Alors que mes pieds suivent bêtement vos idioties dans la fête foraine, j’écoute sans écouter, je m’en fiche en réalité, je n'ai pas vraiment la tête à écouter vos conneries à deux balles, je ne sais pas ce que j’ai, quand je regarde Milo auprès de Svetlana, j’ai le poing qui se ferme, il me gonfle celui-là, il est obligé de la coller autant ? Honneur aux femmes… espèce de trou du cul va. Pourquoi… ça m’énerve ? Je devrais m’en foutre, être rassuré qu’elle mette la main sur quelqu’un d’autre, qu’elle choisisse ce coureur de jupon de Milo.
Le démon se colle à toi, il pose ses viles mains sur ta taille, ses lèvres se posent sur ta joue, tu le laisses faire, je serre mes mains sur le milk-shake à la fraise que je tiens dans ma main, chaude de colère, imbécile, bouffon… J’ai tellement de nom qui viennent en tête que je ne sais pas lequel te convient le mieux. Sale étron…. Chieur. Cafard, blatte, sale nuisible. J’ai envie de t’asperger d’insecticide.

Je déteste la fête foraine, ces sourires, cette musique, cette ambiance presque pesante, Milo exerce une certaine proximité et je ne suis visiblement pas le seul à ressentir cette colère, Dimitri est à côté de moi et je reconnais à son souffle, qu’il est en colère, mais qu’il le montre plus que moi, Dimitri à du dire à tout le monde que Sevtlana était sa propriété, comme il l’a fait avec moi, on échange un regard et je ne peux pas m’empêcher de le dévisager, le fait d’imaginer ses mains sur toi, je crois que tous les deux, on s’est apprécié, je ne sais pas si je dois définir ça par une amitié, car je n'ai jamais eu d’ami avant ça, mais je te déteste Dimitri. Au fond de moi, chaque parcelle de mon corps déteste ce que tes yeux perçoivent actuellement, ta façon de la regarder, et de regarder Milo comme je le regarde.
On est pathétique, tous les deux, je sais que je m’enfonce pour une fille pour laquelle, sa famille m’a détruite, et je m’enfonce encore plus dans la sable mouvant depuis que je l’ai dans la ligne de mire.

J’ai même plus envie de boire ce milk-shake à la fraise, ça m’a coupé l’envie, je l’ai tellement serré dans ma main que le quart de celui-ci s’est renversé et à coulé sur le sol. Je me dirige vers la poubelle la plus proche et balance ce que j’ai en main, jusqu’à ce que cet imbécile de première m’invite à venir et à me demander de tirer.
Mes yeux froid et glacial se posent sur toi et te détaillent du regard, tu es vraiment entrain de me demander ça alors que j’ai formé la plupart des personnes qui nous entours ?
Tu crois réellement que je vais rater mes cibles, je pourrais te gagner le stand entier rien qu’en quelques tirs seulement. Je retire sa main de mon épaule, ne me touche pas, tu m’exaspères assez. T’es qu’un petit con, j’ai été major de ma promo, le meilleur tireur, j’étais sur le podium des meilleurs tireurs des services secrets, tu as envie de voir ce que j’ai dans le ventre ? Pas de problème… Tu ne vas pas être déçu du voyage. Je sais monter et démonté une arme en seulement quelques secondes, on m’a appris à rechercher rapidement, et tu ignores encore tout ce que j’ai pu apprendre là-bas, que vous ignorez tous.

Sans un mot, ni aucune expression de visage, je m’avance jusqu’au stand et pose un billet sur la table du stand, on me tend l’arme et je la prends, je retire moi-même la sécurité avant que la nana puisse le faire, je pointe devant moi et mes iris glisse sur Milo, pendant que je tire et que je touche la cible sans la regarder, en plein dedans+, je lui donne un sourire au coin, comme pour me venter en quelque sorte, je tourne la tête sur les cibles et tire sur toutes les cannettes en un temps assez records, c’est la première fois que vous me voyez aussi efficace et aussi rapide, et je n'avais jamais laissé cette partie de moi se montrer. Sans m’en rendre compte, je dévoile quelque chose que je cache, ma rapidité, ma précision de tire, mon sang-froid et le charisme qu’on m’a fait apprendre pour berner et dompter les gens qui nous entourent. La discrétion et les prises de combats comme on en voit à la télévision, mais désolé, vous ne verrez pas tout ça aujourd’hui, j’ai déjà bien trop dévoilé en seulement quelques secondes.

La fumée sort du canon pendant que je pose l’arme et la fait glisser jusqu’à Milo, je le regarde de haut en bas, ici, c’est moi le meilleur tireur trou du cul, alors redescends.
Vous pouvez voir sur mon visage, qu’il n’y aucune expression amicale qui s’affiche, enfin, vous avez l’habitude ce genre de visage avec moi, mais là, j’avoue que tu m’as bien gavé, je te méprise et si je m’écoutais je te ferais bouffer la table en pleines dents.
La nana me regarde surpris, elle ne sait pas quoi faire ni que donner en gain de lot et regarde le reste du groupe, comme pour attendre que quelqu’un brise le silence que je viens de créer.

Ce n'est pas la meilleure des idées que j’ai eu, mais c’est la seule que j’ai trouvé pour repousser Svetlana. J’ai passé plusieurs jours avec Eryna, je crois même qu’elle s’est radoucie, enfin c’est ce que je croyais, elle et moi, on passe tout notre temps ensemble, elle s’amuse à me piquer mon café, ça a le don de m’énerver… Mais je prends sur moi, aujourd’hui, elle a passé la journée à mon bras, j’ai du mal avec Eryna, peut-être parce que c’est le début avec le temps, j’arriverai peut-être à ressentir ce que j’ai ressenti avec toi, on ne s'est pas embrassés, elle a essayé plusieurs fois, mais je préfère attendre.

Je l’écoute insulter les autres, je me demande pourquoi elle est comme ça, peut-être qu’on n'est pas aussi différent que je ne laisse croire. On a tous les deux à s’inclure socialement, c’est encore une raison que j’essaye de me donner pour essayer de l’accepter plus facile, mais il manque quelque chose, ce petit quelque chose que tu… enfin, ce n'est rien d’important. Je sens tes doigts se desserrer de mon biceps, tu te relèves et tu t’installes sur mes jambes alors que je suis assis sur le petit fauteuil, je sens le regard de tout le monde se braquer sur moi, je suis un peu mal à l’aise, je ne suis pas le genre de personne à faire et encore moins me pavaner avec une nana sur les cuisses devant tout le groupe.
Ses mains se faufilent autour de ma nuque, j’ai un frisson, mais pas un frisson de bien-être, c’est même tout le contraire, elle ne m’attire pas et je le sais.

Si je ressens ça pour Svetlana, je peux le ressentir pour n’importe qui, j’ai juste besoin d’y mettre un peu du mien, même si intérieurement, ce n'est pas ça, je n'ai pas envie d’être en couple, surtout avec Eryna mais c’est ma bouée de sauvetage, je l’utilise juste pour repousser ce qui arrive, une fois fait, je le jetterai aussi, au fond de moi, je sens que je ne m'attacherai jamais à cette fille.

J’écoute les paroles de tout le monde pendant leur jeu, je me penche et attrape la bière que j’avais posée à mes pieds avant qu’Eryna n’arrive dans la salle, je suis silencieux comme d’habitude et je ne vous cache pas que je n'ai pas envie d’être là. Je n'aime pas vos jeux, je les trouve débiles et puisqu’on vous à éviter pendant presque une semaine, je suis presque étonné que vous nous laissiez jouer avec vous, même si la proposition venait d’Eryna. Milo nous regarde perplexe, tout comme Stan, bah quoi ?

 « Ivan, ça va? Tu peux te séparer de cette harpie si tu veux… »
« Je vais très bien. » Et je déteste cette question, si vous pouviez arrêter de me la poser, ça serait même très bien.

Je regarde les visages de tout le monde sans bouger d’un centimètre pour éviter qu’Eryna me colle encore plus, jusqu’à ce qu’elle coupe et rabaisse encore Georgina, je vois bien que Milo lui envoi un regard assassin, je soupire face à son interruption.
Alors qu’Eryna finit son speech et que ça se retourne sur Svetlana, mon regard bifurque sur elle depuis la première fois depuis des jours, je serre la bouteille de bière dans mes mains quand ses yeux croisent les miens, je me risque de plonger dedans, pourquoi est-ce que c’est plus fort que moi ? Je me sens apaisé quand mon océan glacial rencontre ta mer chaleureuse. Je me demande ce que tu vas dire, Dimitri se tourne vers toi et te donne un sourire.
Connard va.

Et le paquebot se prend des vagues continuellement, elles frappent de plus en plus, sa force, la violence qu’ont ses impacts, ne laisse aucune trace sur le bateau.
Peut-être que la seule solution que j’ai, c’est de nager à contre-courant. Nager encore et encore, prendre mon sac sur le dos et affronter la tempête et espérer atteindre un abri.
Eryna, c’est sûrement la bouée de sauvetage dont j’ai besoin pour me sortir de cette situation de malheur, depuis que je traîne avec elle, Svetlana a arrêté de traîner avec moi ou même essayé de m’adresser la parole, je ne lui ai pas vraiment laissé l’occasion de le faire. Je ne dirais pas que ces sensations étranges se sont calmées, mais depuis que j’essaye de te sortir de ma tête et Eryna me retire toutes ces viles pensées te concernant.
Alors que la jeune femme se positionne sur mes cuisses, comme si je lui appartenais déjà, petite chose, tu ne sais pas encore que tu n’es qu’un simple pion dans mon échiquier, je n’éprouverai jamais rien pour toi. Je n’aime pas la façon qu’elle a de s’approprier tout ce qui m’appartient, mon café, mes affaires, mon corps.
Eryna n’attends qu’une chose et je le sais pertinemment, elle veut qu’on passe le pas, qu’on passe à l’étape supérieure, je ne suis pas pressé, loin de là, si je peux éviter d’en arriver à là, je le ferais, je n'éprouve aucune attirance pour elle, je ne suis pas sûr d’être capable physiquement d’arriver à ce stade.

Alors que ton tour arrive rapidement, je glisse mes yeux sur toi depuis la première fois, je te découvre depuis la première fois, c’est comme admirer une sculpture, une œuvre d’art interdite aux yeux, tu es interdite, on ne peut ni te toucher, ni te parler, ni te regarder.
Nos corps sont si loin que même à cette distance, nos âmes se touchent et se frôlent.
J'ai des frissons.
J’aime cette sensation, je viens humidifier mes lèvres, à chaque fois que je pose les yeux sur toi, c’est toujours la même chose, je t’imagine toi et j’imagine des choses interdites, je voudrais prendre ce sens-interdit, mais l’interdiction est au-dessus de tout.
Tu sais ce que je déteste le plus ? C’est d’avoir ces putains de souvenirs de ce que je ne veux pas me souvenir, et toi et moi, dans ta chambre ou encore dans la salle d’entraînement, sont des endroits que je ne verrai plus jamais de la même façon.
Mais c’est ainsi, nous devons tirer le trait sur ce qu’il s’est passé deux fois, deux fois de trop. Je n'arrive pas à déterminer si ce que je ressens est entrain de me tuer ou de me rendre plus fort, je ressens tellement de chose, que je commence à plus rien ressentir.
Je n'ai pas tout vu dans ma vie, mais là, c’est trop.

Encore une fois, quand je pose mes pupilles sur toi, je me retrouve obstrué de pensées de tout genre, c’est vraiment le bordel dans ma tête que je n'arrive plus à faire le tri et à savoir ce qui est bon ou mauvais ce qu’il se passe dans ma tête, une chose est sûre, c’est que tu es mauvaise pour moi, quand je vois ce que je deviens quand je suis à tes côtés, c’est déjà un coup bas, mais ne t’en fais pas Svetlana, je vais remonter sur selle et prendre ma vie en main pour finir ce que j’ai commencé à faire.

Et putain Dimitri, qu’est-ce que tu nous fous encore ? Il essaye encore de lui lécher les bottes, il est tellement à fond sur toi, qu’il sauterait d’un pont si tu lui demanderais, ce mec est complètement barge, plus il est vers toi et plus, je vois vert, la façon qu’il a de te toucher… De poser les mains sur toi… De te parler. Espèce de connard. Lèche-cul, faux-cul, depuis la fête foraine, lui et moi, on ne s’est plus adressé la parole, plus je l’évite et mieux c’est pour nous, je commence à nourrir une haine profonde pour lui, je n’arrive pas à déterminer pour quelle raison exactement.

Bière en main, je lève la main pour venir nourrir mes lèvres d’une substance alcoolisée pour taire cette colère, jalousie inavouée, venant faire couler l’alcool le long de ma trachée.
Tes phrases… Tes simples petites phrases… Me font manquer de m’étouffer avec ma boisson, je me redresse, ce qui fait tomber Eryna au sol. La main posée sur mon torse, je laisse échapper une toux, le liquide est passé dans le mauvais trou !
Je m’y attendais pas à celle-là ! T’as osé dire ça devant tout le monde ? Alors que t’étais la première à avoir honte à ce qu’on puisse nous trouver dans la salle d’entraînement ?
Je pose mes yeux sur toi, tu sais…

Moi aussi, j'ai aimé cet entraînement de tir, j’ai aimé quand j’ai posé les mains sur toi et le goût de ta peau… Mais qu’est-ce que je raconte ? Je me sens honteux, je ne devrais pas penser à ce genre de chose, j’observe Eryna qui se relève alors que tout le monde se moque d’elle, se relever et tapotée à l’arrière de mon dos pour m’aider à faire passer ce qui est passé de travers.
J’ai terriblement chaud, quelque chose me donne envie de poser mes lèvres sur ta peau et la découvrir davantage...et… Non ! On ne peut pas ! Pourquoi est-ce que t’es obligé de me faire ça ? Alors que j’ai Eryna sur moi ? Moi qui pensais que ça serait suffisant, je me suis fourré le doigt dans l’œil…
J’espère me tromper sur la réponse que tu donneras…