Depuis le premier jour, depuis cet interrogatoire, nous n’avons pas échangé à nouveau. De simple regard, des pensées confuses, je n’ai pas envie de t’adresser la parole, j’ai préféré t’éviter, je t’ai observé de loin, silencieusement, sans s’adresser le moindre mot, je t’ai vu et je t'ai observé durant ces deux jours, tandis que je restais à l’écart avec Eryna, ma seule compagnie du moment, j’ai laissé faire les choses.
Impuissant, voilà ce que j’étais devenu, ou encore un simple spectateur qui venait voir le même spectacle, jour après jour, ce n’était devenu qu’une pièce de théâtre lassante.

Ce jour-là, je me suis rendue dans la salle de pause, lentement mes pas s'étaient dirigés vers la cafetière, d’un seul geste, j’ai saisi la tasse pleine, je n’ai fait que quelques pas pour rejoindre cette chaise, me plaçant sur ma chaise habituelle. Rapidement, je te remarque sur le canapé du fond, je lève les yeux et croise ton regard. Hésitant, je me suis d’abord poser la question, pourquoi ? La respiration calme, le cœur enflammé, la rage reprenant doucement le dessus, je me cramponne ma tasse, je ne te quitte pas des yeux, tu es là face à moi, une nouvelle fois, sauf que cette fois, rien ne sortit de ma bouche. Alors que je m'apprêtais à dire quelque chose, une main se posa sur mon épaule, je décollai mon regard de tes yeux pour faire face à mon interlocutrice, Eryna. Évidemment. Depuis que tu es arrivé, c’est pire qu’avant, elle ne me décolle pas, elle croit dur comme fer que nous deux, ça peut marcher, mais je ne suis pas intéressée par sa tête blonde. Sa main glissa le long de mon omoplate, puis elle prit place à proximité de moi, je me sens lasse, je la quitte des yeux pour croiser à nouveau ton regard furtivement. Je viens lâcher un léger soupire pour porter ma tasse à mes lèvres et boire une petite gorgée du café encore chaud.

La salle était plutôt calme, je me force à ranger ma colère intérieurement, même si mes yeux parlaient d'eux-mêmes, on m'en a déjà fait la remarque, mais c'est plus fort que moi, je ne peux pas transmettre ma colère ailleurs, j'ai besoin de la déverser ailleurs, j'aurais besoin d'un entraînement pour me défouler et penser à autre chose, fuyant ton regard, j'observe le fond de ma tasse, aussi calmement que possible, je la fais tourner entre mes mains puis finalement je reviens à ton visage. J'évite ton regard puis les pose sur ceux d'Eryna, c'était tellement plus facile ainsi.

« D. On va s’entraîner. Aller dépêche. »

Je n’ai pas eu le temps de lui dire un simple bonjour, ni même de lui demander son avis que je l’avais fait traîner des pieds derrière moi, j’avais besoin de m’entraîner de me défouler avec quelqu’un et Dimitri était certainement la meilleure personne pour réaliser ce besoin, j’avais remarqué que mon ami ne t’avait pas lâché depuis que tu es arrivée ici, pas de chance pour toi, Dimitri n’est pas du genre à laisser facilement quand il a quelque chose en tête, lui en parler était probablement une mauvaise idée, je n’ai clairement pas envie de me prendre la tête avec lui. Silencieusement, je l'ai suivi jusqu’à la salle d’entraînement, je me dirigeai vers les armes à feux et en tendais un auprès de mon ami qu’il prit dans ses mains, je sens son regard perplexe et calculateur sur moi, non n’essaie même pas, je ne suis pas d’humeur à parler, j’ai juste besoin de me défouler.

L’arme à la main, tous les deux, nous avions fait une sorte de concours de tir avec les cibles en face de nous. Le casque sur les oreilles, les lunettes sur le nez, je pointe en avant et attendais le début de la partie, tire, tire, tire, la cible est rapidement trouée, devenant peu stable, je l’avais battu encore.

« Eh bah ! T’as fait fort cette fois-ci. »
« Ouais, t’es visiblement pas près de me dépasser. »
« Pouah, t’abuses. Toi et moi, on est exæquo. »
« Depuis quand ? »
« … Bientôt !
D’ailleurs… T’as vu Svetlana. » Il mima avec l’aide de ses deux mains ce qui ressemblait à une paire de sein. Je hausse les sourcils face à son geste.
« Hm non je n'ai pas vu. »
« T’as de la merde dans les yeux ? Enfin de t’façon t’as Eryna, prems pour Svetlana. »
« Je m’en fiche, fais-toi plaisir. »
« Je crois qu’elle est dans la salle commune… Si tu veux aller te rincer l’œil. »
« C’est vraiment nécessaire ? »
« Je t’entends te plaindre, mais pas dire oui.
Aller arrête de bouder et vient avec moi. »
« Mais on n'a pas terminé. »
« Si, on vient tout juste de terminer, aller dépêche-toi. »

Dimitri me dépasse et avança le bal, j’avais l’impression d’inverser les rôles, je traînais derrière les pas de l’homme qui semblait réellement avoir hâte de retrouver ta poitrine, mais honnêtement, j’en avais que faire de et mater, je souffle et traîne des pieds, je garde sur mon visage mon expression froide.
Une fois devant la porte, Dimitri afficha un grand sourire et me donna un coup de coude dans les côtes.

« Aïe… Mais qu’est-ce ---- »
« Chuuut, regarde un peu. »

Intrigué, je retire ma main de ma côté légèrement douloureuse suite au coup de coude de mon ami, puis tu étais là encore, accompagnée de Joana, nos regards se croisèrent quand j’entendais le souffle de Dimitri qui s’accélérait à côté de moi, il était plus content que moi de te voir, je te regarde froidement, je te déteste toujours. Je n’aime pas la façon dont tu essaies de tu appropries mes amis alors qu’ils n’ont souhaité que tu restes.
Toi et Joana, vous passez à côtés de nous et aucun de nous deux ne décollèrent le regard comme subjugué par une œuvre d’art, je finis par décoller mon regard et prends une inspiration, la remarque de Dimitri me sorti de mes pensées sombres.

« Alors ? » Il me demande avec un grand sourire.
« Alors quoi ? »
« Bah, tu sais… » Il posa ses mains sur sa propre poitrine.
« …….. On se prend un verre ? »
« J’ai cru que tu ne me demanderais jamais. »

Je leur en veux, ils ont tous voté contre toi et un par un, ils viennent vers toi, je t’observe de loin draguer Milo, il n’y a pas d’évidence, la tension en est presque palpable, j’en connais une qui ne serait pas très ravie de vous voir ainsi, aussi proche, encore une fois, tu vas encore faire tout voler en éclat. Je suis toujours en colère contre toi, j’ai l’impression de creuser un trou à l’endroit où je me tiens, je m’y enfonce en te regardant, je me retrouve au fond de ce trou, entouré de colère et de rancœur. Je te déteste moins que le premier jour et plus que demain, mon regard se perd sur vos jeux, Milo a le don de m’amuser, mais cette fois, j’ai juste envie de détourner le regard.
Eryna, te voilà. Pourquoi est-ce si facile avec toi ? Je ne t’aime pas et je ne t'aimerai jamais et pourtant tu reviens encore et encore, j’ai beau te le dire encore et encore, et te voilà face à moi, tu persistes avec tes yeux de chien battu. Tu me fais changer les idées bien que j’entends leurs phrases ridicules qui viennent sonner mes oreilles. Quand je pose mon regard sur toi Eryna, je ne vois qu’une fille désespérée en quête d’amour à la recherche d’un chevalier blanc défendant tes moindres faits et gestes, mais ce n’est pas moi, je ne suis pas comme ça. Je ne serais jamais le preux chevalier, je ne suis qu’un déserteur brisé qui cherche la rédemption la où il la trouvera ; dans la vengeance.
Tu te fais des idées sur moi, sur ce que nous pouvons être, tu es borné, comme moi.

« Ils sont pathétiques, regarde-les... »

Mon regard balance vers vous, vous êtes proches, on peut percevoir certaines phrases plutôt suggestives, je t’observe écarquillés les yeux, je décolle à nouveau ce regard pour le poser sur Eryna, je ne sais pas si tu as raison blondinette, mais une chose est sûre, c'est que certains s’amusent plus que d’autre, tu as l’air surprise en colère comme moi, alors toi aussi, tu as de la colère en l’observant ? C’est étrange, je ne l’avais pas remarqué jusqu’à présent, Eryna pose son regard sur moi, les yeux rougis de colère, son visage était marqué par cette scène.

« J’aimerais ne jamais avoir entendu cette phrase. »

Brusquement, tu te reçois quelque chose en pleine tête, un cri lui trancha les oreilles l’espace d’un instant, une chaussette glissa le long et tomba sur le sol, je t’ai souvent vu en colère, mais tu dépasses certainement les limites que j’ai pu voir jusqu’à présent. Le regard noir, tu regardes ces deux alcooliques au bout de la salle, si tes yeux avaient la possibilité d’avoir des calibres à la place, tu les aurais déjà descendus.

« MAIS PUTAIN, VOUS ÊTES SÉRIEUX LÀ ?»

Milo tenta de s’excuser, mais bien sûr, tu ne le prends pas à la lettre, tu sais qu’il a fait exprès de te la balancer en pleine tête, rapidement, tu te baisses pour attraper le gros coussin du canapé sur lequel tu étais posé pour le balancer sur la tête de Svetlana, puis la chaussette sur Milo, contre toute attente, les deux ne firent que rigoler ce qui t’énerve encore plus, je te vois fermer le poing, silencieux, j’admire la scène qui se déroule devant mes yeux, j’ai l’impression d’assister à une vieille pièce de théâtre où les acteurs n’étaient pas terribles, je soupire longuement en les voyant partir de la salle.

« Pff… Je te parie qu’ils vont prendre du bon temps. »
« Mh... »

Une nouvelle fois, j’étais de garde ce soir, j’avais profité de la journée avec Georgina.
Tu me fais penser à autre chose, j’arrive à mettre ma colère de côté avec toi. Tu m’apaises et tu es la seule de ce groupe à arriver à le faire, je me sens moi avec toi, même s’il y a de nombreuses choses que tu ignores à mon sujet, j’aimerais prendre le temps de t’en parler, depuis le temps qu’on se connaît, je suis persuadé que tu pourrais me comprendre, mais quelque chose m’empêche de le faire à chaque fois, comme propulsé par une force surnaturelle, je me mets à raconter autre chose ou je préfère opter pour un silence.
Tu me connais, tu sais qu’il y a forcément quelque chose en dessous de tout ça et pourtant tu ne dis rien, tu préfères que les choses finissent par s’avouer toute seule, naturellement.

Tu m’as traîné à l’extérieur toute la journée, tu m’as fait faire le tour de Moscou pour des emplettes et par-dessus le marché, tu m’as aussi forcé à en faire pour moi, je te déteste… Même si je t’aime beaucoup. Tu arrives à faire ce que beaucoup de gens n’arrivent pas, m’apaiser, me faire penser à autre chose, d’un simple sourire amusé, je t’observe sortir de la boutique armée d’une flopper de sacs dans les mains, tu souris grandement.

« T’as dévalisé le magasin ou quoi ? »
« Mh… Je crois que le vigile nous aurait couru après…  
Non, n’y pense même pas ! »
« Tu lis dans mes pensées…
Je ne suis pas sûr qu’on est assez de place pour stocker tout ça. »
« Ne te méprends pas… Il y a toujours de la place. »
« Un dernier avant de partir ? »
« S’il te plaît, non…. »
« Alleeeer, s’il te plaîîîît, Jo’ à pas pu venir avec moi, fais-moi plaisiiiiir. »
« Un DERNIER. »

Traînant des pieds, je suivis ma meilleure amie jusqu’au dernier magasin que tu te languis de visiter depuis le début de l’après-midi, sauf que je n'avais pas imaginé que cette séance serait pour moi.
« Hors de question. »
« Ivan… Essaie ça. »
« Non. »
« Si. »
« Si tu parles de ça à quelqu’un, je te tue. »

Tu affiches un grand sourire amusé sur tes lèvres, traînant les pieds derrière la cabine, j’essaie ce que tu m’as préparé, ça ne me ressemble pas du tout, c’est moche, j’ai l’air ridicule… Sortant de la cabine, j’affiche une tête de déterrer.

« Je te déteste Georgina.»
« Mais non, mais non.
Tu vas le prendre ? »
« Mais ça va pas… »
« Adjugé vendu... »
« Je t’ai dis non. »
« Trop tard. »

J’étais content d’être revenu jusqu’à la planque, même si Georgina était bien heureuse de son petit coup qu’elle avait visé pour essayer de refaire ma garde-robe, tandis que nous marchons ensemble dans ce long couloir, je finis par te croiser Svetlana, une nouvelle fois, nos regards se croisèrent brièvement, ta main effleure la mienne, j’en ressens presque une décharge électrique par ce toucher, je n’aime pas cette sensation, je la méprise, je garde mon regard stoïque et te laisse t’échapper, j’avais l’impression que ce contact avec duré une éternité.

Milo : « Hé les gars, les nanas se sont barrées.
Vous savez ce que ça veut dire ? »
Ivan : « Non ?»
Eryna :« … Je suis là moi. »
Dimitri :« On t’a pas causé toi. »
Milo : « Je disais… »
Eryna :« Vous n'êtes vraiment pas cool. »
Milo se racle la gorge pour que Dimitri et Eryna stoppe de s’envoyer des regards calculateurs.
Milo : « On va se faire un bière-pong. »
Dimitri :« On verra si tu sais toujours aussi bien viser Ivan avec quelques verres dans le nez. »
Ivan : « Rêve toujours. »

Les garçons se levèrent tandis qu’Eryna se posa à proximité d’eux pour les regarder jouer, l’un d’eux s’occupa de placer les verres, d’autres de prendre de l’alcool.
Groupe 1 ; Ivan-Dimitri et Groupe 2 ; Stan-Milo
Je réussis pour le premier coup, je désigne Milo pour le premier verre.
Dimitri rate son coup, le faisant boire à son tour un verre qu’il but d’une traite.
Stan réussit son coup, souriant, me désigne pour boire un verre.
Milo rate son coup, lâcha un léger soupire de déception et prend un verre qu’il but à son tour.


Malgré les quelques coups dans mon nez, je finis par rater ce coup, ne voyant plus où je lançais la balle, elle atterrit sur la tête de Milo en plein dans son œil.
 « Homme à terre !!!! …»
Stan pouffa de rire avec Dimitri, je reçu un grand coup sur mon omoplate de la part de mon coéquipier, c’était bien la première fois que je ratais des cibles aussi facilement.
Milo se releva avec l’œil légèrement rougit et un sourire amusé sur ses lèvres.
 « Tu, tuuu.uu » hoquet  « va me le payeeeer. »
Dimitri quant à lui eu plus de chance que moi, il était aussi efficace que moi étant bourré, il cria de joie en remuant les bras au-dessus de lui.
« WOWOWOOUUUU. »
Les garçons rigolaient face à l’attitude de Dimitri qui semblait m’avoir battu pour la toute première fois, je lâche un léger râle inaudible dû au cri de Dimitri.
Stan ne réussit pas son tour, il prit le verre et le regarda, nauséeux, il eu un haut-le-cœur.
« Ohh, je vais-je vais... »
« NAN PAS DANS MON SAC. »
Stan se retourna pour déglutir l’alcool dans le sac à main d’Eryna, tout le monde pouffa de rire, les cris d’Eryna était si intense qu’elle en était devenue rouge et s’était étouffé avec sa propre salive.
« STAN. JE VAIS TE TUER. »
Phrase qui fit rigoler aux larmes Milo et Dimitri. Stan quant à lui se sentait vraiment mal, son teint devenu blanc, il garda le sac dans sa main et vomit une seconde fois dedans.
«…… Mon sac !!»

La porte d’entrées claque, signe que les filles étaient revenues.
 « Staaaaaaaaaaaan…. Tu vas te faire tuer. »
Il répéta les paroles d’Eryna en larme, provocant le fou rire de Dimitri.
« Bon, les gars, je – je vais aller mpieuter je vois plus clair. »

Reculant avec difficulté, je marche avec difficulté jusqu’aux couloirs, il aperçu Georgina et Svetlana ensemble, bon, je n’ai peut-être pas une très bonne tête, mais je n'ai pu m’empêcher de sourire, certainement l’alcool, l’espace d’un instant, j'ai même cru que toi aussi, tu m’avais regardé pour me dire bonne nuit, enfin, c'est ridicule, pourquoi tu m’adresserais la parole, je vois le regard accusateur de Georgina, je hausse les épaules, elle me raccompagne à ma chambre.

Il est rare de passer des soirées tranquilles, j’observe Joana se ramener avec une bouteille au milieu de tout le monde, elle incite à ce que tout le monde participe, elle tapa même des mains pour les motiver un peu plus, Milo était déjà en place et attendait patiemment que tout le monde le rejoigne, Eryna sauta du canapé comme propulsé par cette douce proposition, je rejoignis petit à petit ceux qui traînaient la patte, m’installant à mon tour, la bouteille placer au sol, ce n’était pas le premier jeu de la bouteille que nous faisions depuis le temps qu’on se connaît, mais à force on s’était tous embrassés à un moment donné sans pour autant qu’il y ait une signification, j’observe Joana prendre place après que Milo t'explique les règles du jeu.

Rapidement la bouteille tourna sur elle-même tombant sur Joana, connaissant leur passif, tout le monde resta calme quant à la scène qui se déroulait sous leurs yeux, le baiser fut court, mais je pense que tout le monde n’en demandait pas plus des deux anciens amants, puis finalement Dimitri fit tourner la bouteille tombant sur Georgina, ceux-ci s’échangèrent un bref regard, se laissant aller pour un simple baiser, j’observe Dimitri avec amusement.
Il avait espéré secrètement que la bouteille tombe sur la belle Svetlana, mais il ne perdait pas espoir que le destin de la bouteille tombe sur toi la prochaine fois. Georgina posa ses yeux sur moi comme pour me désigner sur mon propre sort.
Lentement, ma main se posa sur la bouteille pour la faire tourner. Je la vis s’arrêter doucement sur… toi.

Un sentiment de malaise me prit aux tripes, enfin ça ressemblait grossièrement à un malaise, des yeux se posent sur moi et même si je n’avais pas les yeux sur Georgina, je pouvais percevoir son sourire amusé sur ses lèvres, gêné, je demande si c’est réellement obligatoire. Joana m’envoie valser de plus belle, je la regarde lui lançant un regard froid, ravalant ma salive, ce n’était qu’un baiser, rien de plus, rien de moins. Pour autant, je ne me déplace pas, je te regarde de loin. Posant mes yeux dans tes prunelles, je te vois t’approcher dangereusement de moi.

Je n’ai pas envie de t’embrasser, tu ne m’attires pas, toi et moi, nous ne sommes pas proches, on est censé être ennemi, je serai la personne qui mettra fin à tes jours... Toi et moi, on ne peut pas s’embrasser, ça serait contre tout ce que j’avais opté jusqu’à présent, ça serait contre tout ce que je ressens, tout ce que je veux.
Je t’observe avec réticence, te voilà en face de moi, je ne te quitte pas des yeux, je ressens cette chaleur en moi qui brûle à chaque fois que je pose les yeux sur toi, ne fais pas ça, va t’asseoir, s’il te plaît. Ne rends pas les choses plus compliquées, certaines personnes ne sont pas faites pour s’entendre et ce que nous sommes, c’est impossible, nous ne sommes qu'un calcul erroné.

Ton visage se rapproche de moi.
Tes lèvres frôlent les miennes.

J’ai envie de t’embrasser, tu m’attires, même si je repousse cette attirance, toi et moi, c'est mathématiquement impossible, on peut s’embrasser, l’espace d’un instant, juste une fois. Une seule fois. Une dernière.

Tu me déposes un baiser, je relève un bras par réflexe, j’hésite, tes lèvres sont douces, je m’en veux de ressentir ça, c’est le sentiment le plus étrange que j’ai pu ressentir jusqu’à présent, je laisse suspendu mon bras en l’air alors que tu couvres entièrement mes lèvres.
Ma chaleur enivre mon âme, je m’en veux de profiter de ce baiser, je suis mitigé entre l’envie et la réticence, lentement ma main finit par se poser sur toi, je t’attire, propulsé par plus qu’une envie, je vais certainement le regretter, j’ignore ce qu’il m’arrive et je n’aime pas ce que tu fais de moi.
Je prolonge le baiser, j’ai l’impression de me retrouver seul, la salle tourne autour de nous, durant ce baiser échanger, je pourrais m’y perdre. Ma main glisse le long de ton omoplate, glissant sous tes cheveux noirs, plaçant mes doigts sur ta nuque, je ressens ta chaleur, je fis une légère pression pour te rapprocher encore plus, ta langue caresse la mienne de façon délicate, tu es la première à m’embrasser ainsi, échangeant nos souffles chauds, je sens tes mains sur moi, c’est comme recevoir des tonnes d’électricité à travers mon corps.

Dimitri :  « Je pense qu’on a compris... »

Une voix me ramena à la réalité, un raclement de voix, déconcerté, je brise notre baiser, mon cœur tape, je me dégoûte d’avoir pu ressentir un quelconque plaisir à t’avoir embrassé et pourtant j’en voudrais encore. Ça ne peut plus se reproduire, toi et moi. Je laisse glisser mes mains pour quitter ton corps, je veux que tu recules et que tu partes et que jamais, tu ne reposes tes lèvres sur les miennes, je te regarde froidement, perdu dans mes pensées, je reste silencieux quant à tous les petits yeux qui les avaient observés avec attention et surprise.

« C’est à moi… »

En colère, Eryna te regarde froidement, froissée par la scène du spectacle, elle me lance des regards que j’ignore, elle se pencha pour tourner la bouteille afin de faire redescendre la tension qui avait pris d’assaut la pièce, doucement la bouteille se stoppa sur Andreï.
Elle se pince les lèvres intérieurement, elle aurait aimé discrètement que ça soit moi pour montrer à Svetlana qu’elle aussi savait embrasser. Elle s’approche d’Andreï, se disant que ça pourrait me rendre jaloux de la voir agripper aux lèvres d’un autre, mais ce n’est pas le cas d’arriver. Eryna fourra sa langue dans la bouche du médecin qui semblait crier au secours vu la tête qu’il tirait.

Eryna se jette sur les lèvres d’Andreï, elle s’attend à ce que je réagisse, mais ça met égal, Andreï semble au bout de sa vie, à la repousser, mais celle-ci revenait à la charge, j’entends quelques gloussements au film d’horreur qui se déroulait face à nous. Andreï réussit à s’échapper du piège de cristal, s’enfuyant à grand enjambé jusqu’au bar, Eryna le regarde longuement vexée, elle se sent humiliée tout le monde se moque d’elle, elle fit des petits yeux, grognant et boudant, elle retourne à sa place, croisant mon regard, que j'esquive aussi rapidement.

Dimitri s’avança pour faire tournoyer la bouteille au sol, celle-ci se pointa sur toi, je pose les yeux sur vous deux, Dimitri se réjouit à l’idée de poser ses lèvres sur les tiennes, tu ne risques pas d’être déçu avec celui-ci, le baiser dura une fraction de seconde.
Face à sa remarque, j'arque un sourcil, qu’est-ce qu’il raconte celui-ci là ? Notre baiser n’a duré.. Seulement.. Trois secondes, pas plus. Je fuis le regard quand Dimitri vient à me pointer du doigt en m’accusant comme si j’avais commis la pire des trahisons.

Je me relève quand Joana finit par proposer des pizzas pour le groupe, je ferais n’importe quoi pour terminer ce jeu stupide, je ne veux pas tomber sur une autre personne à embrasser ce soir, dans le risque de tomber sur Eryna, celle-ci s’en ferait des films pendant un sacré moment. Je me dirige avec les autres pour m’attraper un verre et me le remplir petit à petit, une fois plein, je laissai la bouteille pour les autres, croisant le regard d’Andreï et des filles, je reste silencieux pour apprécier ce verre qui me donne du courage pour effacer ce qui a pu se passer ce soir-là.

Dimitri les rejoint en traînant des pieds, déçu, il attrapa à son tour la bouteille, je pose mes yeux sur lui, il me lance un regard meurtrier, je préfère fuir à nouveau son regard, prenant une inspiration, je dirige mon verre auprès de mes lèvres afin de boire quelques gorgées.
Eryna arrive comme une fleur en regardant Andreï de travers, dans le but de me rejoindre, comme d’habitude, je me retrouve à nouveau sous son emprise, ce n’est pas comme si je pouvais juste l’envoyer bouler, elle en ferait tout un scandale, elle tenta d’essayer d’attraper mon bras, que j’esquive de justesse, faisant semblant de boire mon verre, la blondinette se rua vers Dimitri pour attendre la bouteille.

« Qu’est-ce qu’on commande ? »
« Une pizza ananas ? »
« Oh, non, c'est dégueu ça. »

Je cherche du soutien auprès des autres, je n'ai pas envie de retenter l'expérience.
Finissant par croiser ton regard.

Cauchemar :

Le temps se fige, l’horloge s’arrête et les aiguilles trottent dans le sens inverse, rapidement, puis lentement, puis soudain s’arrête à minuit trente. Le blizzard se lève, il fait froid, terriblement froid, je peux sentir le vent s’écraser sur mon visage, il est glacial, tellement, qu’il me fait mal et marque des rougeurs sur celui-ci, quand j’ouvre mes yeux, je me retrouve dans ce putain de placard. Je connais ce passage par cœur tellement je le revis encore et encore dans mon esprit. Le sang coule jusqu’à mes pieds, la flaque s’agrandit, s’assombrit, dans cette version de mon cauchemar, tout semble différent, j’entends mon cœur tambouriner à travers ma cage thoracique, comme s’il menaçait de rompre à tout moment et de sortir d’ici pour prendre la poudre d’escampette. J’entends des pas se rapprocher de moi, des pas lourds, des pas déterminer et soudain cette noirceur dans laquelle je me trouve se fend peu à peu pour laisser découvrir ton visage, la lueur te laisse à découvert. Je n’ai jamais oublié ton visage et il me hante depuis des années, c’est comme découvrir encore et encore l’horreur qu’il s’est produit ce soir-là.
Et des années plus tard, c’est comme si ça c’était produit hier. Aujourd’hui tes yeux sont différents, ils sont remplis d’un noir démoniaque, ton sourire narquois possède ton visage, je le vois s’étirer sur tes lèvres, il me met mal à l’aise, ça me terrorise, je sens mon thorax bloquer ma respiration, je n'ai pas envie de revivre ça, pas encore.

« Dernière chance Ivan... Je veux ce plan. »
« Tout ça, c’est de TA faute. »
« Regarde Ivan…. REGARDE à quel point je les massacre sans aucune once de regret »
« Regarde attentivement... »

Tes paroles sont comme des échos, elles percutent dans mon esprit, elles me chuchotent à l’oreille que je ne suis qu’un fardeau, que je ne suis rien, que je ne suis qu’un putain de montre de foire, que je n’ai que ce que je mérite, quand je te vois me fixer avec un sourire, tu me montres ta batte, l’élément phare de mon rêve ou de son rêve à lui… Je te vois frapper encore et encore, elle s’écrase et fracasse les os, j’essaye de mettre mes mains sur mes oreilles pour ne plus entendre ce bruit qui rebondit et résonne comme si la pièce était insonorisé, vide.
Encore une fois, j’assiste à ce spectacle, sans voix, sans rien faire, j’ai la peur qui me brûle les doigts, j’ai les oreilles qui bourdonnent, c’est un bruit strident qui m’envahit, je sens ton regard calculateur sur moi, par pitié, achève-moi, termine cette douleur une bonne fois pour toutes. Faites que ça s’arrête.

« T’es le prochain sur ma liste, Ivan. »
« Je vais te massacrer, comme j'ai massacré tes pauvres parents. »
« Tu as touché Svetlana, alors je vais en faire de même pour toi. »

Réalité :

Ma poitrine me brûle, elle me transperce, je n’ai plus de souffle, je suis à bout de ma respiration, elle est haletante, je me surprends à comprendre que je suis dans mon lit et que tout ça, n’était qu’un rêve, et qu’à chaque fois, mon rêve ce change et que parfois, il devient pire que le précédent. J’ai les yeux humides quand je me rends compte que je suis enfoui dans mes oreilles, que ma couverture tombe du lit, je prends une grande inspiration pour essayer de reprendre mes esprits, j’ai du mal à respirer. Qu’est-ce que je déteste quand ça fait ça, normalement mes nuits sont souvent très agitées, celui-là ne fait pas vraiment partie des pires que j’ai pu avoir, mais il a été assez perturbant pour que je me réveille en sueur. Je pose ma main sur ma poitrine qui se gonfle avec difficulté, je sens que mon front est trempé, humide, je l’essuie avec mon avant-bras.

Cette nuit a été longue et torride à la fois. Quand je suis tombé dans mon lit la tête la première, j’ai eu du mal à m’endormir, car j’ai repensé à ce qu’on a fait tous les deux, on s’est enflammés ensemble, nous n’avons fait qu’un, je me demande encore comment c’est possible, je te déteste tellement… Comment mon corps peut être attiré par toi ? Je me dis qu’aujourd’hui ça sera différent, on a dépassé les limites afin de ne plus devoir à les dépasser de nouveau. Qu’est-ce que je suis soulagé d’être réveillé… Je me redresse et place mes mains dans mon visage, j’espère que personne ne m’a entendu, d’ailleurs, je ne sais même pas quelle heure il est. Je prends mon téléphone avec lequel j’admire l’heure pendant plusieurs et longues minutes. Je me lève avec difficulté, comme tous les matins, j’attends le levé du jour avec impatience, je déteste quand la nuit tombe, c’est souvent à ce moment-là que mes pensées sont lourdes et que mon sommeil cogite. J’évite mon lit autant que je peux, jusqu’à ce que je me sente fatigué, voire épuisé, ça m’évite de tourner dans mes draps pendant des heures et des heures.

Quand je me regarde dans le miroir, je manque clairement de sommeil, comme d’habitude, j’ouvre le robinet pour me passer de l’eau sur mon visage pour reprendre la totalité de mes esprits, pour me réveiller et me motiver pour cette nouvelle journée. J’évite mon reflet dans le miroir et je m’évade de la salle de bain, habillé, prêt, je quitte ma chambre pour me diriger jusqu’à la salle de déjeuner, vu l’heure, je pense que la salle est déjà pas mal occupée.
En effet, quand j’ouvre la porte, j’ai l’impression d’être le seul retardataire, je jette un léger coup d’œil aux personnes qui sont dans cette pièce, je remarque que tu n’es pas encore là, toi aussi, tu dois traîner dans ton lit, je me dirige avec lenteur jusqu’à la cafetière pour attraper une tasse et me faire couler un café, j’entends la porte s’ouvrir à nouveau et je vois le visage d’Eryna entrer dans la pièce, celle-ci à déjà poser son regard et ses griffes sur moi, qu’elle se hâte de venir jusqu’à moi, je peux voir qu’elle a même le sourire sur ses lèvres et qu’elle prétend attendre pour se faire couler un café, je ne réponds pas et ne fait que hocher la tête, je n’ai pas vraiment envie d’entrer dans une grande conversation avec elle aujourd’hui. Une fois prêt, j’attrape ma tasse et fais quelques pas en arrière pour rejoindre ma place habituelle, la blondinette exécute les mêmes gestes que moi et se pose à mes côtés.

Pendant que je bois les premières gorgées de mon café, je me demande encore ce qu'il s'est passé hier, j'aimerais oublier ce qu'il me tourmente ; c'est-à-dire ; toi, Svetlana. Il est vrai que la soirée a été plutôt agréable, mais ça s'arrête ici et maintenant, avant que ça n'aille trop loin, pendant que mes pensées se perdent sur notre soirée, je sens le regard de Stan et de Joana se diriger sur moi, je ne sais pas encore ce que j'ai fait pour mériter leurs attentions, mais je n'ai pas envie de venir discuter avec eux, j'ai mal à la tête et je n'ai pas encore envie de les entendre glousser comme des gamins au collège. Visiblement, ils ont l'air d'avoir trouvé une bonne occupation, ceux-là, et je me fiche complètement de savoir ce que c'est.

Le café du matin avec moi, c’est une substance magique, il est noir et tourne souvent entre les "laissez-moi tranquille’’ et les "bonjour’". Mon café est la seule source qui arrive à réchauffer mon corps, il pompe mon myocarde, il attise ce qui est mort depuis longtemps, rien ne passe avec le temps, c’est un mensonge pour ne pas mourir, mais les gens en crèvent quand même, j’en meurs malgré tout intérieurement, la caféine passe à travers mes veines et me propulse dans mon énergie, ma bouche accueille les quelques gorgées de cette chaleur presque réconfortante. Plus, Eryna me parle et plus, je me sens partir ailleurs, je ne sais pas vraiment ce qu’elle me raconte et honnêtement, je m’en fiche pas mal.

Puis te voila, tu apparais dans ce halo de lumière que l’astre solaire pointe du doigt, mes yeux se lèvent vers toi, observe ta personne, il est difficile de ne pas penser à ce qu’il s’est produit hier soir, n’importe qui, pourrait y penser, intensément. J’ai envie de me prendre les pensées, de prendre une pelle et d’aller les enterrer si profonds, que jamais, oh grand jamais, elles ne pourraient être déterrées. Quand je te regarde, c’est le seul lien qui nous reste, le souvenir, car c’est tout ce qu’on est, toi et moi. Le souvenir d’une certaine image, d’un regret, d’un instant, du moins… C’est ce que je me convaincs de me dire pour te chasser de mon esprit. On sait tous que les souvenirs ne meurent jamais, ils restent encrés en nous. Les souvenirs, c’est quelque chose qui nous réchauffe de l’intérieur et qui nous déchire violemment le cœur en même temps. Je n’ai pas envie que tu fasses partie de mes souvenirs, même s’il semble que mon corps en a décidé autrement.

J’en oublie totalement Eryna qui me parle dans le vide, je sens même sa main se poser sur mon biceps pour me faire revenir à elle, mais je me sépare de son toucher quand je te vois venir vers moi avec ton café à la main. Pourquoi est-ce que tu fais ça ? Pourquoi est-ce que tu as décidé de faire de ma vie un enfer ? De me torturer encore plus avec mes pensées ?  Va-t'en, s’il te plaît, ne fait pas ça, et… reste encore un peu avec moi.
Ton délicieux parfum se glisse sous mes narines et me font remonter les souvenirs de notre soirée enflammée, je cache parfaitement sur mon visage, la perturbation que tu crées en moi, car oui, Svetlana, tu me perturbes, je n'aurais jamais cru ça possible un jour. J’ai l’impression d’avoir les mains moites quand tu te tiens vers moi, je resserre mon café dans ma paume de main en t’observant t’asseoir à mes côtés, ce qui a le don de faire ouvrir la bouche d’Eryna, visiblement troublée par le fait que je ne lui donne plus d’intention.
Puis, tu ouvres finalement la bouche pour m’adresser la parole, j’ai envie de te demander de quitter ma table et d’ailleurs si j’y suis, mais tout ce qu’il sort n’est que…

« ...Salut. »
« Bonjour…. »

Quand tu me demandes si j’ai bien dormi, j’ai presque envie de te dire que non, comme toutes les autres nuits depuis mon adolescence, et je ne sais pas pourquoi, c’est perturbant que tu me rends presque nerveux de cette situation, je me racle la gorge, j’aimerais te chasser à grand coup de balais, ce n'est pourtant pas compliqué, pourquoi je ne le fais pas ? Je suis paralysé comme un… gamin et je me déteste pour ça. J’ignore Eryna qui essaye de s’incruster dans notre conversation, comme à son habitude.

« Il a fait chaud hier soir non ? »
« J’ai… assez bien dormi et toi alors ? »

Oui, Eryna, si tu savais à quel point, la chaleur était au pique hier soir... Je sens son regard se braquer sur nous deux, pendant qu'on s'échange un regard. Tout en portant ma tasse de café à mes lèvres, je dépose quelques gouttes de caféine sur ma langue, en ne te lâchant pas du regard. J’ai presque l’impression que s’en est devenu un combat et que sans le savoir, on essaye de se chercher dans nos pupilles.

Je ne sais pas vraiment ce qu’elle essaye de faire, mais ça fait tellement longtemps qu’elle essaye que j’ai fini par la laisser faire, je sais qu’elle m’apprécie plus que ce qu’elle devrait, elle ne m’attire pas, je ne ressens rien pour elle et honnêtement, je ne pense pas que ça soit le cas un jour. Je me dis qu’avec un peu de chance, elle finira par laisser tomber tôt ou tard, mais depuis le temps qu’elle fait ça, je la laisse un peu dans son propre monde. Tout ce que je sais à présent, c’est que je la sens ragé d’ici quand je laisse sa main glisser le long de mon biceps, elle a ce regard, ce regard de colère et de jalousie que je peux pressentir jusqu’ici, tu ne la connais pas encore entièrement, mais tu finiras par le percevoir toi aussi un jour, comme les autres d’ailleurs.

Ma café coule sur ma langue et les quelques gorgées que je bois finisse par obstruer ma trachée, direct dans mon tuyau de respiration. J’aurais presque pu faire passer le liquide par mon nez, mais je sens que le liquide me brûle la gorge, je me mets à tousser quand j’avale de travers. Je me tapote doucement la poitrine, très chaud… très… chaud.
J’essaye de reprendre une gorgée pour faire passer ce qui est visiblement très mal passé, je sens les regards se braqué sur moi quand je manque de m’étouffer avec mon propre café, bordel… Je m’y attendais pas à celle-là. C’est comme affirmer haut et fort de ce qu’on a fait hier soir, heureusement pour nous et pour moi… Personne ne le sait et je pense qu’on est loin de le faire découvrir, les gens s’attentent à ce qu’on se déteste, mais pas qu’on lâche nos armes pour s’embrasser et s’enflammer.

« Oh, Ivan… Tu vas bien ? » Demande Eryna d’un air quasiment faux que j’arrive à le percevoir dans sa voix, elle fait ça uniquement pour que je lui porte de l’attention, je le sais, elle veut que je décolle mon regard de tes yeux océan, mais ce n’est pas vraiment gagné, je pince intérieurement pour me réveiller et me reprendre en main.

Je porte ma tasse à ma bouche pour ignorer les paroles d’Eryna, ce que je fais rarement en général, j’ai l’impression que la petite blonde pourrait pour faire des signaux rien qu’en respirant trop fort, je tente d’effacer sa phrase de ma mémoire, je porte mon regard sur toi, mais c’est quand tu me dis que ta soirée aurait pu mieux se terminer, je viens à m’étouffer une deuxième fois… Décidément… je pose ma tasse sur la table, je pense que je vais abandonner le café pour le moment, ce n'est pas réellement le bon moment pour boire d’autres gorgées. J’ai l’impression que tu fais exprès, le pire, c’est que tu arrives à bien le faire, ça me perturbe intérieurement, j’arrive à cacher ce sentiment au fond de moi.

« Je… Oh… Ah bon ?» Je balbutie maladroitement, j’espère avoir mal compris, mais je sais que tu fais un rapport à ce que tu m’as proposé hier soir, tu aurais aimé que je prenne place dans tes draps soyeux, pour dormir avec toi, je t’ai dit que c’était une mauvaise idée… et toi… Tu m’as ouvertement proposé de venir quand bon me semblait pour recommencer. Tu n'es pas la première qui me propose de dormir avec elle, mais t’es bien la première à m’offrir tes draps sous une autre forme de coups d’un soir. Je me racle la gorge pour faire sortir cette soirée de mes pensées. Je sens les regards se poser sur nous, j’essaye de les ignorer, même si c’est compliqué, je n'ai pas l’habitude d’être au centre de l’attention, alors toi, tu me projettes sous ta lumière, aux yeux de tout le monde.

Je me sens bête quand j’avale de travers ma caféine, ça pique et ça gratte la gorge, déjà que l’attention est rivée sur moi alors là, j'ai tiré la sonnette d’alarme et je sens des regards se retourner sur moi. Je vois le regard d’Eryna qui est rivée sur moi, je tousse doucement, je sens ta main dans le creux de mon dos pour venir me tapoter doucement, c’est presque un sentiment agréable, à quoi tu joues ? Tu ne peux pas me laisser m’étouffer comme tout le monde ? Même si… C’est vraiment sympathique de ta part que tu essayes de me faire passer cette douleur atroce. Je t’entends répondre à Eryna d’une façon dont elle-même était surprise, tu clames quasiment haut et fort ce notre activité nocturne au grand jour, mais je ne suis pas comme ça, je ne suis pas le genre de personne à afficher ouvertement ma vie, j’aime avoir mon jardin secret et comme tu le devineras tôt ou tard, je ne parle jamais de moi et je ne parle jamais de mon passé, contrairement aux autres, alors montrer mes conquêtes en plein jour, encore moins.

Je reste silencieux, je préfère éviter et prendre la parole, je n'ai pas envie que ça se retourne contre moi, je sens ta main s’enlever de mes omoplates, mais il ne fut pas longtemps pour que tu la remettes une nouvelle fois sur mon dos, je ne suis pas facilement surprenable, mais je dois avouer que je ne m’y attendais absolument pas, je n'aime pas trop quand je me montre de trop près, je n'ai pas envie de brûler les ailes que je me suis forgé depuis toutes ces années. Je garde sur mon visage l’expression stoïque, mon visage est ses traits sont impassibles, il ne trahit aucune émotion et aucun sentiment, comme à ma bonne vieille habitude, j’essaye de ravaler ce sentiment que tu m’as laissé quand je sens ta main se décoller de moi à nouveau. J’aperçois la curiosité de tout le monde, je laisse échapper un soupir de mes lèvres.

Je ne suis pas réellement sûr de comprendre les gens en général, je ne suis pas vraiment très doué socialement même si j’essaye de faire des efforts quand l’envie me prends, je me demande à l’instant pourquoi tu me tires une tête déçue, je ne suis pas sûr de moi, est-ce que j’ai raté un chapitre ? Alors c’est donc ça ce qu’il te tracasse, le fait que je n’ai pas voulu dormir avec toi, nu, c’est vraiment une mauvaise idée, et tu le sais toi aussi, toi et moi, on n'est pas fait pour s’entendre, si on a brisé cette ligne hier soir, c’est pour ne plus jamais la briser à nouveau, non, jamais. Alors que je comptais te répondre, c’est alors que notre preux chevalier blanc arrive sur son étalon pour déployer son drapeau et le planter tout droit sur toi. Je le dévisage doucement en venant jouer avec ma tasse entre les mains, je ne sais pas ce que tout le monde a… Est-ce qu’ils vont tous s’incruster à ma table ou ça se passe comment ? Je n'ai pas bu mon café entièrement, j’ai mal dormi, je suis de mauvaise humeur, ce n'est pas le moment pour venir me faire chier.
Je laisse échapper un soupir nasal quand je vous écoute vous draguer ouvertement, j’y crois à peine, c’est alors qu’Eryna nous ramène son grain de sel pour déposer le drapeau rouge sur Milo. J’ai l’impression d’assister à un tournoi de ping-pong, vous vous renvoyez la balle à tour de rôle, Eryna n’hésite pas à montrer son mécontentement et à sortir les griffes. Je vous regarde silencieusement, pour une fois, je préfère rester sur mon siège, je n'ai pas la foi, ni le courage de participer à cet échange.

On est passé du sujet, dormir ensemble, à boire un coup dehors, c’est clairement le moment où je m’éclipse, j’en ai marre de vous entendre et encore plus, vous écoutez sur des sujets qui ne me concernent pas. Fais ce que tu veux, petit papillon, mais je refuse d’être le pot de fleur sur la table et encore moins la chandelle entre vous, je préfère largement partir tant qu’il est encore temps. Votre discussion est d’une stérilité, elle est lasse, inintéressante, je ne comprends pas ce que je fais au bord de cette table, je me sens presque de trop et je pense qu’Eryna aussi l’a très vite compris, vu les piques qu’elle envoie depuis tout à l’heure.

Je me lève de ma chaise, laisse tout en plan sur la table et m’en vais précipitamment jusqu’à ce qu’Eryna, elle, me remarque partir, vous étiez tellement concentrés dans votre conversation que ni toi, ni notre chevalier, l’avait remarqué. Ce n'est pas grave, j’ai l’habitude, ça à toujours été comme ça, il n'y a pas de raison que ça change maintenant, puis tout ça, ça m’atteint plus, c’est exactement pour cette raison que j’ai bâtit des murs et des boucliers autour de moi. Mes pas sont rapides et je suis un peu à bout de nerf, je prends la porte en entendant les pas de la blondinette qui me suivait comme à son habitude et en quelques secondes, je me retrouve dans le couloir à semer le vautour pour me rendre à la salle d’entraînement, d’un pas décidé.