La cours des miracles

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«Toujours agir comme s'il était impossible d'échouer.»

Ma vie manque cruellement d’action. Dans la peau d’une petite serveuse dont la routine est affreusement ennuyeuse et monotone, je rêve d’un combat, d’une course poursuite, de cette sensation qui te traverse quand tu appuies sur la gâchette, l’excitation qui te transcende quand tes doigts se resserrent autour de la crosse de ton 9 mm, la détonation du canon lorsque tu ouvres le feu, cette soif d’adrénaline qui rend ton quotidien palpitant et imprévisible. Malgré les entrainements quotidiens avec Fangs que, la plupart des gens pensent être mon petit ami, je regrette presque ma vie à Quantico. Je savais que cette mission ne serait pas une mince affaire et que l’Empoisonneur ne serait pas facile à dénicher, mais j’étais loin de me douter qu’en deux ans, j’en serai encore au point de départ. J’ignore toujours où se trouve ce foutu bar clandestin ! Je tourne en rond ! d’ailleurs, j’ai pensé fricoter avec un gang pour obtenir de plus amples informations, mais Fangs pense que c’est trop dangereux. Il n’a peut-être pas tort. Toutefois, il faut que je trouve une solution et vite.

Etrangement, il n’y a pas foule ce soir. Missy en a profité pour rentrer et nous laisse la fermeture. En attendant que les derniers clients se décident à partir, Marsha, qui est avachie sur le comptoir derrière la caisse, n’a rien de mieux à faire que de mastiquer son vieux chewing-gum devant de ridicules vidéos Tik Tok tandis que Chuck s’attèle à la plonge et nettoie la cuisine. Quant à moi, je commencer à passer le balai. L’horloge indique vingt-et-une heure. Bientôt la fin du service. Il me tarde de rentrer me couler un bon bain avec un petit verre de vin.

Eh, Zoey, tu peux aller leur dire qu'on va pas tarder à fermer la boutique, s'il te plaît ? Pis, si y'a des trucs à débarrasser, tu m'le ramènes là et j'l'enverrai à la plonge. J’acquiesce d’un signe de tête : okay. Je pose le balai sur le côté puis me dirige vers la petite bande de lycéens en prenant soin d’arranger une mèche de cheveux derrière l’oreille. Je m’amène à leur table, leur offre un sourire en prenant la peine d’interrompre poliment leur conversation très enjouée : Excusez-moi, je suis navrée mais nous allons devoir bientôt fermer.  

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Ma petite interruption semble être passée à la trappe, du moins presque. Aucun des étudiants ne semble m’avoir entendu ni même remarqué ma présence, sauf peut-être l’un d’entre eux qui doucement se retourne et me transperce de son regard avec une certaine éloquence. Pas un mot toutefois. Juste un regard aussi enivrant pas sa couleur qu’insistant par ses intentions. A vrai dire, quelles intentions ? je n’arrive pas à les déchiffrer. Ses yeux bleus aile de corbeau ont quelque chose d’à la fois d'attirant, de mystérieux mais aussi d’effrayant. Mais, je n’aime pas la manière dont il me dévisage. Je me sens mise à nue, et d’autant plus lorsque son amie se retourne pour me sourire tout glissant sa main dans la sienne; sans que ce dernier n’y prête attention, trop absorbé par ma propre personne. Qu''est-ce que tu me veux ?

Oh, mince, déjà...On peut peut-être finir la soirée... ailleurs ? J’en connais une qui a faim ! J’esquisse un bref sourire amical à la jeune femme, restant toutefois sur mes gardes concernant leur compagnie.

Hé, les mecs, un peu de galanterie, c'est à vous de nous inviter et de régler la note. On ne travaille pas, nous.

L’autre garçon soupire, mais ne cherche pas à contrarier les demoiselles. Il porte une cigarette à ses lèvres sortant discrètement une liasse de billets assez conséquente, qu’il prend bien soin de garder sous la table, à l’abri du regard des jeunes filles. Le brun quant à lui ne m'a guère quitté des yeux:"Là, ça devrait l'faire ? Gardez la monnaie, pour le pourboire ! me répond le fumeur en déposant les billets sur la table, agrémentant le tout d’un clin d’œil un peu étrange, je dirai presque malaisant. Par politesse, je force un sourire. Hum...ces deux-là sont suspects. Ce ne sont clairement pas des étudiants. Je me demande d’où ils sortent tout cet argent. Connaissant la réputation de ce quartier, il s’agit probablement d’argent sale. Encore un trafic j’imagine. Je me demande s’ils connaissent le bar clandestin ? Je vais les suivre. J’en aurais le cœur net. Et au moins, s’ils cherchent à nuire aux jeunes femmes, je serais là pour les cueillir. Peut-être que j’aurais un piste solide cette fois. Ou pas. Peut-être que mon imagination me joue encore des tours après tout. Je vais quand même redoubler de prudence. On ne sait jamais.

Tandis qu’ils sortent dehors, je viens débarrasser leur table. Ma main se resserre autour de la liasse qu’il a déposé sur la table tandis que mon regard lui ne décoche pas du groupe qui reste un instant dehors. Je me pince les lèvres jetant une œillade aux tables restantes. Si je termine mon service, je perdrais leur trace. Ils me semblent bien trop suspects pour les laisser s’échapper. C’est maintenant ou jamais, avant qu’ils ne disparaissent dans la nuit noire ! Je hâte le pas vers la caisse pour y déposer l’argent puis me débarrasse rapidement de mon tablier que je dépose sous le comptoir : J’ai une urgence Marsha, tu peux t’occuper des derniers clients ?

Je ne lui laisse pas le choix que j’ai déjà enfilé ma veste en cuir, rangé mon arme dans son holster dorsale, au creux de mes reins, et lâché mes cheveux pour emboîter le pas vers la sortie. Au passage, j’emprunte le paquet de cigarettes de Chuck, il n’en m’en voudra pas. Un peu de charme et il aura vite oublié ! je sors discrètement puis me poste à l’entrée. Le groupe est toujours quelques mètres plus loin. Mon regard se pose à nouveau sur le brun. Je sors une cigarette, l’allume et tire un peu dessus sans le quitter des yeux. Et, puisqu’il semblait me témoigner un certain intérêt, j’en fais de même. Je le déshabille à mon tour du regard, avec la même intensité et la même éloquence. Voyons voir s’il mordra à l’hameçon.

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Un regard est toujours plus parlant que des mots. Et celui que je lui lance est tout aussi séducteur, tout aussi sexy, tout aussi enjôleur, si bien qu’il ne prête aucune attention à la jeune femme accrochée à son bras comme une moule à son rocher et qui se languit de son attention.

Attends, tu déconnes ? J'te dérange, peut-être ? s’irrite cette dernière d’abord en me maudissant de ses yeux assassins puis en le repoussant de colère. Je ne perçois pas tous les détails de cette scène à cause de l’obscurité, mais je jurerais avoir vu la jeune femme pâlir avant de s’enfuir en courant avec sa copine. Hum, aussi irrésistible soit-il, ce type est louche. Je dois rester prudente. De nouveau son regard accroche le mien, bien plus insistant.

T 'es sérieux mec ? ... J'essaye de les rattraper." s’agace son pote avant de partir à la recherche des jeunes filles. Le brun quant à lui, s’approche de moi, les mains plongées dans les poches. Il hausse légèrement les épaules tandis que je lui adresse un joli sourire tout en laissant la cigarette s’échouer sur le sol pour ensuite l’écraser. A quelques pas l’un de l’autre, j’humecte mes lèvres avec ma langue : ce n’est pas très correct de gronder une demoiselle de là sorte, je me rapproche encore, mon regard s’intensifie vers ses prunelles fascinées et mon sourire étire un peu plus le creux de mes lèvres. Toutefois, c’est tant mieux pour moi, je continue de lui faire du charme, mordant ma lèvre inférieure avec gourmandise.

Désormais à quelques centimètres, je peux percevoir plus clairement l’exquise couleur de jais de ses iris étincelant sous la lumière du réverbère. Il est très beau garçon, ce qui rend le jeu de séduction bien plus facile à entreprendre. J’ignore quelles sont ses intentions, bien que son regard en dise long. Est-ce un malfrat ? ou simplement un garçon qui recherche une aventure ? j’ai ma petite idée ! mais je ne voudrais pas tirer de conclusions trop hâtives ! Mon petit doigt me dit qu’il sait où est le bar en question. Je dois faire en sorte qu'il m'y emmène. Maintenant, s'il faut s’octroyer un peu de bon temps pour arriver à ses fins, autant mêler l’utile à l’agréable, non ?

Si je veux l’accrocher plus, je dois être un peu plus convaincante. Voyons voir : Alors…on se prend un verre ou… silence. Je penche légèrement la tête sur le côté sans me départir de mon regard sauvage et prédateur, on saute les préliminaires ?

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Etrangement sa mine joueuse devient plus sérieuse, plus intense et soupçonneuse tandis qu’il prône toujours la loi du silence sans cesser de me fixer. Quoi ? ne me dis pas qu’une femme qui te fait du rentre dedans t’effraie ? Tu ne vas quand même pas prendre tes jambes à ton coup après n’avoir eu de cesse de me dévorer des yeux tout ce temps ? Il s’humecte les lèvres à son tour avant de s’allumer une cigarette. Je ne peux m’empêcher de remarquer le bijou qui orne son majeur. Marque-t-il l’appartenance à un groupe ou est-ce une simple fantaisie ?

On ne t'a jamais dit de te méfier des inconnus ? dit-il pour briser l’accalmie. Si tu savais mon tout beau, tu ne poserais guère cette question ! je me méfie de tout le monde, surtout ici ! Mais, j’ai une mission, et cela implique parfois des prises de risque, des rôles à endosser, souvent contraires à ce que je suis. Peu de personnes ont le loisir de connaître celle que je suis. Et crois-moi, tu la fuirais le plus possible, non pas à cause de son travail, mais de la noirceur qui la façonne.  J’arque un sourcil, simple réflexe, amusée par sa réponse. Apparemment, il ne saisit pas la perche que je lui tends. Hum…il ne semble pas né de la dernière pluie. Intéressant ! essayons une autre approche: Et toi, ne t’a-t-on jamais appris à ne pas fixer une demoiselle de la sorte ? Sais-tu que tu ne peux qu’attirer son attention ?


Les derniers clients quittent le Diner, l’homme nous coulant un regard particulier, la femme s’excusant avec une certaine maladresse. Puis, il y a Marsha derrière la porte vitrée venue retourner la pancarte, qui semble se réjouir en me faisant un petit signe du pouce, comme si je venais de gagner le gros lot. Je restreins un sourire amusé. Putain...quelle discrétion !

J'avais quelques projets pour ce soir. Mon regard se pose à nouveau sur le beau brun, sur ses profond iris de jais tandis que ce dernier tire sur sa cigarette. Et quant à moi, j’humecte mes lèvres : Ah ouai ? Quel genre de projet ? demandai-je curieuse, charmeuse et envieuse usant un timbre de fois calme, posé et très sensuel.

C'est quoi, ton nom ? Le fascinerai-je ? Je ne me suis jamais autant sentie mise à nue d’un simple regard. Je ne sais pas quelles sont ses intentions, mais mon petit doigt me dit que je ne vais pas tarder à le savoir. Je penche légèrement le visage sur le côté. Les yeux rivés dans les siens, le vent fait lentement virevolter quelques mèches de cheveux venant s’échouer délicatement sur ma joue et je lui souffle: Zoey. Et toi ?

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Je joue le jeu mais lui ne semble pas aussi fairplay que moi. Il se contente de mes réponses et esquive mes questions : T’es d’la police Zoey ? j’arque un sourcil. C’est si évident que ça ou simplement une façon de me faire remarquer que je suis curieuse ? de nous deux, c’est moi qui écope d’un interrogatoire à sens unique. Il saisit sa clope entre ses doigts pour libérer un nuage de fumée nicotinisé: Qu'est-ce qui t'excite comme ça, dis-moi ? Le frisson de l'inconnu. Ou alors le fric que t'as vu dans les mains de cet abruti, tout à l'heure, hm ?

Ses dernières paroles me refroidissent, la température redescend d’un cran. Je romps le contact visuel puis lève les yeux d’agacement: Si c’était le fric qui m’excitait, je ne serai certainement ici, mais en train de brancher ton pote. À nouveau, un bref silence s’interpose entre nous. Je ne sais pas trop sur quel pied danser. Il semble très intéressé mais ne porte pas ses couille quand je m’offre à lui. Il reste méfiant. Je ne vais pas mentir, de base, je l’ai branché par intérêt. Mais, il a un côté mystérieux que je trouve tout particulièrement sexy. Je me laisserais d’ailleurs bien tenter par une petite aventure avec lui.

Mes iris cyaniques bifurquent de plus bel vers son regard de jais. Mon expression s’adoucit et devient plus significative, plus intense et plus déterminée. Je me rapproche d’un pas, absorbée dans son regard : tu sais ce qui m’excite ? dis-je d’une voix suave, c’est la façon que t’as de me regarder, de me dévisager, de me déshabiller. Elle me laisse présager toutes les choses que tu pourrais me faire. Et je me languis de cet instant où tu te lanceras enfin. Peut-on faire plus clair ? Non. Même s’il y a une pointe de vérité dans mes propos, je n’oublie pas la mission.

Il se rapproche à nouveau pour balayer délicatement une mèche de mes cheveux que le vent avait emportée. Un geste qui m’octroie un étrange frisson. Hum…Après tout, il a peut-être raison, l’excitation de l’inconnu a un côté séduisant, enivrant, ensorcelant. Les belles femmes comme toi veulent pas se faire baiser par des types comme moi sans rien derrière... T'es intelligente, Zoey. J'le vois dans tes yeux..

Il n’est visiblement pas stupide et très observateur. Le profil type d’un malfrat ou d’un individu de gang, le genre qui se méfie de tout et tout le monde. Il est vrai que mon intérêt pour le bar clandestin est ma priorité. Puis, notre ami ce soir ne semble pas prédisposé à coopérer facilement. Peut-être sera-t-il plus loquace après s’être envoyé en l’air.

Tu sais, les femmes comme moi, ont aussi des besoins à assouvir. J’intensifie mon regard, humecte mes lèvres et me rapproche d’avantage. Désormais à quelques centimètres l’un de l’autre, les yeux dans les yeux, je fais très lentement glisser mon index sur son torse et lui souffle ces quelques mots: Je vais être directe. Je n’ai pas envie de perdre mon temps ce soir. Alors, soit tu décides et on baise comme il se doit. Où tu veux quand tu veux, autant de fois que tu voudras. J’ai toute la nuit devant moi. Sinon passe ton chemin, rejoindre ta petite copine pour lui offrir ta veste et lui faire la causette. Le dés sont lancés.

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Quoique je dise, il n’en reste pas moins énigmatique et son discours éloquent. Il se contente de regards insistants et significatifs. Je n’ai aucun doute sur le fait qu’il soit charmé. Mais, jusqu’où dois-je aller pour qu’il baisse sa garde ?  

Puisque mes arguments ne sont pas assez convaincants à ses yeux, je mets le paquet pour l’attirer dans mes filets. D’ailleurs mon petit discours semble lui avoir coupé le sifflet. Toujours dans une accalmie noyée de tensions sexuelles, il humecte ses lèvres pour la énième fois, pour la énième fois tire sur sa cigarette et pour la énième fois exhale la fumée avant de la laisser se consumer et enfin, les prémices d’un sourire se crayonnent sur son joli minois.

C'est pas ma petite copine. est-ce vraiment la seule chose qu’il a retenu ? sans doute la seule partie de mon discours qui l’aurait piqué au vif ? quoiqu’il en soit, il baisse enfin sa garde pour créer un contact. Oui. Enfin. Un toucher électrisant, notamment lorsque son doigt serpente lentement vers la zone de mon cou, et d’autant plus capiteux lorsqu’il prend la tangente vers ma poitrine. Un frisson incontrôlé me parcourt l’échine : "Beaucoup de promesses, cariño... Mais j'ai pas toute la nuit devant moi. Je vois.

Alors, ne perdons pas de temps…répliquai-je d’une voix suave. Et tandis qu’il s’approche pour posséder mes lèvres, il se fait interrompre en me laissant en haleine : Eh, bien joué, elles se sont cassées, mec, merci ! Tu t'en fous toi, t'as un autre à c'que je vois. une intervention qui ne semble pas du goût de notre beau ténébreux. Il se mords la lèvre inférieure, frustré pour jeter une œillade au rouquin.

Du coup, j'fais quoi... j'y vais tout seul ou je t'attends ? j’arque un sourcil. Il ne va pas sérieusement me planter là après une proposition aussi alléchante. Qu’est-ce qui peut être plus important pour un homme qu’une nuit de sexe ? Sûrement, un business pas net.

Il soupire et me dévisage à nouveau. Comme je t'ai dis... J'ai d'autres projets plutôt...impératifs. Mais... On peut se retrouver... quelque part." Et merde !

tu t’fous d’moi ? je le transperce de mon regard insatisfait, puis mes yeux bifurquent sur Monsieur Contre-temps derrière, avant de revenir comme un boomerang sur mon ténébreux affamé ; peut-être pas tant que ça après tout. Un sourire malicieux et très significatif étire le creux de mes lèvres. Je ne vais certainement pas le laisser filer sans jouer mes dernières cartes. Voyons voir si mon joker l'incitera à rester en ma compagnie. Je l’empoigne par la veste pour attirer son corps contre le mien et m’emparer de ses lèvres pour lui offrir un baiser très très langoureux, sans oublier de le clore en mordillant doucement sa lèvre inférieure. Je le relâche ensuite sans pour autant l’éloigner puis lui murmure : dis moi où et quand. Mais ne soit pas en retard ! j’ai horreur d’attendre.

Je m’éloigne alors, le laissant ainsi en haleine et témoin de ce qu’il doit laisser derrière lui pour retourner à ses activités. Je lui tourne le dos et commence à m’éloigner de lui.

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Il semble surpris que je prenne les devants mais y prends tout de suite goût. Je préfère le laisser en haleine, histoire de le motiver un peu. Alors, je coupe court à ce petit plaisir. Déçu du peu de temps que je lui octroie, ses mains me cramponnent, serpentent sur ma taille, puis se faufilent doucement au creux de mes reins, manquant de près mon fidèle compagnon à balle. Je n’ai peut-être pas eu la meilleure idée à la rangeant à cet endroit. Je fais quelques pas en arrière, avant qu’il ne la remarque, sans pour autant me départir de mon sourire insolent, provoquant, insistant et enivrant.

Et tandis que je m’éloigne, il me retient pour me ramener à lui comme un boomerang : "Attends... Tu connais le Babylon ?" qui ne connait pas ? L’une des discothèques les plus sélecte et prisée de Miami, au public bien différent de celui d’Overtown et au portefeuille plus garni. On s’y est déjà rendue avec Marsha, mais notre petit salaire ne nous permet pas de danser jusqu’au bout de la nuit tous les soirs.

Son regard me sonde à nouveau des pieds à la tête avec une avidité plus bestiale : Change-toi et retrouve-moi là-bas. A 22h. Tiens, Monsieur donne des ordres ? je lui réponds d’un sourire celui qui dit tu ne m’apprends rien. Affamé, il m’attire de nouveau à lui, frôlant mes lèvres, mon nez et mon souffle coupé, puis vient ancrer son regard de jais perçant dans le mien : Et... Je n'aime pas... perdre mon temps, moi non plus... Alors... bien entendu, il fallait bien qu’il trouve une réplique pour avoir le dernier mot.

Ensuite, contre tout attente, il agite mon téléphone sous mes yeux. Tiens tiens ! il semblerait que notre petit ami ait une prédisposition pour le vol. Il va falloir redoubler de prudence avec lui ! ça serait dommage de me griller pour une simple histoire de cul. Je dois m’estimer heureuse que ce soit mon téléphone et pas mon arme de service que ses mains ont réussi à me subtiliser : Une simple... garantie. Pour être sûr que tu ne me poseras pas un lapin... Bah voyons !
Monsieur est un habitué des lapins ! alors, soit les femmes à Miami ont la langue bien pendue et des actes qui leur font défaut, soit il y a définitivement quelque chose de pas clair avec lui. Mon petit doigt me souffle que la deuxième hypothèse est plus plausible. Je me contente d’un sourire en coin en le regardant s’éloigner avec son pote. Ça ne tiendrait qu’à moi, sa main serait déjà en miettes. Toutefois, je suis curieuse et désireuse de voir où tout ça va me mener. Je me mets donc rapidement en route, car d’après l’heure sur le téléphone lorsqu’il l’arborait sous mes yeux, il me reste à peu près vingt-cinq minutes pour enfiler quelque chose de sexy et me rendre au Babylon.

Babylon, 22h

Postée devant l’entrée de la discothèque, avec quelques regards affamés posés sur moi, j’attends notre ténébreux sans nom. J’espère avoir le loisir de le découvrir ce soir ! le temps me manquait pour rentrer chez moi enfiler une tenue plus légère, alors je me suis contentée d’emprunter des fringues de Marsha qui habite tout près du Diner. Je lui revaudrais ça ! J’espère qu’il va se pointer rapidement. Je n’ai pas envie d’avoir affaire à une bande de chiens en rut, car ça risque probablement de mal finir pour eux. Et cette fois, j'ai bien pris soin de cacher mon petit compagnon ailleurs !

Spoiler:

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Un imbécile se met à me siffler grossièrement. Je ferme brièvement les yeux d’agacement, mords ma lèvre inférieure qui dévoile alors un sourire sadique. Alors toi, ça va être ta fête ! Je voudrais faire volte-face, mais je n’ai pas le temps de réagir qu’une main serpente sur ma taille. Je tourne instinctivement la tête quand un sourire en coin étire le creux de mes lèvres. Il est ponctuel. Bien. Ça m’évitera de briser une mâchoire ce soir. Notre ténébreux affiche une mine légèrement contrariée. Puis, il se radoucit dès lors que son regard me découvre de nouveau. Il semble ravit : Pas mal... ça devrait l'faire. Mes lèvres closes, répondent d’un sourire sauvage.

Beaucoup de personnes attendent pour entrer et beaucoup se font recaler. C’est intriguant car je suis venue des centaines de fois et ils n’étaient pas aussi tatillons. Se pourrait-il que ce soir, le Babylon soit fréquenté par une clientèle influente ? En ce qui nous concerne, mon ténébreux semble un peu trop fier de s’afficher avec moi et d’autant plus lorsque le videur nous laisse passer. Je me contente simplement de lui sourire avant d’entrer dans le nightclub.

Nous pénétrons à l’intérieur. La chaleur animale de la foule transpirant sur la piste me claque en plein visage. La musique bat son plein, ses vibrations retentissent sous mes pieds, dans ma tête jusque dans le bout de mes doigts. Je balaie rapidement du regard l’horizon de la discothèque. Très vite, notre ténébreux semble avoir une petite affaire à régler et m'abandonne :Attends-moi là-bas, j'en ai pas pour longtemps, me dit-il pointant son regard en direction du bar. J’acquiesce d’un simple signe de la tête avant de docilement aller m’accouder au comptoir tandis que sa silhouette disparaît au fond de la salle. Le serveur m’offre son plus beau sourire : Un bloody Mary s’il vous plait.. Je n’ai guère le temps d’en siroter une gorgée, qu’une femme m’interpelle puis, me murmure au creux de l’oreille : Vous êtes invitée à l'étage... m’informe-t-elle en ornant mon poignet d’un petit bracelet mauve contenant les inscriptions carré VIP et elle disparait aussi vite qu’elle est arrivée.

Un peu surprise, je me tourne en direction de l’étage. Les sourcils froncés, j’examine au loin si un potentiel regard serait rivé sur moi. Rien. Je tourne de nouveau la tête vers le fond de la salle en quête de mon cavalier, mais toujours aucune trace de lui. J’humecte mes lèvres, puis les pince, songeuse. Mon regard de nouveau s’aventure vers le premier étage. J’hésite. Et finalement, la curiosité a raison de moi. Lentement et à pas de loup, je me rapproche de l’escalier visiblement bien gardé. On me laisse passer. Je monte alors, mon Bloody Mary dans une main tandis que de l'autre, je fais glisser le bout de mes doigts sur la rampe. Je dois avouer, je ne suis pas sereine. Qui peut bien me demander ? Qui nourrit un intérêt pour moi ? une pauvre petite serveuse du Diner d’Overtown ?

Une fois en haut, je m’immobilise pour guetter ce nouvel horizon. Je ne reconnais aucun visage.

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Impulsivité, bon sang, ce mot il ne l’avait pas utilisé pour lui depuis un moment, il fallait que cela tombe sur un avocat merdique et un client de son patron qui bien entendu après l’avoir viré pour deux jours sans paie, lui avait exigé réparation. Un service, simple, ramasser ce que Alec avait trouver pour lui, de gré ou de force, lui et sa stupide réputation de sans coeur, son boss parlait vraiment trop parfois, surtout quand ça concernait les jobs salissants qu’il accomplissait. C’est pourquoi, il se retrouvait en pleine boite de nuit, une musique affreuse dans les oreilles assis dans une alcôve qui se fermait à l’aide d'un rideau épais qui bloquait le son, par chance pour ses oreilles. 22h, heuredu rendez-vous, il avait sa bière, il était assis, il attendait sagement, son arme posée à ses côtés, certes il avait eu l’ordre de ne pas s’en servir en plein cœur de la boîte de nuit, mais il n’avait plus été interdit de l’utiliser autrement. Les rideaux s’ouvrit, laissant le bruit passer, il ferma les yeux le temps de quelques secondes, la musique pop n’est vraiment pas son truc. "Vous êtes là ?"  En retard, vraiment, il ose arriver en retard en plus, deux petite minutes, mais tout de même c’est déjà trop.

En retard Milo.. Assis j’ai pas toute la nuit.

Il y avait une faible lumière dans l’alcôve assez pour que les personnes venu chercher de la tranquillité puissent s'apercevoir, assez pour que lui remarque l’objet qu’il devait récupérer au doigt de ce Milo. Il attendit que son rendez-vous prenne place à son tour avant de se pencher en avant, les mains sur la table.

Voilà tes choix, On prend un verre, discute et tu me donnes ce que je veux ou On prend un verre, on discutent, je te menace, tu flanches ou pas, mais pour ta santé ça serait mieux.

Impulsif, il n’avait pas dit qu’il l’était, en une fraction de seconde, il avait son arme en main, le poignet du bras qui avait la bague entre les doigts de son autre main et le canon de son gun sur celle-ci. Sa mission était de récupérer la bague, pas de se taper la causette durant des heures, aussi bien d’y aller franchement.

Finalement, j’ai changé d’idée. Tu me l’as donne ou je tire, suffit du bon moment de tempo dans la musique et ça passera crème.

Spoiler:

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Talon posé sur la dernière marche, je me fais grossièrement bousculer par un abrutis, qui dans son élan, me fait perdre l’équilibre. Heureusement, j’évite la catastrophe en me rattrapant de justesse à la rampe d’escalier. Toutefois, mon Bloody Mary vient se fracasser sur le sol en éclaboussant le bas de ma robe et le vernis cuirassé noir des chaussures d’un homme qui, visiblement s’apprêtait à descendre l’escalier : Oh veuillez m’excusez… Je relève aussitôt le nez de l’énorme flaque rouge, parsemée de petit éclats de verre brillants, quand soudain son regard acéré m’électrise de la tête aux pieds. La froideur bleutée de ses yeux envahit la pureté céleste de mes iris, et la pureté céleste de mes iris pénètre la froideur de ses yeux. Pas un mot ne franchit nos lèvres scellées. Pas un battement de cil ne vient rompre le contact visuel. Il me dévisage ainsi, les sourcils froncés, l’air sévère très assuré. Essaie-t-il de m’impressionner ou de m’intimider ? Je ne courbe pas l’échine. Impassible, je soutiens son regard. Impassible, je le défie en silence.

Un deuxième homme, une espèce de gorille, probablement son garde du corps, s’amène près à me sauter à la gorge quand l’homme contrarié, vêtu d’un chapeau Fédora noir, l’arrête d’un geste fugace de la main. Hum, un garde du corps obéissant au doigt et à l’œil, une place à l’espace VIP au Babylon, un air hautain et supérieur...on dirait que Monsieur est un homme de pouvoir. Pourtant, depuis deux ans que je vis ici, c’est bien la première fois que je le vois: des traits fins, la peau claire, des yeux bleus océaniques, un style vestimentaire preppy. Ce n’est pas un américain. Je dirais un homme de l’Est.

Ce dernier extirpe un mouchoir en tissu d’une des poches de sa veste pour s’essuyer la chaussure, puis s’en va sans m’adresser la parole. Quant à moi, je le suis du regard jusqu’à ce que son ombre disparaisse dans l’obscurité de la discothèque. Hum…quel personnage étrange ! Vous vous en sortez bien. Mince ! j’avais presque oublié qu’on m’avait fait venir ici. Je me retourne pour découvrir l'identité de mon interlocuteur. Il devait être dans un de ses bons jours..

Un homme charmant, je dirais la trentaine, m’observe avec le sourire et m’invite à le rejoindre à sa table. Quel changement radical d’atmosphère ! Je vois que vous avez reçu mon invitation. ajoute-t-il en me désignant le ruban à son poignet.

Oh ? c’était donc lui. Mais qui est-il ? Victor Darcy. Monica, demandez à notre chère invitée ce qu'elle voudrait boire. C'est pour moi. Comment dois-je vous appeler ? conclut-il en me tendant la mien. Jusque-là, restée incrédule face à la scène précédente, je reprends mes esprits et offre ma main avec un sourire pour échanger une poignée : Zoey Mallory. Ravie de vous rencontrer. répondis-je légèrement hésitante.

Une invitée, moi ? Merde ! j'avais presque oublié mon ténébreux du Diner ! il doit probablement me chercher. Mais, la Monica en question vient me demander ce que désire boire. Je la regarde puis jette une œillade à Victor. On va éviter de le contrarier. Je me racle la gorge, puis finis par jouer le jeu : une coupe de champagne s'il vous plait. demandai-je poliment avant de m’assoir face à mon interlocuteur. Je l’observe avec un léger sourire avant d’oser demander : qui était-ce ? les yeux légèrement plissés, je désigne la direction de l'escalier d'un petit signe de la tête: cet homme ? Je marque une pause, croisant les jambes, dont ma robe fendue en dévoile ma peau nue, il n’a pas l’air commode. Et antipathique par-dessus le marché. Contrairement à vous.

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«Toujours agir comme s'il était impossible d'échouer.»

Nous abreuvons ces salutations d’une poignée de main. Son pouce s’attarde un instant sur le revers de ma quintuplé tandis qu’un sourire charmant agrémente ce moment convivial : Si je peux me permettre, vous êtes ravissante, Zoey. Mon ténébreux, dont j’ignore encore le nom, a peut-être une belle gueule, mais il n’a certainement pas la classe de ce Victor, finalement, gentleman, courtois et très raffiné. Un sourire charmé naît de cette agréable courtoisie dont je réponds avec joie : Merci. Et je vous retourne ce compliment Victor.

Refroidie par ma rencontre précédente, je me vois lui demander qui était cet antipathique personnage : Je comprends mieux votre attitude... Si vous aviez su de qui il s'agissait, vous vous seriez probablement confondu en excuses Confondu ? j’ose espérer qu’il n’est pas sérieux ? je crois m’être déjà excusée auprès de ce mufle, même si j’aurais peut-être dû m’en abstenir quand je vois la considération qu’il a daigné me porter. Qu’attendait-il ? que je lui cire moi-même ses chaussures ? J’ai, certes été élevée avec le sens du respect et de la politesse, mais certainement pas pour ce genre de bassesse : Il n’a pas l’air commode. Et antipathique par-dessus le marché. Contrairement à vous. Une critique qui lui extirpe un petit rire. Ce dernier engloutit le reste de son verre: Voilà un portrait un peu rude mais, plutôt juste, ma foi. Puis, il réfléchit un instant, "Avez-vous le goût du jeu, Zoey ? Je l’observe, les sourcils froncés, sans pour autant me départir de mon sourire amusé : Ça dépend. Qu’est-ce que vous me proposez Victor ?

J’ai très vite ma réponse lorsqu’il extirpe un paquet de cartes de sa poche. Je l’observe toujours, plus curieuse que jamais, penchant légèrement la tête sur le côté, impatiente de savoir ce qu’il propose : Connaissez-vous le Poker 7 mains ? Le Poker oui, mais à sept mains, là je dois avouer que je sèche un peu ! afin d'éviter une réponse trop rapide, je le laisse expliquer les règles pendant qu’il nous distribue des jetons: [bSi ma main l'emporte, je gagne le jeton et vous répondez à une de mes questions. Si votre main l'emporte, vous gagnez le jeton et je répondrai à la vôtre. Celui qui remporte le plus de jetons... a le droit à une faveur. Qu'en dites-vous ?[/b] À mesure qu’il entre dans les explications, un sourire des plus ravi et malicieux s’esquisse sur mon visage.

J’en dis que vous avez intérêt à vous accrocher, car la faveur, c’est moi qui vais la gagner, répliquai-je taquine et joueuse. À vous l’honneur.. Il distribue alors les cartes. Première manche : Fool aux Dames, dis-je en dévoilant mon jeu. la victoire est pour moi, lançai-je avec insolence. C’est de bonne guerre après tout. J’humecte mes lèvres pendant qu’il rassemble les cartes. Une question alors ? Je réfléchis quelques secondes puis demande : Qui était-ce ? Le type antipathique qui devrait m’intimider ?

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