►FAMILLE

Père. "Imagine, imagine le vide qu'il faut avoir au fond de soi pour essayer de le combler par le bruit et le sang. Chercher l'enfant qui n'a jamais existé et espérer le construire de ses propres mains, penser pouvoir faire et parfaire la réalité dans les tons cyan, sans jamais ouvrir les yeux. Tel le loup de Schrödinger, il est dans une réalité incertaine. Ou il ne veut plus me parler. Ou il n'est plus de notre monde. Tant que la boîte ne sera pas ouverte, il est les deux."

Mère. "Imagine, imagine l'incompréhension. À Oeil pour Oeil, le monde deviendra aveugle. À ne pouvoir empêcher les innocents de souffrir, il devient confortable de penser qu'ils sont coupables. Ainsi se déroula mon jugement, entre deux sanglots maternels. Je devins coupable d'être, l'imparfait méritant le châtiment. Et le monde pouvait reprendre son cours. Quand je suis allé prendre les armes, j'ai souhaité qu'elle soit mise au courant si je devais laisser s'envoler le dernier soupir. Pour la paix de son esprit. Je survécus."

Oncle. "Imagine combien une main qui s'ouvre peut être belle, imagine la lumière qu'elle peut renfermer. Mohamet est l'ancre qui m'a toujours maintenu au port. Je l'ai vu tout perdre quand on lui a annoncé la mort de ses fils, vu tout perdre quand il a ramassé quelques objets dans la ruine de son ancienne échoppe, vu tout perdre quand il a déversé sa colère sur son propre frère. Je n'ai jamais souhaité causer le trouble au sein de mon foyer. Nous avons souvent laissé nos esprits vagabonder sur un air de guitare. Des instruments fabriqués à partir de rien et qui représentaient tout pour nous. Ses mains furent celles d'un Faiseur et je sais qu'il n'a pas fini d'apporter de la chaleur dans cet hiver sans fin."

►BACKGROUND

13 nov 1992 Naissance à Kobané

2011 - 2012 Siham, qui était à la fois connu par son nécronyme [Assala] et via son prénom d'emprunt [Hussein] prend les armes dans les premières heures de la guerre qui frappe son pays. Il rentrera chez lui après avoir été blessé.
Hiver 2012 Lorsque son père manque de le tuer, il réalise qu'il ne saura pas rendre la violence qu'il a rencontrée et ne souhaite plus prendre les armes. Siham choisit de s'en aller en Europe. Il parvient à passer la Méditerranée puis la Manche, pour se retrouver au Royaume-Uni.

2013 Camille, qui a recueilli Siham à Londres, lui fait part de son projet de s'installer aux USA. Elle convainc Siham de venir avec elle, il régularise sa situation et obtient un visa.

2015 Il obtient officiellement son changement d'état civil et prend son véritable prénom : Siham. Tout en parfaisant son apprentissage de l'anglais, il étudie la psychologie via des ouvrages en arabe. Siham travaille dans la perspective de payer ses études, à défaut d'avoir la possibilité de contracter un prêt.

2015 - 2017 Siham profite de pouvoir écouter les élèves du Conservatoire alors qu'il fait de l'entretien là-bas, entre autres puisqu'il est payé par la ville. Il apprend à jouer de la harpe et découvre la prise en main du violoncelle sans vraiment être à l'aise avec.

2017 Siham a accès à un prêt, grâce à l'appui de Camille et de ses connaissances. Il s'inscrit officiellement à l'université et met à profil ses apprentissages des dernières années

2017 - 2021 Toujours raisonnablement, Siham découvre la vie nocturne à Miami. Il sort beaucoup et apprécie de découvrir de nouveaux lieux de sortie. Presque jamais chez lui, il essaie de sociabiliser et fait de belles rencontres, et de douces rencontres...

2022 Siham obtient son diplôme, il se met à son compte. La ville le sollicite pour travailler pour eux. Il maintient quand même des consultations privées. Il passe le permis au mois de Mai... Attention aux pieds quand même...

EVOLUTION & SUJETS

Mai 2022.
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CONSULTATIONS & DOSSIERS

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2000.

▬ Arrête, arrête ! hurle-t-elle en courant dans la cour. Je touche encore le sol, du bout des orteils. Jamais mon père ne m'a paru aussi grand, avec son bras tendu comme une épée. Avec son regard assassin comme une épée. Avec les doigts serrés autour de mon cou. Les deux mains contre la sienne, j'essaie de récupérer un peu de souffle. Sur la pointe des pieds, je sens soudain mes tempes battre comme si ma tête allait exploser. Je n'arrive pas à reprendre mon souffle, mon cœur tape si fort dans ma cage thoracique qu'il résonne dans tout mon corps. Mon regard affolé cherche secours mais ne rencontre que la rage inscrite sur les traits crispés de mon père.

▬ Arrête, arrête ! crie toujours ma mère, en s'accrochant cette fois à l'épaule de mon père. Elle ne m'a jamais semblé si faible qu'à cet instant. Ma vision devient trouble, je ne trouve plus la force nécessaire pour me battre. Il ne dit rien et je ne comprends pas pourquoi, je ne comprends pas pourquoi la haine, pourquoi la rage, moi qui ne faisais rien. Assise dans la cour avec Nour, nous ne faisions rien qu'un peu de musique tous les deux, et soudain, il est arrivé enveloppé dans sa furie. Mes pensées se bousculent sans savoir si je dois demander pardon à Nour qui s'est enfouie en courant – laissant la porte sur rue grande ouverte – ou demander à Allah de m'envoyer un protecteur. Les larmes coulent soudain sur mes joues, mes bras faiblissent. Les battements de mon cœur qui claquaient partout commencent à chuchoter.

▬ Arrê... Il arrive comme une véritable tempête de sable. Ses pas légers font voler la poussière dans la cour et son front dégarni apparaît alors qu'il perd sa chéchia qu'il affectionne tant. Comme un animal, grand de toute sa puissance, vibrant de toute son urgence, il court vers nous. Mahomet. Un ange magnifique qui nous rejoint en deux coups d'ailes et s'abat sur mon père comme une main divine. Plus petit, petit rond, plus âgé, il le pousse si fort que les griffes de mon père m'arrachent de la peau sur le cou et qu'il s'écroule plusieurs mètres plus loin. Mon corps ne tient plus, s'écroule comme un tas de chiffons et ma vision troublée fantasme une sorte de combat mythique entre le bien et le mal. De ses poings furieux, Mahomet frappe. Il frappe. Il frappe. Ma mère est stupéfaite, elle hurle des mots qui ne veulent rien dire, des gens se pressent au portail. Mahomet abandonne le corps inanimé bouffi de rage et vient près de moi. Une immense chaleur m'enveloppe en même temps que ses bras. J'essaie de parler, je n'y arrive pas. Alors il embrasse trop fort ma joue et me chuchote « je sais, je sais » en me faisant quitter le sol où je pensais gésir jusqu'à... je ferme les yeux, m'endors instantanément dans ses bras.