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 Jeu de Loup ▬ Ronan Fitzgerald 

Heart
Siham Arodaky
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MessageJeu de Loup ▬ Ronan Fitzgerald écrit Lun 4 Déc - 0:28

« Bonjour, maman.

« Ma salive se bloque soudain dans ma bouche, mes doigts se mettent à trembler. Derrière elle, le bruit d'une ambulance. Je n'ai pas craint de revenir dans mon cabinet depuis l'incident avec mon patient, bien qu'ayant réduit mon temps de travail. Je profite d'être là pour téléphoner à Mohamet, et parfois à ma mère. De façon plus diffuse, pour simplement garder le contact mais nos échanges sont brefs, elle a dû percevoir le changement de ma voix. Sans doute a-t-elle perçu le changement des intonations, quand l'angoisse s'est mué en espoir, quand l'écho s'est mué en confiance, confiance en une autre personne dont elle ne veut pas entendre parler. Je me souviens l'avoir entendu crier, l'avoir entendu crier « Arrête, tu vas la tuer ! » en espérant que le seul pouvoir de ses hurlements arrêterait la bête furieuse qui se déchaînait.

« Avec le recul, j'ai compris qu'elle prévenait, plus qu'elle ne voulait empêcher. Mes prières se sont aussi tournées vers elle. Tant qu'elle demeurait loin de moi, nous vivrions tous les deux en paix. Elle dans l'illusion d'une fille quelque peu perdue dans le temps et l'espace, dans un pays de débauche et de perdition, elle qui me croyait sans doute plus en sécurité aux abords de Kobané avec mon foulard autour du cou et une kalachnikov sur l'épaule. Parfois, assis près de Nour, nos armes reposant à nos pieds comme des animaux endormis, nous nous imaginions rentrer chez nous, armés de notre toute puissance. Quand nous ne savions pas dormir, d'avoir eu les tympans broyés par les rafales, nous nous disions que nous pourrions rentrer et imposer le silence là-bas aussi.

« Elle se met à respirer fort, comme à l'accoutumée. Moi aussi. Mes doigts caressent mon pendentif avec distraction alors que mon regard se porte vers la petite fenêtre qui donne vers le trottoir. Parce que derrière elle, le bruit d'une ambulance, celle qui vient de passer dans la rue, devant ma fenêtre. La porte est toujours fermée, la clef est dessus, à l'intérieur. Combien de temps ai-je pour donner un tour de clef ? Finalement, je fonce sur la porte et m'enferme à double-tour. Mon corps s'écrase sur le bois de la porte alors que le téléphone tombe au sol. Mon regard se tourne vers la petite fenêtre, de toutes évidences trop petite pour que quiconque décide de s'y introduire discrètement. Les passants n'arrêtent pas leurs voyages et je demeure ainsi, craintif à l'idée de lâcher cette porte. Une seconde, je songerais même à appeler Shane. Mais je reste paralysé contre la porte. Combien de temps devrais-je rester ici ? Mes doigts glissent pour reprendre le téléphone.

« Tu... es là, n'est-ce pas ?
▬ Laisse-moi te voir, viens. Viens, mon enfant.

« Je raccroche brutalement. Mes doigts tremblent, je peine à composer le numéro et pourtant, après deux essais échoués, à devoir recomposer le numéro entre deux sonneries folles, je parviens enfin à appeler...
« M. Fitzgerald, je... je suis navré, je rencontre une. Un instant de pause, je ravale ma salive, je brûle, mon corps entier brûle couché contre la porte. Une difficulté, pourriez-vous, s'il vous plaît, pourriez-vous... venir, passer me prendre au cabinet, s'il vous plaît?

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Ronan Fitzgerald
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MessageRe: Jeu de Loup ▬ Ronan Fitzgerald écrit Mar 26 Déc - 9:19

Décembre 2023

***

C’est un homme de traditions, Ronan, imprégné et forgé de souvenirs d’enfant qu’il chérit encore secrètement. Le nez collé à la fenêtre, à guetter dans le ciel le passage du gros bonhomme barbu vêtu de rouge, à la lueur vacillante de la chandelle que ses parents plaçaient invariablement sur le rebord de la fenêtre. Logé à jamais dans sa mémoire, il n’a qu’à fermer les paupières pour sentir le parfum sylvestre du houx et du lierre tressés en couronne. Un léger sourire étire ses lèvres alors qu’il se remémore les pelures de mandarine posées sur le poêle brûlant, diffusant cette douce odeur d’agrumes. Ils ne roulaient pas sur l’or, ses parents, mais ils veillaient toujours à ce qu’il y ait quelque chose pour leur fils, au pied du sapin, quitte à se décarcasser le cul toute l’année. Ils étaient simples mais riches de traditions qui unissent une famille.

Il tire de sa poche un briquet chargé d’une histoire qu’il raconte parfois à qui veut bien l’entendre alors que, d’un seul geste, son pouce ouvre le capot et fait jaillir une flamme en faisant rouler la molette. Sa seconde main vient protéger la flamme qui vacille alors qu’il approche l’extrémité de sa clope pour l’allumer. Un mouvement de pouce, un clic métallique, et le feu meurt étouffé par le capot du briquet. C’était son père, qui fumait. C’était pas une mauvaise chose, à l’époque, c’était quelque chose de banal, comme une suite logique. Les hommes fumaient, les gamins jouaient à faire semblant, en attendant leur tour. Il n’avait pas l’argent pour s’acheter des paquets sophistiqués, le Père, alors il fumait du tabac roulé par ses propres soins, qu’il allumait au choix à la gazinière, au poêle, à la bougie et au meilleur des cas, avec ce briquet. Il le gardait précieusement, le Père, et comme on parle de l’héritage de toute une vie, il disait à son fils qu’un jour, il lui reviendrait.

Il souffle un nuage de fumée qui s’élève en volutes entre lui et celui qu’il tient désormais fermement d’une poigne ferme par le col.

▬ J’les ai pas, j’te jure, je les ai pas, Ronan ! Laisse-moi juste un peu de temps, c’est…. c’est Noël, je…. Ma famille !  Mes gosses… !

C’est pas qu’il est ému, Ronan, mais c’est un homme de principes, pour certaines choses qui priment sur tout, selon lui. Du sang et de la sueur perlent sur la gueule de l’homme en face. Dans l’ordre, y’a la famille, puis le sang, y’a les bonnes femmes et les gamins, et puis y’a les affaires.

▬ J’vais payer, j’te jure, sur ma vie, Ronan, d’une manière ou d’une autre j’vais payer, mais, pour mes gosses, j’t’en prie …! pleurniche le débiteur comme un condamné marchande avec la faucheuse.

Le téléphone sonne et vibre, dans la poche de l’Irlandais. Derrière Ronan, Daniel ricane légèrement, lâchant un petit commentaire sur ce timing bien trouvé… Sans relâcher sa prise ni son regard, Ronan récupère son téléphone pour jeter un coup d’oeil au nom affiché. Une priorité, au même titre qu’un appel de sa propre fille.
Son regard perçant défie son captif d’essayer de lui filer entre les doigts alors qu’il décroche.

▬ Ouais, Fils…? dit-il, en guise de salutations, sans relâcher sa pression sur l’autre bougre grelottant.

▬ M. Fitzgerald, je... je suis navré, je rencontre une… Il y a un instant de silence durant lequel Ronan fronce légèrement les sourcils et tend l’oreille, se disant qu’il ferait bien de changer de boulot si un autre taré venait essayer de lui faire la peau à son cabinet. Une difficulté, pourriez-vous, s'il vous plaît, pourriez-vous... venir, passer me prendre au cabinet, s'il vous plaît ?

En face, le bougre a ce regard de gamin apeuré qui joue sa vie sur un coup de téléphone dans le bureau du proviseur. Il déglutit, comme s’il savait que tout se jouait avec cet appel. Ronan tire une fois sur sa clope, laissant un bref silence s’installer au téléphone. C’est pas qu’il peine à prendre une décision concernant Siham. Ça, c’est déjà tout décidé. Mais c’est plutôt concernant ses principes, ses valeurs et les contradictions qu’elles entraînent avec les affaires. Est-ce qu’on peut priver des gamins de leur père à l’aube de Noël ?

▬ J’arrive. qu'il lâche avec l’assurance d’extraire son Fils de sa mauvaise situation, peu importe la nature de cette dernière. Il raccroche et fourre le téléphone dans sa poche.

Sa grosse main tatouée abandonne le col froissé pour saisir la nuque du bonhomme.

▬ T’as jusqu’à la fin de la semaine. Casse-toi.

L’homme s’envole comme un Piaf qui s’échappe de l’étreinte meurtrière d’un chat et Daniel s’approche se permettant un commentaire dans un léger ricanement :

▬ Tu te ramollis…

Ronan fouille le coin du regard, cherchant une bonne caillasse qui lui permettra d’ouvrir la voiture la plus proche.

▬ Ouais, ouais. J’dois y aller.

▬ Faudrait pas que ça devienne une habitude.

Ronan fronce les sourcils. Danny hausse à peine les épaules, en soutenant toujours son regard. Y’a comme un truc non-dit, qui est pourtant là, qui plane entre les deux amis… Ronan range son regard de reproche et récupère le véhicule dont il a besoin.

Devant le cabinet, garé non loin, il recompose le numéro, laissant son regard affûté vadrouiller autour. Il perçoit bien quelques détails inhabituels mais rien de parfaitement alarmant pour l’heure. Ça décroche.

▬ Fils, j’suis là. dit-il, en sortant de la bagnole.

***

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