrance pour rien au monde... Elle a nourri ta rage de vivre, et ta soif de justice. Comme je t'admire sur certains aspects, pour cette force qui t'a porté sans faiblir quand la vie te demandait le pire. Et que tu donnais le meilleur. Je ne peux dire à cette jeune femme que nous n'effacerons pas cette souffrance. Je devrais lui dire, nous ne l'effacerons pas. Elle disparaîtra d'elle-même, parce que nous aurons appris à la comprendre et à conjuguer avec. Nous ne fuirons plus.

▬ Je vais vous aider à ne plus fuir, si vous le permettez. Mes mains se joignent devant moi et je lui souris pour lui insuffler le sentiment qu'elle peut avoir confiance en moi. Mon sentiment est sincère. Ils le sont tous. Êtes-vous d'accord ? Avancer, ensemble.

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MessageRe: Thérapie et TDI [Siham] écrit Sam 3 Sep - 16:08
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CHARLIE

▬ C'est important, vous savez, de savoir ce qu'on veut.

En vérité, je ne sais pas ce que je veux. Je sais simplement ce que je ne veux plus. La différence est subtile, sans doute, mais tout est une question de point de vue, j'imagine. Je n'ai pas... d'exigence, pas de vocation, pas même de grand idéal. J'aspire simplement à ne plus souffrir. Je n'ai jamais eu la prétention d'espérer être heureuse ou comblée ou peut-être même aimée. Je voudrais juste... Je ne sais pas. Laisser ma place, pour un moment. Je voudrais oublier, passer une journée sans penser à avant. Sans penser à lui, à la honte que je ressens et au manque qui me dévore. Ma vie d'avant me manque.

Une nouvelle vague me submerge, comme si elle me frappait violemment dans le dos pour finalement m'entraîner avec elle, en reculant. M. Arodaky me parle, mais sa voix n'est plus qu'un genre de chuchotement qui m'échappe alors que mon regard reste fixé dans le vide. Sans ciller.


ELIJAH

Mes doigts viennent couvrir mes lèvres pour réprimer cet habituel bâillement lors de nos switch. Presque instantanément, je me redresse dans mon assise, ouvrant mon buste et relevant la tête, laissant ma personnalité occuper pleinement notre corps. Je dévisage bien plus directement notre nouveau thérapeute avec une touche d'intrigue. J'esquisse un léger sourire en croisant mes jambes et en joignant posément mes mains.

— M. Arodaky, le salué-je poliment, avec cette intonation dans la voix qui m'est propre. Quel plaisir de pouvoir mettre un visage sur votre voix.

Un léger hochement de menton pour le saluer et je précise alors :

— Pardonnez mon irruption inattendue, mais il me semble que Charlie ne pouvait pas tenir plus longtemps, alors elle s'est... effacée. Je suis Elijah. J'occupe en quelque sorte... de manière omnisciente, ce système. Je veille au bien-être du corps et du système. C'est également avec moi que vous vous êtes entretenu, par téléphone...

Je prends le temps de l'observer et d'observer ses réactions, ses prises de notes. Lors de ma prospection pour trouver quelqu'un de sérieux qui pourrait nous accompagner -et surtout accompagner Charlie dans son état actuel- j'ai trouvé de très bons échos le concernant. La recommandation du Dr. Keller a achevé de me convaincre. De ce que j'ai pu constater, depuis mon rôle d'observateur omniscient, il semble être un professionnel particulièrement doux et empathique. Ses méthodes semblent différer de notre ancien thérapeute, mais est-ce un problème ? Je peux déjà deviner, pourtant, que Shane en sera un, même s'il fait profil bas depuis quelques temps maintenant.

— Nous tenons à vous remercier. Cette première séance a été particulièrement productive et nous ne doutons pas que votre accompagnement aura un impact positif sur Charlie. Pouvons-nous établir un rendez-vous pour une prochaine séance ?

Je me redresse, me levant tout en époussetant mes vêtements (ou plutôt ceux de Charlie) pour y remettre de l'ordre et faire disparaître des plis  ou des poussières probablement invisibles.
Une fois le rendez-vous fixé, j'esquisse une petite courbette du buste pour le remercier et le saluer poliment.

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MessageRe: Thérapie et TDI [Siham] écrit Ven 16 Sep - 12:43


▬ C'est important, vous savez, de savoir ce qu'on veut.

«
 Imagine, le poids de ce mot. Avancer. Tout ce qu'il implique. Avancer, c'est d'abord choisir une direction, un point sur l'horizon que l'on peut montrer du doigt et dévorer du regard. En dépit de la poussière, des tempêtes de sable, en dépit de la nuit, en dépit du boucan, en dépit des douleurs, en dépit de tout. D'abord choisir une direction. Se remettre debout et avancer. Tomber cent fois et toujours avancer malgré tout. Nager, ramper, marcher, courir. Toujours. Et s'appuyer sur les autres, se laisser porter, mais avancer, toujours. Mes dents caressent juste une seconde ma lèvre inférieure, je voudrais qu'elle puisse ressentir tout cela, je voudrais pouvoir le lui offrir sans limite et sans condition. Tendre la main qu'elle perçoive tous les possibles qui existent après la chute.

« Imagine, un bâillement, mon regard qui suivent le mouvement des doigts chargés de pudeur. Je note immédiatement ce changement d'attitude, parce qu'il ne se dissimule en rien, tout simplement. Ces phénomènes sont pour moi inhabituels, pas étranges ou bizarres, simplement ils me sont étrangers. J'imagine dix âmes devoir se déguiser chaque jour pour s'en paraître qu'une, me demande un peu quelle est la proportion des personnes qui se partagent le même costume pour ne pas sembler différents, ou trop différents. Nos regards se croisent alors que je cherche à capter les signes qui me sont envoyés par cette personne, par cet alter sur lequel je ne sais pas encore mettre de nom immédiatement. Je note le changement, je ne suis pas encore capable de dire de qui il s'agit.

▬ M. Arodaky, me dit-il avant d'ajouter comme si nous ne nous étions eus qu'au téléphone : Quel plaisir de pouvoir mettre un visage sur votre voix. Sans doute est-ce le cas finalement. J'attends quelques secondes puis le laisse expliquer son arrivée et se présenter. Elijah, j'ai effectivement déjà parlé avec lui. Au téléphone.
▬ Bonjour Elijah, lui dis-je avant de reprendre avec un fin sourire sur les lèvres : Je suis heureux de pouvoir mettre une « voix » sur votre visage. Il comprendra, j'imagine que les voix ne sont pas que le porteur mais que j'évoque simplement son discours. Je ne suis certainement pas le mieux placé pour dire que le contenu prime sur le contenant quand on évoque les êtres humains, ce serait terriblement hypocrite de ma part. Mais si, c'est certainement le cas. Sans occulter l'importance du respect et de l'amour de nos corps, si. Cela prime tout de même. Une volonté. Une voix. Une direction.

« Imagine, la complexité des âmes. Nous n'avons jamais imaginé jusque là, n'est-ce pas ? Son regard suit le mouvement de ma main qui va de droite à gauche, laissant toutes mes notes en arabe. Je ne peux me résoudre à penser en Anglais, je n'y arrive pas. D'ailleurs, quand des voix surgissent dans mes rêves, elles portent toutes les notes de mes années passées. Dans quelle langue rêves-tu Mohamet ? Quels sont les mots portés par les héros et les monstres ? Je chante en arabe, parfois. Pas de berceuse, je ne les connais pas. Juste des morceaux de refrain de celles que nous chantions pour nous encourager mutuellement. Elles. Toi. Moi. Portés et portées par la vibration enragée de nos cordes vocales. Je remercie Elijah pour ses mots mais le corrige tout de même. Souhaitant que cet accompagnement aura un impact positif sur chacun d'entre eux. Je ne suis pas là pour « guérir » Charlie, et si tout se déroule normalement, alors ces séances risquent d'impacter tout le système... Je sors un agenda et conviens du prochain rendez-vous avec Elijah...

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Thérapie et TDI [Siham]
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