10 septembre 2022 - Dans la matinée...
La voiture évolue dans les rues d'Overtown et finit par s'arrêter à l'adresse donnée par Alexander. Je fronce les sourcils, en claquant la portière derrière moi, tandis que la sordidité du quartier me frappe de plein fouet. Je n'ai jamais mis les pieds chez Alexander : pourquoi l'aurais-je fait ? Je trouve déjà suffisamment grotesque toute cette mise en scène sous les feux de la rampe, pourquoi m'infliger en plus cette visite incongrue dans un immeuble probablement en piteux état ? Pourtant me voilà ici, à me déplacer jusqu'à lui comme si je n'étais pas celui qui donne les ordres...
Mon expression contrariée greffée au visage, je toque à la porte avec le pommeau de ma canne avant d'ouvrir cette dernière, veillant à ce que personne ne me voit entrer. Je referme la porte derrière moi, laissant un regard sévère juger l'état de l'appartement dans lequel je viens de pénétrer. Bien que je ne sois pas ici pour faire une inspection sanitaire, ce sont des choses qui n'échappent pas à mon attention. Si les murs sont aussi vieux et ternes que l'immeuble, l'appartement en soi semble propre, Dieu merci...
Je n'ai pas besoin de déambuler à travers les pièces pour trouver Alexander : ce dernier fait les cent pas dans le salon et je l'y rejoins en quelques pas, appuyé sur ma canne, l'interrogeant... non plutôt, en lui intimant sévèrement du regard de me livrer ce qu'il sait.
▬ Je n'ai pas réussi à savoir qui était au bout du fil. C'était un téléphone prépayé.Suis-je contrarié ? Bien entendu. Je le suis toujours. Pourtant, cette nouvelle n'est pas déroutante puisque je pense avoir mon idée sur la question.
▬ C'était elle, dis-je, sans l'ombre d'un doute. Je ne me fatigue pas à expliquer à Alexander ce qui me pousse à en être si intimement convaincu. Et je me passerai volontiers de ses commentaires puérils à propos de ce béguin ridicule dont il me taxe.
▬ En revanche...j’avais visé juste.D'un geste impatient de ma main gantée, je l'invite à poursuivre, mon autre main toujours posée sur le pommeau de ma canne. Mon regard glisse sur la photo qu'il pousse vers moi et sur laquelle je reconnais bien entendu notre renard débusqué en compagnie de M. Valentine. J'écoute attentivement mon associé me partager ses découvertes tandis que le bout de mes doigts gantés s'approche du cliché sans pour autant l'y toucher. Il y a quelque chose de plaisant,
Miss Valentine, d'avoir une avance sur vous. A la mention des fédéraux, pourtant, je fronce les sourcils et mon regard abandonne le cliché pour trouver celui d'Alexander.
Je ne suis pas vraiment étonné, ni particulièrement décontenancé : ce n'est là que confirmation de mes soupçons. J'écoute sans le couper Alexander tandis qu'il évoque la traque de cet Empoisonneur tandis que les sourcils froncés, je rabats mon regard sur les différents documents glanés par le pirate. Cette mission d'intérêt général aurait mué en une vendetta plus personnelle.
▬ Donc, elle ne t'a pas menti, lorsqu’elle t’a dit avoir un compte à régler avec quelqu’un.Ça, je le savais déjà. Je sais lorsque l'on me ment. Et je sais reconnaître les traits de la vengeance pour l'avoir souvent côtoyée. Mon regard croise un instant celui d'Alexander sans que je prenne la peine de lui répéter ce que je pense. Sans doute me connait-il maintenant suffisamment pour entendre mes silences aussi clairement que mes pensées.
Je repose les documents que j'avais en main après les avoir parcouru.
▬ Même si officiellement, personne n’a plus jamais entendu parler de lui, ce qui m’inquiète, c’est que le Bureau Fédéral semble persuadé qu’il est ici. Et si elle se balade actuellement au Raven ça signifie qu’il pourrait bien l’être lui aussi…Je relève légèrement le menton, mon regard perçant accueillant celui étonnamment soucieux de mon acolyte. Serait-ce de la détresse que je lis dans son regard ? Mes mains se joignent sur le pommeau de ma canne que je fais légèrement claquer au sol, en me redressant sévèrement. Bien entendu, toute cette histoire est fâcheuse, et je me passerai bien de voir le Bureau Fédéral rappliquer en grand comité au Raven... Mais il s'agit d'un essaim de frelons qu'il ne vaut mieux pas trop titiller... Tuer un agent du FBI, c'est prendre le risque d'attirer tout le nid... Mais je ne suis pas homme à céder à la détresse ou à la crainte. Je suis un stratège qui ne fait chuter son Roi qu'une fois la partie réellement terminée.
Quant à cet
Empoisonneur, il pourrait bien être une solution à nos problème. L'ennemi de mon ennemi est mon ami, n'est-ce pas ce que l'on dit ?
▬ Ozy… Mes sourcils se froncent : j'exècre ce surnom et je ne sais pas pourquoi je lui permets toujours cette familiarité qui m'horripile...
Cette fille c’est… c’est pas n’importe qui. La CIA. Interpole. C’est un élément capital. On pourrait bien avoir des ennuis si on se la fout à dos. Sans compter ce Sergent Jackson. J’le connais. J’ai déjà eu affaire à lui. Et c’est la merde ! A Miami, on le connait sous le nom de l’Ange de la Mort. Et tu sais ce que ça signifie ? ▬ Que je ferais bien de l'engager... dis-je platement, avec une neutralité dans la voix qui dénote fortement avec l'inquiétude qui dévore mon jeune associé.
▬ Ça veut dire que l’armée ferme les yeux sur ses activités. Ce mec a une putain d’immunité ! Il est comme qui dirait... Intouchable. Alors j’te laisse imaginer ce qui risque d’arriver si ça dégénère… Oz…qu’est-ce que tu vas faire ?Plongé dans mes pensées, en silence, mes doigts gantés de cuir grincent finalement lorsque je saisis la photographie.
▬ Ce que je sais faire de mieux.Je glisse la photographie dans la poche intérieure de ma veste, mon regard capturant subitement celui d'Alexander, avec cette lueur indéfectible au fond de mes iris.
▬ Des affaires.Je réajuste ma veste, sans quitter mon associé du regard, attendant de lui qu'il se ressaisisse et qu'il m'accorde plus de crédit et de confiance.
▬ Je vais confronter notre renard.FIN DU RP