Quelques jours maintenant que je traînais dans ma ville de naissance, Miami, et je ne pouvais que constater que la ville était plus ou moins gangrainée par toutes sortes d'individus différents. Mais l'essentiel était ailleurs: j'ignorais toujours pourquoi je m'étais éloignée de la misérable prison où ma mère avait été incarcérée pour le meurtre de mon père, sans même la moindre présomption d'innocence. Certes elle avait avoué, mais les juges n'avaient fait aucun cas de son mobile de légitime défense. Alors, pour ainsi dire, je n'avais aucune intention de respecter les règles établies. Le vol, c'était joindre l'utile à l'agréable. Ca me remplissait les poches, mais ça me permettait également de m'amuser un peu. Ah ! Cette tension au moment du geste, ce risque d'être prise en flag alors que mon coeur se mettait à battre la chamade... Quel goût exquis !

Prête pour une nouvelle soirée de non-travail, je me dirigeais lentement en directiondu Bob'z, un bar que j'avais déjà fréquenté, où j'avais déjà volé, mais où je m'étais déjà faite prendre. Cette fois, je n'avais pas l'intention de laisser qui que ce soit me priver d'un peu de fric. Comme la première fois, je pris ma place au fond du bar. Mais contrairement à cette première fois, Jesse n'était pas là. Les yeux avisés de la jeune femme ne pourraient pas me surprendre cette fois-ci, c'était ma chance ! Je commandais ma boisson habituelle, une petite bière, bien maigre pour se taper une cuite et assez pour faire bonne figure dans un tel établissement, et ne pas passer pour une sainte-nitouche ayant peur de l'alcool. Mon regard se porta vers la poche arrière d'un mec en train de jouer au billard, laquelle était remplie de beaux billets n'attendant que moi. Je me levais alors, mon verre dans une main, et je passais furtivement derrière lui, cherchant à me saisir de ces biens. Mais une main s'agrippa rapidement à mon poignet, me le tordit, m'arrachant un gémissement de douleur, avant que je ne prenne son poing dans la figure, m'effondrant au sol. Ce coup, je le sentis bien fort dans ma mâchoire. Ne voulant pas paraître vulnérable, je me relevais instantanément, non sans grogner et en me massant la mâchoire. Je regardai alors mon verre toujours dans ma main, bien qu'il ait perdu une part de son contenu. Je cherchais alors à l'éclater sur la tête de l'homme, en vain...

- Ok, maudit soit ce bar.

A l'instant T, je commençais à chercher un moyen de distraire la brute, mais bien peu d'idées me venaient, et quelque chose me disait que ce type n'avait pas apprécié que j'essaie de lui éclater un verre sur la tête. Décidément, ce bar ne me réussissait pas, j'arrêterais dorénavant d'essayer de voler ici, merde !

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J'avais déjà eu quelques soucis à cause de tous mes vols, mais ce type, il semblait lui manquer une case. Au point que je me pris bien rapidement une droite en pleine face. Mais je me relevais, sa droite m'avait fait mal mais rien n'était apparemment cassé, donc malgré la douleur je lui fis face, et tentai de lui casser mon verre sur la tête en réponse. Encore raté, si ce mec était en couple, il devrait probablement demander des explications à sa moitié, parce qu'il avait clairement une chance de cocu. Quoi que... Il incita ses potes à me saisir. Et il menaça tous les gens autour. Vu son caractère, personne probablement ne l'aimait. Même ses sous-fifres, il devait les contrôler par la peur. Bref, le maître et ses deux chiens me traînèrent dans une ruelle, près du bar. Je tentais bien sûr de me débattre, mais rien n'y fit, leur force physique était bien supérieure à la mienne, et ils étaient trois.

Une fois dans la ruelle, hors de portée de toute civilisation visiblement, je continuais à me débattre. Soudain, une idée me vint. Alors que mes bras et donc mes mains étaient prisonniers de ces deux laquais, mes jambes, elles, ne l'étaient pas. Pourtant, ils semblaient avoir l'habitude de traîner des gens, et ils faisaient une erreur de débutants ! Une erreur que j'allais m'empresser d'exploiter, après tout je voulais m'en tirer, et dieu savait ce dont ils étaient capables, même sans arme. Alors que celui qui menait le groupe et à qui j'avais essayé de dérober ces billets me fit face. Je tentai de projeter mon pied entre ses jambes. Le coup manqua, mais sous la surprise les deux autres me lâchèrent. Je pus donc éviter le coup de tête qu'il me réservait, et satisfaction: Il se télescopa avec son acolyte. Mais je ne m'attardais pas à me moquer d'eux, car le troisième gus tenta de me frapper avec une planche. Cependant, il n'avait pas été très discret, et je me baissai alors qu'il frappa dans le vide une fois, je refis le même mouvement une deuxième fois. J'étais certaine qu'il ne savait pas viser ! Alors que je m'apprêtais à le frapper, je me fis projeter au sol et, bien que ma tête ne cogna pas, je me retrouvai coincée sous son poids. Me débattant, je ne pus que constater que j'étais coincée. J'arrêtai alors de me débattre, il fallait que je respire un peu et bouger ne faisait que m'en empêcher.

- Vas-y, ordure, fais le ! A moins que tu n'aies pas les couilles de le faire toi-même, dans ce cas dis à l'un de tes chiens d'attaque de le faire à ta place !

J'ignorais ce qu'il voulait faire en réalité. Allait-il me frapper ? Allait-il me tuer ? Allait-il me surprendre ? Quoi qu'il en soit, je ne pouvais rien faire de plus. Personne n'avait daigné bouger son gros cul du bar, alors je n'attendais pas d'aide.  

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J'étais résolue. Je m'attendais à reçevoir un coup voire davantage d'un instant à l'autre. Je ne pouvais plus bouger, coincée sous l'emprise de ce taré, dont les acolytes semblaient mettre un peu de temps à se remettre de leurs échecs, bien que leur chef eût pris les choses en main. Selon lui, il fallait que j'assume ? Mais j'assumais ! S'il m'en avait laissé le temps, je n'aurais guère nié. Mais la première chose qu'il avait fait avait été de vouloir me faire mal. Il n'avait clairement pas eu l'intention de discuter. Moi non plus, cela dit. Si j'avais réussi, je me serais barrée sans demander mon reste. Toujours était-il qu'il n'eût pas le temps de finir sa phrase que deux bruits se firent entendre. Aussitôt, il se figea, perdant ce semblant de courage qu'il avait en essayant de me bousiller. Je regardais autour, et je vis ses deux pantins gisant au sol, une balle dans la tête. Ma respiration s'accéléra en même temps que celle de mon agresseur. Je vis ensuite un homme tenir un flingue en direction de la tête de Dennis. Tête qui semblait désormais tétanisée. Soudain, ce fut une voix féminine qui retentit, mais j'étais incapable d'en identifier la langue. Est-européen sans doute, mais jamais je n'aurais su en définir le pays.  Toujours était-il qu'il ne me fallut pas longtemps pour comprendre ce que ça voulait dire, puisque l'homme appuya sur la détente, tirant dans la tête de l'homme au dessus de moi qui s'effondra instantanément, me libérant de sa prise. Moi, j'étais bien pâle, bien que j'eus déjà été confrontée à la mort par le biais de mon père qui avait été tué par ma mère, je n'y étais pas habituée pour autant. Je repris ma respiration, essayant de me remettre de toutes ces émotions. Si je m'étais légèrement redressée, je n'étais pas encore debout pour autant. Les talons de ma sauveuse s'approchaient de moi, et je daignais enfin la regarder, toute tremblante que j'étais. Elle parla en anglais finalement, mais son accent ne laissait aucun doute: Pays d'Europe de l'Est, définitivement. Cela dit, ce n'était qu'un détail, l'important étant qu'elle venait probablement de me sauver la vie. Elle me tendit finalement la main, me demandant si ça allait. Je pris sa main, me relevant grâce à elle bien qu'elle put sentir mes tremblements.

- Merci... Je vais bien, physiquement en tout cas...

Mentalement c'était une toute autre histoire. Bien sûr, cette affaire refaisait sortir en moi le spectre de mon père, un homme qui, tout comme le désormais cadavre à mes pieds, était violent. Mon regard était loin d'être assuré, il était même distant. Je touchais alors mon visage, pour m'assurer que je n'avais pas de sang qui aurait pu gicler de la tête du décédé. Finalement, mes yeuxn se tournèrent vers les siens.

- Merci de m'avoir sauvée, ces hommes étaient...

Je regardais à nouveau le cadavre, fronçant les sourcils, et dans un geste de colère, je donnais un coup de pied dedans, avant de me reconcentrer sur ma sauveuse.

- Désolée, il fallait que ça sorte...

Elle avait des hommes armées à ses côtés, mais qui était-elle ? Qu'importe, elle avait choisi de me sauver alors qu'elle n'en était pas obligée, peut-être attendait-elle quelque chose de moi en retour ? Quoi qu'il en soit, mes questions attendraient, pour l'heure je voulais la remercier pour ça, et des questions, ce ne serait pas l'idéal.

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Je ne connaissais rien de ma sauveuse du jour. Elle qui, en toute logique, aurait pu me laisser dans la merde dans laquelle je m'étais fourrée, ça aurait été mérité, mais aurais-je pu m'attendre à tomber sur un mec aussi violent ? Celui là, il devait être né dans le crime. C'était la différence avec moi, j'avais beau être une délinquante, la mort ne me suivait pas de près, et pourtant aujourd'hui je n'en étais pas passée très loin. Cela pouvait donner à réfléchir: Quelques billets justifiaient-ils de se mettre en danger ainsi ? Après le choc initial, je donnais alors un coup de pied dans la carcasse du regretté -ou pas- individu.  La femme qui venait de me sauver me somma de "ne pas souiller mes chaussures", et en toute sincérité elle avait raison, je n'allais pas perdre de temps supplémentaire avec cet individu, et je savais qu'il fallait vite quitter la ruelle avant que quelqu'un ne s'aperçoive de ce qui venait de se passer. Déjà, je le savais, l'individu avait été vu à mes côtés, donc je serais clairement accusée si quelqu'un venait à découvrir les corps, bien que la femme sembla, en russe, ordonner à son homme de main de s'en débarrasser. Je ne savais pas ce qu'elle lui avait dit, en réalité, mais la réaction du concerné ne laissait guère de doutes. Suivit une injonction à la suivre, je n'étais pas en position de refuser, je la suivis donc jusqu'à sa limousine. Clairement, pour avoir une limousine et des hommes de main, elle devait être quelqu'un d'important... Et pour connaître mon nom, aussi, alors que je ne m'étais pas présentée. Elle devait donc être très bien renseignée.

- Je suis perdue... Pourquoi avoir choisi de me sauver ? Je me suis mise moi-même là dedans, et plus d'une personne aurait laissé ce chien me tuer, la preuve avec ceux qui n'ont rien fait dans ce bar.

Je savais qu'elle n'était pas tenue de se justifier, mais j'aimerais tout de même savoir ce qui avait retenu son attention chez moi. Je n'étais qu'une voleuse sans importance après tout. D'ailleurs, ces derniers jours n'avaient pas été très bénéfiques, depuis que j'étais dans cette ville je tombais sur pas mal de gens assez vigilants, et il n'était pas rare que je me fasse choper. J'allais clairement devoir réviser mes méthodes. Bref, j'avais suivi ma sauveuse, sans me retourner, aucune intention de regarder à nouveau ceux qui avaient failli prendre ma vie, ou à défaut la compliquer. Maintenant je regardais devant moi, en direction de cette limousine. Je ne savais pas ce qui m'attendait, mais j'en étais persuadée: Ce sauvetage ne serait pas gratuit.  J'avançais donc en direction de la limousine, aux côtés de cette personne. Dans le même temps, je me replaçais les cheveux. Décoiffée à cause de la lutte, je sentais qu'il fallait que je sois la plus présentable possible. Ce n'était guère de la vanité, juste du bon sens et de la politesse, car oui je savais aussi être polie... 

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Je devais avoir l'air bien bête. Tout ça pour quelques billets ? J'avais déjà été confrontée à la mort de quelqu'un: mon père. Lui aussi un homme violent, les circonstances étaient étrangement similaires.

J'ignorais ce que cette femme pensait de moi, mais elle devait me prendre pour une faible. Après tout, selon la plupart des gens j'aurais bien cherché ce qui m'était arrivé, non ? Les voleuses, elles devaient se faire apprendre la vie, hm ? Mais quoi qu'il en soit, elle avait choisi de me sauver la vie, et je me demandais pourquoi. Mais elle connaissait mon nom, ce qui m'interloqua encore un peu plus. De toute évidence, elle me surveillait depuis un moment, sinon comment aurait-elle pu savoir ? Plus la conversation passait, plus les questions dans ma tête se bousculaient. Je devais avoir des airs d'enfant naïve, mais j'imaginais qu'elle ne m'aurait pas sauvée ni indiqué de monter dans sa voiture sans intention derrière. Une fois prête, elle me signifia que je n'avais rien à faire dans un tel bar. J'aurais pu être d'accord, mais le fait était que les alcooliques étaient, normalement, des cibles faciles. Mais dans cette ville, rien ne semblait facile. J'envisageais même de repartir d'ici peu, lassée par cette succession d'échecs.

Seulement, ma sauveuse me fit part d'une proposition. Elle ne donna pour l'instant pas plus de détails, attendant probablement que je monte dans la limousine. Je le fis, d'un pas hésitant, mais il était désormais trop tard pour faire demi tour. En fait, il était trop tard depuis que le moustachu avait capté que j'avais essayé de lui dérober ces billets. A croire que toute cette série d'évènements étaient préécrits afin de me conduire dans cette voiture à ce moment précis. Je n'étais pas du genre à croire au destin, mais parfois je me demandait comment les évènements se produisaient. Quoi qu'il en soit, je restais convaincue que cette femme m'avait fait suivre depuis un moment.

- Quel genre de proposition ?

Il serait stupide de ma part de dire oui alors que je ne connaissais aucun détail de sa proposition. Cependant, je craignais que sa proposition comporte une part de risque, mais c'était le cas de chaque vol, on en avait encore eu la preuve ce soir.  Seulement, certains vols étaient plus risqués que d'autres, parfois pour des sommes ridicules, mais souvent le risque en valait la chandelle.  

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Une fois rentrée dans cette voiture, ma sauveuse m'y accompagna. Je laissais derrière moi une ruelle maudite, où mes agresseurs avaient trépassé. Mais au fond, n'avais-je pas mérité ce qui m'était arrivée ? Je devrais, à l'avenir et puisque j'en avais finalement un, repenser ma méthode de "chasse". Choisir mes proies avec plus de soin, cibler des gens qui seraient moins en mesure de me casser la gueule.

Cependant, et malgré mon échec, la femme près de moi évoqua une proposition. Elle ne donna pas plus de détails même lorsque je lui en demandai davantage. Elle précisa qu'elle allait y venir, avant de donner des indications dans un langage que je ne comprenais pas au conducteur de cette voiture de luxe. Un milieu que, sans aucun doute, je n'avais pas l'habitude de côtoyer. Et que je n'aurais jamais pensé côtoyer un jour. Mais j'avais d'autres soucis que de contempler la richesse et la beauté de cette limousine à l'heure actuelle. Je me remettais à peine de mes émotions, je venais de provoquer le mauvais type, mais sans doute ne manquerait-il à personne étant donné son caractère. Mais si les corps étaient retrouvés, je serais sans doute accusée directement. Cela dit, je faisais confiance là dessus à ceux qui m'avaient sauvée, ils avaient l'air très professionnels, et laisser des corps tels quels ne l'était pas. Je n'avais cela dit pas pris le temps de vérifier derrière moi. Encore une fois, d'autres soucis plus importants.

La proposition citée précédemment arriva finalement. Elle commença par déduire. Déduire que j'étais prête à mourir pour quelques misérables billets. Déduire que j'avais besoin d'argent. Il était vrai que pour moi, une centaine de dollars était déjà énorme. J'ignorais combien l'autre abruti portait sur lui, mais ça aurait clairement pu me refaire la soirée. Vint alors la proposition sus citée, et maintenant que j'y pensais j'aurais dû me douter qu'il s'agissait d'une proposition de ce genre: Elle m'offrit de travailler pour elle. Cela me surprit clairement, après tout je venais de foirer mon coup. Mais encore une fois, ma sauveuse fut vague. Après tout, il y avait mille façons de travailler pour elle. Mais le prix était tentant, dix fois plus... Mais ma curiosité fut piquée.

- Qu'attendez vous de moi exactement ?

Je risquais de m'engager dans un milieu très dangereux, mais après tout qu'avais je à perdre ? Personne ne m'attendait le soir quand je rentrais chez moi. Si je volais, c'était à la fois par plaisir et par nécessité, mais cette nécessité était personnelle. Je ne nourrissais personne d'autre que moi. La question de savoir pourquoi elle comptait sur moi alors que j'avais foiré mon coup me traversa à nouveau l'esprit, mais celle ci demeura à l'état de pensée. Et, dans un sens, je le sentais, je savais que cette question n'avait qu'une seule réponse possible: oui. Parce que je lui étais redevable, et qu'une dette se rembourse, je le savais. Donc peut-être que la proposition de salaire n'était que courtoisie. Mais revint le fait qu'elle me connaissait. Peut-être nourrissait elle ce projet depuis longtemps mais pourquoi moi ? Ces questions attendraient.

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