I spoke to God today and She said that She's ashamed.
What have I become ? What have I done?
I spoke to the devil today and he swears He's not to blame and I understood 'cause I feel the same.
I heard from God today and She sounded just like me.
What have I done, and who have I become?
I saw the devil today and he looked a lot like me. I looked away, I turned away.
-- ♫ Musique feat.  @Andreï Kovalski  

Septembre 2012

Je t'ai menti Andreï.
En 2011, quand tu as posé la première fois les pieds ici, tu as fait ce que tu savais faire, ton travail et je t'ai menti. Je m'en veux, Andreï. Je n'aime pas mentir et encore moins enjolivé la vérité, mais c'est compliqué, tu comprends ? Je n'avais pas le choix, je pensais que je pourrais m'en sortir tout seul.
La vérité, c'est que je ne suis pas sûr de m'en sortir, plus le temps passe et plus mes insomnies ou mes "crises" continuent, tant bien que mal, j'ai réussi à la cacher jusqu'à maintenant.
Quand tu m'as demandé si j'allais bien, je t'ai répondu que tout allait bien, c'est faux.
Tout est complètement faux.

Je ne cesse de me ressasser le passé, je me demande ce que j'aurais pu faire différemment, je me demande ce qu'il se serait passé si j'avais ouvert la bouche ou si je m'étais mis entre les soldats et ces personnes innocentes.
J'ai regardé, j'ai observé et j'ai tourné les yeux et j'ai fait comme si c'était normal, j'ai fait ce qu'on m'a dit, j'ai obéi aux ordres, je suis quelqu'un d'horrible, je ne mérite pas la pénitence, ni la rédemption, peut-être qu'au fond, je l'ai mérité.
Toutes ces images d'horreur qui ne font que revenir, ces cris, ces pleurs, ces bruits, j'ai l'impression que tout me renvoie au passé constamment et sans cesse.
J'ai du mal à laver l'honneur et l'humanité que j'ai perdu là-bas, j'ai honte de moi.
À chaque fois que je me regarde dans le miroir, je pense à toutes ces personnes, celles en qui j'ai privé de devenir une famille, un père, une mère, des enfants, des civiles, des terroristes probablement. Mon faux décès a compromis toute la mission entière, Radostine à perdu son statut, je l'ai vu sur le journal qu'Andreï tenait l'autre jour dans les mains, heureusement pour moi, personne n'a remarqué que j'étais dans les avis de décès de 2008.

Je ne sais pas quelle heure il est, je n'arrive pas à dormir, j'ai la boule au ventre, je ne me sens pas d'humeur d'aller au lit, à m'allonger et à fixer le plafond et attendre que le sommeil arrive. Je sais que si je ferme les yeux, je plongerai à nouveau dans le désert de cendre et tous ces bruits ambiants, rien que d'imaginer le sommeil perturbé que je pourrais avoir, j'angoisse d'avance.
J'aimerais tellement dormir comme une personne normale, chasser tout ce qu'il se trame intérieurement, mentalement et... Physiquement, quand est-ce que ça va s'arrêter ? Est-ce qu'un jour, je vais pouvoir reprendre mon souffle et avoir une nouvelle bouffée d'air ? C'est comme attendre l'inespérable. Je me meurs petit à petit, je me consume, le feu se propage de plus en plus, je sens que je vais exploser.

Mes pas me mènent hors de la salle commune, je te cherche, peut-être que tu dors, peut-être que t'es occupé, je n'ai pas envie de te déranger, je me sens coupable, je n'aime pas demander de l'aide, je traverse le couloir qui mène jusqu'à ton bureau dans lequel je vois la lumière, quelque chose me rassure. Tu es là.
Mon myocarde s'accélère doucement quand je viens toquer et pousser doucement la porte, je glisse mes iris verts sur le médecin.

« Je... Andreï ? » Ma voix se brise lentement pendant que je prononce ton prénom.
« Est-ce que... Je te dérange ? Je peux te parler ? » S'il te plaît... Non, c'est ridicule, je ne devrais pas être ici ! Je me mords la joue comme pour m'empêcher de parler et d'enchaîner la suite, tu peux certainement voir ma confusion dans mes pupilles. Je cherche ton aide sans le dire, à la recherche de ton regard.

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